italie

Publié le 13 Octobre 2011

 

 

 

Photo : Tony Patrioli Mediterraneo

 

 

 
Dalida Bambino (1957)

 

Printemps 1997 - Rome. Dans une trattoria du Trastevere.

 

« Ce soir,  il y a de l’osso buco », dit la patronne en ordonnant de s'asseoir là, sur cette grande table bordant le mur du fond de la salle à manger.

« Avete vino ? » « Vino della casa. Rosso ». Le ton dissuada de vérifier s’il était possible d’élargir cette offre soviétique.

Un groupe s’installait sur la longue table nous faisant face sur le mur opposé. Soudain, Gabriel me dit : «Chut ! Ecoute ! Je connais cette voix.». (...) « Nanni Moretti !»

On n’en revenait pas d’avoir choisi par hasard la même cantine que le seul cinéaste italien contemporain dont nous pouvions spontanément citer le nom et dont le dernier film Journal intime (Caro Diario), nous avait tant réjouis.

 

« Ah non, la honte, m’a dit Gabriel, si tu lui demandes un autographe ou que tu fais une photo de lui, je m’en vais! » Je n’eus pas le temps d’insister juste pour le faire bisquer, qu’un couple de français et leurs deux enfants furent installés à notre table.

Charmants ! A défaut d’aller solliciter le maître entouré de ses disciples, nous fîmes à tour de rôle à nos compagnons de table ébahis, l’apologie du film de Moretti.

 

 

 

 

 

Si l’on considère le poids du Vatican sur la vie en Italie en général et sur les affaires romaines en particulier, Nanni Moretti, le politique, l’athée ne pouvait pas ne pas réaliser un film sur "le Saint des Saints" de l’Eglise catholique. Mais comme il le dit lui-même, les histoires linéaires ne sont pas les plus intéressantes, alors, à 58 ans, il nous parle aussi d’autres choses : Habemus papam, habemus filmum.

 

 

 

Photo : Tony Patrioli Mediterraneo

 

 

L’errance de son cardinal un brin falot, terrorisé à l’idée de devoir devenir Pape, lui fait rencontrer des acteurs de La mouette, de Tchekhov, écrivain des illusions perdues, de la vie envolée...

 

Sorine

Je vais proposer à Kostia un sujet de nouvelle : l’homme qui voulait. Dans ma jeunesse je voulais devenir écrivain et je ne le suis pas devenu ; je voulais être éloquent, et j’ai toujours parlé très mal. (Il s’imite :) « Et  voilà tout, et ainsi de suite, comment dire... » Il m’arrivait de suer sang et eau avant de pondre une conclusion. Je voulais me marier, et je ne suis pas marié. Je voulais toujours habiter la ville, et je finis mes jours à la campagne. Et voilà tout.

 

Dorn

Je voulais devenir conseiller d’Etat, et je le suis devenu.

 

Sorine, en riant.

Ça, je ne l’ai pas cherché. C’est arrivé tout seul.

 

Dorn

Se plaindre de la vie à soixante-deux ans ! Avouez que ce n’est pas généreux !

 

Sorine

Que vous êtes entêté ! Comprenez donc, je voudrais vivre.

 

Dorn

C’est de la légèreté d’esprit. D’après les lois de la nature, toute vie doit avoir une fin.

 

Sorine

Raisonnement d’homme blasé. Vous êtes rassasié, alors la vie vous laisse indifférent, tout vous est égal. Pourtant, vous aussi, vous aurez peur de mourir.

 

Dorn

La crainte de la mort est une crainte animale. Il faut la surmonter. N’ont une peur consciente de la mort que ceux qui croient à la vie éternelle et que leurs péchés terrorisent. Mais vous, premièrement vous ne croyez pas, et deuxièmement, quels péchés avez-vous commis ? Vous avez servi dans la magistrature pendant vingt-cinq ans, voilà tout. [...]

 

Sorine : frère de Mme Trepleva

Dorn : médecin

 

 

 

 

 

Telerama.fr/ Habemus papam par Jacques Morice

 

 

 

 

 
 
 

 

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #Italie, #ciné-séries, #livres, #touriste

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