« Connecting people » avec Sidi Larbi Cherkaoui

Publié le 5 Juillet 2010

 

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 Babel - photo Koen Broos

 

 

 

 

« Je suis un homme, je suis un fils, je suis un chorégraphe, je suis belge, homosexuel. J’ai un tatouage, les yeux bruns, je suis le fils d’un immigré. Je suis Sidi Larbi Cherkaoui. »

 

Citation à l’ouverture du documentaire Rêves de Babel diffusé sur Arte

 

 

De ce portrait de Sidi Larbi Cherkaoui, je suis sorti subjugué par la douceur de ce garçon, par sa lucidité sur ce qui l’a construit, par sa compulsion à aller vers l’autre, vers d’autres cultures, d’autres traditions, pour toujours échanger et partager une expérience, que ce soient avec une troupe de trisomiques (Ook), des moines de Shaolin (Sutra), une danseuse d’Inde du Sud, des polyphonistes de Corse...

 

 

VERBATIM

 

Le père / le frère / la mère

Mon père ne me donnait jamais le sentiment que j’étais à la hauteur, [...] Je n’étais jamais le fils qu’il lui fallait. Mon frère l’était. Il était le frère aîné et donc c’était le vrai fils, et moi j’étais un peu celui qui était venu après. Et puis ma mère en fait, qui d’une certaine manière, parce que j’étais le plus jeune et donc aussi le plus faible, il y avait beaucoup plus d’amour parce qu’elle s’occupait de celui qui était le petit quoi ! Ce triangle, ça a créé mon esprit, ma manière d’être, mes défauts et mes qualités, ils sont tous venus à cause de ça.

 

 

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Le père / la danse / l’homosexualité

Sidi Larbi Cherkaoui commence à danser vers 14-15 ans. Son père voit ça d’un très mauvais œil.

 

[...] C’est pas les bons garçons qui font ça. Une sorte de petit clin d’œil, pour dire, c’est surtout des homosexuels qui font ça, et ça, c’est pas des bons garçons, et il faut pas que tu sois homosexuel, et donc il faut pas danser. 

 

Le vain combat

Je vais vivre ma vie qu’en faisant des études. Je tombe amoureux des garçons et c’est pas bien, parce que c’était pas ce qu’il fallait faire et que c’était pas dans la direction que mes parents voulaient, ni personne à Hoboken (banlieue d’Anvers/Antwerpen)

 

Double peine : homosexuel et arabe

L’homosexualité même ça, a à voir avec comment un aspect de toi peut remettre en question tous les autres aspects. Et parfois, c’était le fait d’être arabe qui remettait en question tout le reste, j’étais le bon étudiant mais j’étais un arabe, donc j’étais peut-être quand même un voleur. Ou le fait, « oui il est sympa et honnête mais il est homosexuel » Donc peut-être ...C’était toujours le fait qu’il y avait un élément en soi qui remettait en question toutes les autres choses, tandis que c’était un élément purement séparé des autres choses et qui n’affectait pas toutes ces autres choses, ce sont les autres qui font que ça l’affecte.

 

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 Sutra -  photo Hugo Glendinning

 

 

Bruce Lee comme modèle

Bruce Lee avait compris qu’une tradition n’est pas quelque chose de cloisonné qu’il pouvait apprendre dans d’autres traditions, il faisait de la danse, de l’escrime, différentes choses qu’il mettait dans son Kung Fu.

 

Aimanté par l’Asie

En Asie j’ai plus l’impression de vivre ma vie, et d’être de là, à regarder, à découvrir et à apprendre à petits pas. Je ne sais pas s’il y a quelque chose dans les ancêtres, Cherkaoui ça veut dire "venant de l’est", c’est là ou le soleil se lève, donc peut-être que..., mais ça peut être beaucoup de chose, l'éducation, les ancêtres, la réalité d’aujourd’hui qui fait qu’en Asie, oui je suis plus libre.

 

Dans Babel (words) qu’il a monté avec son complice Damien Jalet et en collaboration avec le plasticien Anthony Gormley, il met en spectacle la difficulté du vivre ensemble en raison de la multiplicité de nos différences (linguistiques, spirituelles, physiques...), pour mieux révéler, « le lien sous-jacent qui nous unit plus qu’il nous divise », et par là, la nécessité de coexister.

 

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Francis Bacon

 

 

Comme un microcosme de notre humanité cloisonnée, le duo de chorégraphe a réuni sur la scène de la Grande Halle de la Villette « dix-huit artistes venant de treize pays, parlant quinze langues, représentant sept religions et issus de divers milieux » artistiques, qui par leur performance vont rendre caduque la punition infligée aux hommes par Dieu, pour avoir édifié la prétentieuse  Tour de Babel.

 

« Quelle chance que de pouvoir assister à de si belles choses ! », s’est écrié le ravi de service en sortant (votre serviteur). « Oui ; mais ça partait tout de même un peu dans tous les sens», a nuancé Rémi [...]

 

 

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 Brueghel 1563

 

 

P.S. D’un moine de Shaolin, on apprend dans le documentaire que Larbi est végétarien et pratique le yoga.

Thomas, lui aussi, a commencé une initiation au yoga, sans pour autant cesser de faire subir au végétarisme de son enfance de fréquentes entorses.

Elève volontaire, il a acquis le livre du professeur, Yoga-Sutras de Pantanjali dont est tiré cet aphorisme, lequel, sans être le plus abscons, donne une idée de l'essence de la pratique du yoga :

 

I. 12 « L’arrêt des pensées automatiques s’obtient par une pratique intense dans un esprit de lâcher-prise. »

 

 

Lemonde.fr/ Babel (words) fait un tabac

Youtube.com/ Babel (words)

Dailymotion.com/ Pour la sortie de "Myth", recherche de ce qui ferait "style" chez SLC

 

Peauneuve.net/ Babel d'A. G. Inarritu

 

NGT / La danse hip hop, j'kiffe grave

NGT/ "Le vain combat" - nième

 

 

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #danse, #culture gay, #vivre ensemble, #vivre

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