La Gay pride a-t-elle encore un sens ?

Publié le 18 Septembre 2006

9/7/3

 

Devenue cette année, la marche des fiertés LGBT, autrement dit - accrochez vous ! – des fiertés Lesbienne, Gai, Bi et Trans, celle qui restera pour nous toujours la gay pride avait pour mot d’ordre un slogan tout aussi indigeste : «homophobie, lesbophobie, transophobie, agissons ! ». c

Si j’ai bien compris, il s’agit désormais d’obtenir du législateur les moyens de poursuivre toute personne tenant des propos homophobes, à l’instar de ce qu’il est possible de faire contre des propos racistes ou antisémites.

Cette étape n’est-elle pas au militantisme homosexuel, ce que l’impérialisme est au capitalisme : son stade suprême[1] ? A ce niveau de protection par le droit, l’histoire de la lutte des homosexuels pour avoir leur place au soleil dans nos sociétés occidentales n’est-elle pas en train de s’achever ?

 

 

Pour nous ramener les pieds sur terre, sans même évoquer le statut de couple de seconde zone que nous a conçu le législateur avec le PACS ou la fin de non recevoir qui nous a été adressée concernant l’homoparentalité, une anecdote.

VSD, qui faisait sa « une » sur les homos à l’occasion de la gay pride, s’est vu refuser son affiche de promotion reproduisant la couverture du numéro, par le distributeur Hachette, en situation de quasi monopole grâce à son réseau Relay.  

 

Diable ! VSD avait-il commis l’imprudence de retenir une photo prise à l’infra-rouge dans une backroom du Dépôt ? Pas du tout, le censeur craignait de choquer avec l’image d’un couple d’hommes nus enlacés. Or, celle-ci était tellement pudique et « arty » que, Christophe et moi avons crû tous deux dans un premier temps qu’il s’agissait d’un couple hétéro

… Je crois bien que je vais retourner marcher un petit peu : « Homophobie, agissons ! »

 

 

 

 

 

Dancing de Bernard et Trividic

 

Après quelques hésitations de ma part, nous étions résolus à ne pas rempiler avec ce duo de « bears » qui se prenaient tant au sérieux dans un Ceci est une pipe. Je fus tout de même saisi d’un doute quand, Géraldine très sérieusement m’a lâché à la terrasse des « voisins » que c’était selon elle un des films les plus étonnants de l’année. Mais lorsque bien longtemps après, Manue et Ousmane, tout deux également au dessus de tout soupçon de parti pris queer, ont abondé dans son sens, nous nous sommes précipités le dimanche suivant pour la projection hebdomadaire de 11h30 au MK2 Hautefeuille.

 

Pour ce qui me concerne, j’ai aimé la formule rituelle d’invitation à la sodomie : « veux tu que je te remette les idées en place ? » et le plan dans la douche où celui qui va se les faire remettre remplace la pomme de douche par un embout particulier.

 

« Car le jeune homme est beau mais le vieillard est grand »

 

 

 

 

 

Ce dimanche là, pour le changer un peu de Bruxelles, j’avais entraîné Gabriel au jardin du Luxembourg. Il n’était pas des plus emballés, - « je ne l’aime pas, y a trop de poussière…» - mais comme nous sortions du MK2 Hauteufeuille – c’était à deux pas -, qu’il faisait un temps estival et que je le tannais pour voir l’exposition de photos accrochée aux grilles, il s’est laissé convaincre. Le Sénat a lancé ces expos en plein air avec la « Terre vue du ciel » de Yann Artus-Bertrand. Actuellement, c’est un photographe iranien, Reza qui expose. Ses clichés en couleur pris un peu partout dans le monde sont magnifiques, mais leur légende raconte des histoires toutes plus pathétiques les unes que les autres. L’une des photos évoque par exemple la triste vie de ce ramasseur de sel sur la mer d’Aral. Il lui faut faire des journées de bagnard pour à grand peine nourrir ses enfants. Au reste, il ne les voit plus qu’endormis tellement il doit partir tôt le matin et rentrer tard le soir. « Que peuvent-ils donc faire toute la journée ? Que peuvent-ils apprendre ? » S’inquiète-t-il. En effet, il n’y a plus d’école, elle a dû fermer, faute de moyens. Il y était instituteur.

 

Reza nous rappelle de manière implacable que «L'Occident est comme le Titanic : (que) les gens y vivent dans le luxe, avec de bons lits, des concerts, des piscines... Mais (que) ce navire navigue dans un océan à feu et à sang. Un océan où les gens vivent dans la misère, dans des maisons détruites, sous les bombes et sous les bottes des soldats envoyés par le Titanic.[2] »

 

Quelques rares photos nous donnent à voir d’autres choses qu’une humanité souffrante, notamment le portrait de ce vieillard dans une république asiatique de l’ex-URSS. Le vieil homme impose instantanément le respect, je le trouve presque beau. L’Occident, écrit le photographe, dans son « jeunisme » contemporain, déconsidère ce que le reste du monde respecte encore par dessus tout après Dieu : ses « anciens ».

 

Peut-être parce que je me rapproche de l’âge d’en être, je n’ai pu m’empêcher de penser que sur ce point nous avions tort et que le reste du monde avait raison « car le jeune homme est beau mais le vieillard est grand ». [3]

 

 

 

 

Party boys de Dirk Shafer (2001)

14/10/3

Image du tapin au comble de la solitude et de la déprime (amour déçu et sensation d’être vide) face à sa glace en train de se branler, l’éjac ne vient pas, il sniffe ses poppers, image de mon « Narcisse ». Mais aussi cette phrase : « avant, il fallait se cacher, la peur suffisait à rendre fort le plaisir, maintenant, pour arriver à la même chose, il faut se gaver de drogues. » Ou encore celle-là : « 90 % des pédés de LA sont des fiotes », autrement dit des passifs à 100% => creuser cette inclinaison à vouloir se faire pénétrer : le rêve plus ou moins avoué – du moins au départ – de « faire la femme » ? Le refus… ou la peur de pénétrer soi-même ?


[1] L’impérialisme, stade suprême du capitalisme – Lénine

[2] Parole du photo-reporter sur le site de l’exposition

[3] Victor Hugo

 

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #homophobie, #politique, #ciné-séries, #culture gay, #les années

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