fantasme

Publié le 18 Novembre 2006

 

 

Parenthèse temporelle : extrait du carnet de voyage en Inde du Sud (2001)

 

Jacques, avant de s’installer en Inde, partait régulièrement au bout du monde pour se trouver un jeune et joli copain le temps de ses vacances. Même s’il est toujours resté très discret sur ce point, j’avais compris qu’il avait longtemps accueilli dans son appartement à Montreuil un camerounais par ailleurs probablement clandestin.

 

Peu de temps après son arrivée à Pondichéry, il s’est installé avec un beau garçon Jeyaseelan, devenu depuis un rondouillard homme de 30 ans. Les moyens de Jacques ont considérablement amélioré l’ordinaire de jeune postier à 400 F/mois en lui octroyant aujourd’hui 3000 F par mois pour faire tourner la maisonnée, même si entre eux il ne peut être question d’argent : que Jacques ait le malheur de lui dire qu’il ne reste avec lui que pour son blé, et Jeyaseelan éclate en sanglots ! Lequel Jeyaseelan, raconte à qui veut le croire que Jacques est son père adoptif.

 

En Inde, l’homosexualité n’a pas de droit de cité (Cf Têtu à ce sujet), à un tel point que les autorités ayant pris connaissance de l’avancée du Sida (400-500 000 séropos), ont jugé nécessaire de faire un peu de prévention, un seul hic : l’homosexualité n’est pas signalée comme étant un facteur majeur de risque de contamination (sic). Bien entendu, il en va de même dans les médias.

 

Si dans une petite ville comme Pondi, tout se sait, a fortiori ce qui concerne les relations sexuelles, il semble qu’il y ait une certaine tolérance pourvu que les apparences soient sauves. Jacques n’a eu aucun mal à trouver de quoi tirer un coup dans le parc qui tient lieu de drague principal. Il semble aussi qu’avec un étranger la chose soit plus facile à réaliser. Pas plus tard que la veille de notre arrivée, Jacques a été sollicité à deux reprises dans l’hôtel et il a concrétisé avec un jeune ingénieur agronome de 30 ans rencontré sur la plage (avec sa cinquantaine, c’est pas à Paris qu’il pourrait se permettre ce genre de gâterie).

 

Rencontre furtive avec un partenaire saisi de tremblements d’excitation à force d’avoir attendu ce moment, un homme jeune qui vit coincé dans un village où il travaille, entre ses sœurs à qui il rend visite et ses parents qui ne comprennent pas son célibat et veulent le marier. Quelle vie ! Homosexualité honteuse : Il aurait été « spoilt » par on-ne –sait-qui dans sa jeunesse, ce qui, selon Jacques, n’empêche nullement la chose de lui faire le plus grand effet. 

 

 

 

Attention toutefois au chasseur d’aventure manquant de discernement ! Il peut le payer très cher. Un de ses amis avec qui il apprend le tamil en a fait l’expérience à ses dépens puisqu’il est désormais sous la protection de la police, qui lui a par ailleurs conseillé de déménager, ne serait-ce qu’à 500 m.

Son truc à lui, c’est le jeune bodybuildé. Il drague en invitant les éphèbes du sport à venir boire un verre chez lui puis à regarder des K7 pornos de plus en plus suggestives jusqu’à ce qu’ils se mettent dans un état tel qu’un coup de main puisse être bienvenu.

Jusqu’au jour où l’un de ses poissons musclés est venu accompagné d’un « cousin », tous deux armés d’un silencieux pour le menacer de mort. Il a réussi tout de même à surmonter son effroi en leur proposant de leur verser de l’argent, ce qu’ils ont accepté. Vie dangereuse.

 

 

 

Malentendus virtuels

16/07/2006

 

E-mails et textos ont instauré un nouveau mode de relation : le rapport physique est évité, la voix a disparu, mais l’investissement affectif peut s’avérer maximal. On communique ses émotions à tout bout de champ, dés qu’elles sont ressenties. Ainsi 70 % des SMS ont une tonalité affective. Du coup, si textos et e-mails sont bien l’invention idéale pour les timides, il existe un risque réel que les contacts virtuels deviennent plus essentiels que les rencontres réelles.

 

De plus, la brièveté, l’intensité et la spontanéité peuvent transformer un message en véritable casse-tête pour le destinataire. D’après une étude du Journal of Personality and Social Psychology, un récepteur a 50 % de chances de mal interpréter un e-mail. Les gens pensent que le ton ou l’émotion de leurs messages sont évidents parce qu’ils « entendent » le ton qu’ils ont l’intention d’y mettre quand ils les écrivent, toutefois, sans communication en face à face ou au moins au téléphone, le ton, les précautions et ajustements pour tempérer les propos, manquent terriblement.

