"Urgences" 2e épisode

Publié le 25 Août 2006

14 novembre 1998

 

Lever à fonds les manettes, ce vendredi 6 Novembre : tenaillé depuis des heures par une envie terrible de pisser, je me rue aux toilettes, m'empare de la main gauche du flacon que m'a donné le labo, conserve la main droite pour diriger un raz de marée d'urine qui s'annonce imprévisible.  "N'y mettez pas le premier jet !" m'avait prévenu Serran.  Arriverai-je à couper le circuit pour remplir ensuite mon flacon, me demandai-je.  Ouf ! Ça y est, j'en tiens un échantillon.  Pas de quoi pavoiser ! Un liquide trouble verdâtre stagne dans la petite boite transparente.  Inquiétude puis un peu de honte quand je la remettrai juste derrière une mamie qui venait de tendre un échantillon de liquide translucide.  Pour l'heure, je fourre l'échantillon dans le frigo comme il m'a été demandé.  Il faut que je le remette au labo le plus rapidement possible.

 

"Pour le prélèvement urétral, il faudra revenir demain ; pensez à venir sans avoir uriné !" C'est la meilleure ça ! Jamais entendu parler de prélèvement urétral.  Dommage, on aurait pu tout faire en même temps.  Pas clair, le Serran ! Merde, il nous fout en l'air notre samedi matin.  Brusquement, je réalise que, si je ne me trompe pas sur l'emplacement de 1'urêtre, l'examen en question ne doit pas être des plus agréables, a fortiori avec les envies de pisser que j'ai désormais le matin.  En plus, j'ai aussi la queue qui commence à chauffer à l'usage, l'antibio paraît de plus en plus s'imposer.  Il faudra pourtant encore attendre demain matin.

Ça ne faisait pas loin d'une demi-heure que j'attendais, la vessie hypertrophiée ; des gens a priori arrivés après moi étaient appelés.  J'ai soudain eu envie de me planter au milieu de la salle et de hurler "personne ne bouge, si je ne suis pas immédiatement prélevé, je vous pisse tous dessus".  Une simple réclamation a suffi.

 

Comme j'en avais le mauvais pressentiment, ce fut naturellement une femme qui exécuta ce prélèvement intime. Assez désagréable. Au troisième forage, je demandai de pouvoir respirer. La 4ème foreuse (la plus grosse) était bien la dernière et la plus désagréable.  J'avais gagné le droit de me soigner enfin.

 

A ce propos, ma confiance en Serran a de nouveau faibli.  La prescription inscrite sur l'ordonnance ne correspondait pas à ce qu'il m'avait dit.  J'ai dû insister auprès de la pharmacienne pour qu'elle tourne la page de son Vidal et vérifie la prescription.  "C'est fréquent ! Un problème informatique » (sic !).

 

Le jeudi 12, j'avais oublié le problème : cet antibio avait fait merveille.  J'étais manifestement débarrassé de mon urétrite.  C'est donc le cœur assez léger que je me suis rendu chez le médecin après avoir récupéré mes analyses, bien décidé à ne pas manquer de signaler les deux approximations subies.

 

J'étais en avance, pourtant, la stagiaire accepte de me recevoir dés qu'elle a su que j'étais arrivé.  Ils avaient reçu les analyses ce matin et avaient discuté de mon cas.  Bref, on allait me traiter pour quelque chose de bien plus emmerdant : une prostatite. 3 semaines d'antibio, à la moindre alerte, j'arrête tout et j'appelle Serran.  Ce dernier téléphone même à un urologue devant moi pour consolider son diagnostic.  « Merrrde ! Comment ça se chope ?" Par trois voies.  Serran ne se souvient que de deux, mais de toute façon ça ne change pas grand chose puisque je n'ai pas compris les 2 premières. 

 

 

 

Angoisse autour du diagnostic, du traitement et des causes du problème.  Je ne cesse de penser au cancer de la prostate de Mitterrand.  Nous parlons avec Gabriel de ma future prothèse phallique.  Je vais voir dans le dico la définition de prostatite : "hypertrophie de la prostate..." Effrayant !  Naturopathie ou allopathie ? Pénétration ou abstinence ? Contagion et prévention ?  En parler ou non à papa.  Trouver un médecin gay.

 

Aujourd'hui, je suis léger, léger.  J'ai consulté le médecin pédé de Selim.  A l'écoute de mon récit et à la lecture des examens, il est formel : retour au diagnostic des femmes : infection urinaire.  Ce n'est pas l'antibio qui m'a soigné puisque l'antibiogramme indique que le germe qui s'était multiplié est résistant à l'antibiotique pris.  Très pédagogue et très sympa.  Je l'ai déjà adopté.

 

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #vivre, #les années, #sex

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