L’(autre) homme de ma vie

Publié le 12 Février 2011

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Gladiateur mourant de Pierre Julien au Musée du Louvre

(Photo Yvan Lemeur)

 

  

Moderat - A New Error, musique du générique de fin de Shahada de Burhan Qurbani

 

  

-   Le titre m’a plu, ai-je dit à ma belle-sœur italienne, l’homme de ma vie !

-   Il me semble que ce n’est pas tout à fait cela, « l’ex homme de ma vie » ou... « l’autre homme de ma vie ».

-   Tu crois ? Oh putain !

 

Le dernier Stephen McCauley que j’ai offert à Gabriel, en lui disant que le titre m’avait plu, s’intitule bien L’ (autre) homme de ma vie. Le graphisme du titre m'avait abusé.

 

Le narrateur, gay, vit « en couple » à Boston. Il passe une bonne partie de son temps libre dans des salles de sports qui tendent à se vider avec la crise financière. Il découvre que Conrad, son compagnon, est de plus en plus retenu dans l’Ohio pour des raisons qui ne sont pas seulement professionnelles, mais « au moins » - c’est sa formule pour positiver- il a aussi un peu Benjamin dans sa vie, un homme marié, père de famille qu’il voit en cachette.

Il approche "le début du troisième acte" de sa vie qui lui semble « de moins en moins attirant à mesure » qu’approche « la fin du deuxième »...

 

« Si l’on y retrouve avec plaisir la fine psychologie et les subtiles réparties de ce maître du comique, « L'(autre) homme de ma vie » témoigne également d’une inflexion nouvelle dans l’œuvre de Mc Cauley, plus grinçante, teintée de mélancolie. » (4ème de couverture)

 

 

Extraits

 

Je n’avais aucune opposition de principe aux ajustements cosmétiques, mais je me sentais abandonné par ceux de mes amis qui avaient bénéficié d’un rafraîchissement chimique ou plastique. Quant aux individus qui choisissaient des formes plus extrêmes de chirurgie, ils me donnaient l’impression d’appartenir à une espèce différente. Je les imaginais sans peine arborant le même faciès - lèvres gonflées, yeux refaits, fronts lisses et figés -, regroupés dans un même chapitre d’un ouvrage d’anthropologie, ou s’apprêtant à monter à bord d’un vaisseau spatial pour retourner sur leur planète d’origine. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de me demander si ces extraterrestres ne s’amusaient pas davantage dans leur espace intergalactique que moi sur la planète « Maturité avancée ». [...]

 

 

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Boston (Mass.) The Institute of Contemporary Art

 

Dans l’ensemble, je tirais davantage de satisfaction de coucher avec des hommes mûrs (ceux qui se donnaient trente-cinq ans et en avaient probablement quarante-cinq) qu’avec les vingt-trente ans, abondants dans une ville universitaire telle que Boston. Entre mon renoncement à la monogamie et ma rencontre avec Ben, j’avais gaspillé un temps considérable à organiser des rendez-vous clandestins lorsque Conrad s’absentait. J’avais découvert avec ahurissement qu’il était bien plus facile d’attirer l’attention d’hommes deux fois plus jeunes que moi (pour une heure ou deux, ce qui n’est pas rien étant donné les ravages causés par les syndrome du déficit chronique de concentration) que d’intéresser ceux nés avant l’arrivée de Reagan à la présidence. Le premier groupe semblait avoir un besoin maladif d’hommes vieillissants qu’ils pouvaient appeler « daddy » ou bien, bien, bizarrement, « coach ». L’Internet leur avait permis d’explorer leurs fantasmes œdipiens en évitant l’embarras d’être vus en public avec un barbon. Il avait fallu que je renonce à me teindre les cheveux et que je porte des caleçons short et des chaussettes noires afin de trouver des partenaires sexuels.

Malheureusement, les vingt-trente ans voulaient qu’on les raccompagne en voiture après l’amour (ayant été choyés par des parents qui les accompagnaient au foot ou à leurs leçons de clarinette) ou insistaient pour qu’on vienne « chez eux », c’est-à-dire le plus souvent une chambre d’étudiant sur le campus. [...]