 

D’après Libération Ecrans du 1 au 7/7/6

 

PS. Beaux outils de communication pour manifester son désir d’évitement relationnel quand le mail devient le mode de relation exclusif de personnels travaillant à quelques mètres les uns des autres, faisant du même coup chuter la productivité.

 

 

Ils ont peur de vous, car vous aimez la mort autant qu’ils aiment la vie

17/07/2006

 

Après plusieurs mois de préparation au djihad dans une ancienne cimenterie en banlieue du Caire,  trois jeunes égyptiens apprennent de leur Cheik que leur première opération aura lieu le jour même.

 

Le plus heureux d’entre eux était Taha. Il se mit à crier « Dieu soit loué, Dieu est grand. »

Ravi de cette réaction, le cheikh dit en souriant :

 

-          Ainsi a voulu Dieu. Qu’il vous bénisse et accroisse votre foi. C’est à cause de cela que les ennemis de l’islam tremblent. Ils ont peur de vous, car vous aimez la mort autant qu’ils aiment la vie.

 

L’immeuble Yacoubian Alaa El Aswany Actes Sud 2006 (édition originale  2002)

 

 

Idriss aime Hatem

 

Hatem aimait Idriss et leurs liens s’étaient tellement resserrés qu’ils passaient ensemble de longues heures tous les jours. Quand Idriss commença à embrasser Hatem sur le visage et dans le cou et à lui chuchoter « Tu est beau… je t’aime », Hatem ne ressentit ni répugnance ni crainte à son égard ; au contraire, il fut profondément troublé de sentir son corps enveloppé par la chaleur du souffle de son ami. Les échanges de baisers se poursuivirent jusqu’à ce qu’Idriss lui demande un jour d’enlever ses vêtements. Hatem avait alors neuf ans et il se sentit honteux et gêné mais il finit par céder à l’insistance de son ami tellement ému par son corps blanc et doux que pendant l’acte il hoquetait de plaisir tout en chuchotant des mots nubiens incompréhensibles. Malgré son désir et son impétuosité, Idriss pénétra avec douceur et précaution le corps de Hatem en lui demandant de le prévenir s’il ressentait la moindre douleur. Sa façon de procéder fut couronnée de succès au point que lorsque Hatem se rappelle maintenant sa première relation avec Idriss, la sensation étrange et excitante qu’il avait alors éprouvée revient à sa mémoire mais il ne se souvient absolument pas d’avoir eu mal. Après qu’Idriss eut joui, il retourna Hatem vers lui et l’embrassa avec ardeur sur les lèvres puis lui chuchota en le regardant dans les yeux :

 

-          J’ai fait cela parce que je t’aime. Si toi aussi tu m’aimes, ne parle à personne de ce qui est arrivé. Si tu le dis, on te battra, on me battra et ton père me fera sans doute emprisonner ou il me tuera et tu ne me verras plus jamais.

 

L’immeuble Yacoubian Alaa El Aswany Actes Sud 2006 (édition originale  2002)

 

 

 

 

Ethnologie des homosexuels égyptiens

 

De la même façon, les homosexuels, à l’instar des cambrioleurs, des pickpockets et de toutes les communautés de personnes qui se tiennent à l’écart de la loi et des règles sociales, se sont forgés à leur propre usage une langue particulière qui leur permet, au milieu des gens, de se comprendre sans être compris par les autres. Ils appellent les homosexuels passifs « koudiana » et leurs donnent des prénoms féminins sous lesquels ils se connaissent entre eux, comme Soad, Inji, Fatima, etc. Les homosexuels actifs sont baptisés « barghal » et si ce sont des hommes simples et ignorants, « barghal nachef[1] ». Quand à la pratique homosexuelle, elle est surnommée « wasla »[2]. Ils se reconnaissent les uns les autres et ont des échanges secrets par des gestes de mains. Si, en lui serrant la main, l’un d’entre eux appuie sur celle de l’autre et caresse du doigt son poignet, cela signifie qu’il a envie de lui, s’il joint les doigts des deux mains et les agite tout en parlant, cela signifie qu’il propose une « wasla » à son interlocuteur, s’il montre son cœur d’un seul doigt, il veut dire que son compagnon possède son cœur… et ainsi de suite.

 

L’immeuble Yacoubian Alaa El Aswany Actes Sud 2006 (édition originale  2002)

 

 

 

 

 

 

Mr Dever s’est endormi pour toujours

18/08/2006

 

En dévalant comme d’habitude les escaliers, j’ai croisé Mme Dever. Tout sourire, je m’arrêtai comme d’habitude pour faire un brin de causette, c’est alors qu’elle me doucha d’un « Vous savez que mon mari est mort (…) ».

 

Le 27 Juillet au matin, à ses côtés, il s’était endormi pour toujours. « Son cœur a lâché (…) ça faisait quelques temps qu’il se sentait fatigué (…) Il devait faire un examen qu’il repoussait. »

 

Je me suis approché d’elle pour lui offrir mon épaule sur laquelle elle s’est penché avec pudeur.