 

Pendant l’agonie de mon Sam adoré, il y avait eu bien des larmes et des lamentations autour de son lit. Un jour, dans un murmure, il avait dit qu’il quittait simplement la pièce avant le troisième acte. « Tout le monde sait que le dernier acte est souvent le plus faible, et je n’ai donc pas grand regret à le manquer », avait-il ajouté.

On reconnaissait bien là sa générosité, récusant ses regrets et sa tristesse pour réconforter un peu ses amis. Plus j’avançais en âge, plus je reconnaissais la vérité de ses paroles. Je n’avais encore aucune envie de quitter le théâtre, mais le troisième acte me semblait en effet de moins en moins attirant à mesure qu’approchait la fin du deuxième. L’essentiel serait de découvrir la beauté des aspects peu attrayants du vieillissement. [...]

 

Telerama.fr/ L'(autre) homme de ma vie de Stephen McCauley

 

 

NGT / Jeunes de tous les âges

 

 

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Trois jeunes gens de Berlin tiraillés par leur double culture, un Décalogue berlino-musulman poignant et d’une grande beauté[1].

Magistral premier film de Burhan Qurbani.

 

 

Telerama.fr/ Shahada

Arte.tv/fr/ vidéo d'entrevue avec Burhan Qurbani

Toutlecine.com/cinema/Shahada-burhan-qurbani-nouveau-realisateur-engage

 

[1] Va savoir pourquoi, sa réalisation m’a fait penser à Hunger de l’artiste Steve McQueen

 

 

 

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Culture jeune

 

Maxime lâchant un instant sa page Facebook et son casque audio :

 

-         Ça a l’air chiant ce que tu regardes ?

-         Non, pas du tout, c’est bien, lui a répondu Gabriel

-         Ils parlent bizarrement.

-         C’est une adaptation de la "recherche du temps perdu" de Marcel Proust.

-         Marcel Proust ? Ça me dit quelque chose... (sur le ton de son «Ce n’est pas faux...» dixit Gabriel)

-         Il vaut mieux, c’est un des plus grands écrivains français.

 

Ce garçon, au demeurant charmant, est d’une virginité culturelle confondante.

Pas de panique, il lui reste encore quatre mois avant son épreuve anticipée de français de bac.

 

NGT/ Le temps retrouvé

 

 

benoit favre par eddy mottaz

Benoît Favre par Eddy Mottaz    

 

Gros son

 

Le dimanche 30 janvier 2011, salle Pleyel, places de catégorie 1, troisième rang d’orchestre. Les plus chères... et les plus basses : le Los Angeles Philharmonic Orchestra  joua très au-dessus de nos oreilles... Un emplacement avec vue imprenable sous les queues de pie du chef, Gustavo Dudamel et des premiers violons.

 

Les places achetées à Caracas par Mario sont arrivées par la Poste samedi matin, dernier carat. Nous étions les heureux bénéficiaires du cadeau que l’ami de Gabriel destinait à ses parents vivant à Milan et empêchés de venir à Paris.

 

Programme : Une découverte, Slonimsky's Earbox de John Adams ;  la 1ère symphonie de Leonard Bernstein, et une version énergique de la 7e de Beethoven.

 

Une éternité que je n’avais pas écouté une symphonie de Beethoven !

La dernière fois remonte peut-être à l’époque où j’habitais encore chez mes parents, i.e. il y a trente ans.

 

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Valentin de Boulogne dit le Valentin

Concert au bas relief (1628-1630)

 

Beethoven était un des compositeurs favoris de mon père dont il avait acquis en 33 tours toute l’œuvre symphonique, via une collection qu’il s’était constitué, semaine après semaine, et qui devait s’appeler « Grands Musiciens ».

Par la suite, une inclination pour des plaisirs d’oreilles moins sophistiquées et tonitruants, mais aussi l’apprentissage du clavier m’ont davantage porté vers sa musique de chambre, ses merveilleuses sonates pour piano, quatuors à cordes et autres Bagatelles.

 

Tellement de musiques et si peu de temps...

 

 

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #culture gay, #livres, #intergénérationnel, #vivre ensemble, #musique

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