 

Il allait avoir 84 ans. Un âge où mourir n’a rien de scandaleux… La meilleure des morts non ? Celle qu’on se souhaite… Le plus tard possible bien sûr…

 

Elle a refusé l’offre qui lui a été faite par sa fille et ses neveux de venir passer un moment chez eux : « Je connais une amie qui ensuite n’a jamais pu retourner chez elle… Je m’accroche… Je me force à me faire à manger et puis pour le moment il y a plein de formalités à faire. » D’ailleurs, elle me précise qu’elle n’a pas manqué à son devoir d’arrosage des plantes de Gabriel.

 

Le cœur légèrement serré et les jambes un peu flageolantes, je ressens un peu de ce vide silencieux laissé par celui que la mort emporte et qu’elle doit depuis affronter : « 45 ans de vie commune, ce n’est pas rien… ».

 

Pour l’heure, elle a décliné mon invitation à manger puis ma proposition au téléphone de l’accompagner au cimetière à Brie sur Marne : « mon neveu doit m’y amener ».

 

 

Ce matin, la radio m’apprend la mort à 61 ans de Bernard Rapp d’un cancer du poumon.

 

http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=CAB03007789

 

http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=assiette+anglaise&num_notice=3&total_notices=3

 

Après avoir repris progressivement à Patmos au contact de N., on s’est de nouveau « patché », moi seulement depuis hier (tout de même 5 clopes fumées), aujourd’hui à 18H, j’ai décollé deux fois le patch pour en griller une.

 

La matinée à rechercher sur Internet des infos sur le droit des successions, en particulier sur  la question du testament permettant au pacsé survivant d’hériter et pour finir à rédiger mon testament. J’ai envoyé un mail à Gab pour lui montrer le résultat, que j’ai titré « histoire drôle ».

 

 

 

 

Consolador

22/08/2006

 

Celui qui console, le consolateur : godemiché en espagnol. Godemiché : « gaude mihi » en latin, « réjouis moi ».

 

Bilan du 21/8 à la Bridget Jones

 

Cigarettes : 2.5 : une JPS, une Chestefield légère sans le filtre et une demi Black Death (beurk), TB vu que c’était sans patch, moins bien si je considère que j’étais quasi malade ce jour (légume, plus ou moins à jeun because mal de ventre et légère nausée => le plus souvent allongé), unités d’alcool : 0 (même remarque que pour clopes), branlettes : 2 dont une avec C.

 

28/9/2006

 

Depuis que je mets en ligne des extraits de ce journal, je ne trouve plus le temps d’y écrire. Travail d’illustration (recherche d’images), recherche de liens intéressants, parfois un peu de réécriture, tout cela demande pas mal de temps.

 

Un polo rouge avec des rayures au Tango

02/10/2006

 

Polo rouge à rayures, pas très grand, cheveux courts, châtains clairs, mal rasé, tendance barbe, grands yeux clairs, virevoltant, très vivant, posant bisou sur front de copains. L’ai montré à G.

 

Dernière danse, il m’approche provocant, se tortille très près de moi puis me tourne le dos et fait la même chose à G.

 

Revient vers moi et, tout en dansant, fixe son visage à un cm du mien. Envie furieuse de l’embrasser, mais presque plus excitant de ne pas succomber. Continuons à nous tortiller ainsi. Derrière sa tête, G.

 

Je glisse mes mains sous le polo et le chatouille sous les aisselles, bronche pas : « T’as quel âge ? T’as vu le mien ? – où est le problème ? »

 

Nous quitte en me disant « A bientôt peut-être »

 

« Il m’a foutu une de ces gaules » m’avoue G.

 

 

Presque 5 H, je sors de la boite. Dehors Pucci et Sophie se papouillent. G. tarde à me rejoindre, alors je « fiume » une avant dernière. Le garçon sort seul et désignant le couple : « mecs ? – mec et nana. » Il tord la bouche : « – bi ou hétéro ? Hétéro pur jus, un homme à femmes, un vrai. » Nouvelle grimace, puis sourire : « – A un de ces 4, peut-être ? »

 

G. au petit matin, grosse érection : « je rêvais que tu me trompais avec le polo rouge, alors j’ai négocié de le partager. »

 

 

PS.

Les du Tango : cool pour les viocs comme nous, l’ambiance sympa sans façons, les Madison, un moment collectif toujours stimulant

 

Les    du lieu    : musique nullissime, plus kitsch tu meurs (accordéon, Sheila, Claude François...) et pas forcément très dansant, quand on pense le fond « dance » existant, impardonnable.

 

Ce qui rendra la soirée mémorable : le garçon au polo rouge...

 

 

 

[1] nachef : sec, rude

[2] joint, jointure, raccord, rallonge, embout

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #touriste, #culture gay, #homophobie, #technoscience, #livres, #sex, #addiction, #Fantasme, #vivre

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