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Publié le 14 Novembre 2016

David de Michel-Ange détail, Florence 1501-1504

David de Michel-Ange détail, Florence 1501-1504

Mickey 3d "Sebolavy"

Il faut bien dire que les Américains ont le culte des héros, et qu’ils les choisissent toujours parmi les classes criminelles.

Oscar Wilde

J’aurais pu vous parler...

J’aurais pu vous parler de mon père qui « ne comprend plus grand chose » avec ce nouveau stade de la maladie qui l’anéantit, de ma mère qui l’accompagne, vaille que vaille, et qui a rajouté un peu partout aux photos de ceux qu’elle aime dont elle couvre les murs, celles de mon père et d’elle plus jeunes : « j’essaie ainsi de ne pas oublier ce qu’il était et que nous avons été un couple heureux. » J’aurais pu aussi commenter la guerre au Proche-Orient, qui aurait fait en Syrie déjà 300 000 morts, de l’offensive contre Daech dans ses fiefs, de la dérive dictatoriale d’Erdoğan, des démocraties malades, de l’élection de l’ignoble Trump. J’aurais pu également évoquer la misère du monde qui continue d’affluer dans le nord-est parisien, du bidonville de 4000 migrants au bas de chez nous qui s’était formé avant une énième « évacuation ». Les sujets plombants se bousculent, mais comme dit ma mère en citant un curé à qui je dois un beau voyage dans mes jeunes années sur les traces de Saint François d’Assise : «Oui le monde est moche, surtout si l’on braque la caméra sur le tas d’ordures. »

Je vous propose par conséquent de porter notre regard sur un sujet résolument gai et pourtant encore jamais abordé ici, disons dans une perspective esthétique et scientifique, voire même internationale, car comme disait mon père : « C’est la quiquette qui mène le monde ».

Sous la ceinture

"Une nana ne dira jamais qu’un mec a un beau sexe, elle dira qu’il a un beau cul."

Va savoir comment m’est venu l’idée de raconter devant l’assemblée qui prenait l’apéro sous un soleil quasi estival sur la terrasse en Ardèche, le cri d’horreur poussée par une lesbienne quand Goran avait tombé le slip sur une plage naturiste du lac de Ste Croix : « Je savais que c’était laid, mais alors à ce point !» Mon frère Pascal de rebondir : « C’est vrai. Une nana ne dira jamais qu’un mec a un beau sexe, elle dira qu’il a un beau cul. » Scandalisé par sa résignation face à un tel dénigrement, j’ai réfuté lâchement : «j’imagine que ce qu’elle peut en dire dépend du contexte. » En effet, bien que je me souvinsse d’avoir entendu des filles de mon entourage tenir peu ou prou le même discours, je renonçai à rebondir avec « l’envie de pénis » freudien des filles, trop soucieux que j’étais de savourer sans heurt mon verre d’Apremont.

… N’importe quoi ! Pour vous faire une idée de ce qu’il reste de la beauté d’un homme nu sans sexe, allez donc le faire disparaître avec un logiciel de retouche, vous allez voir comme il n’est pas un attribut indispensable de sa beauté !

Sous la ceinture

Un Poyo Rojo avec Luciano Rosso & Alfonso Barón Dirección: Hermes Gaido

La plupart des gars aiment leur sexe (qui leur rend bien)

Le raz de marée ininterrompu d’autoportraits plus ou moins serrés sur des bijoux de famille au repos ou en gloire en provenance de tous les coins du monde qu’on trouve désormais sur la toile, me conforte dans l’idée que la plupart des gars aiment leur sexe (qui leur rend bien) et qu’ils ne le trouvent pas laid, bien au contraire, puisqu’ils l’exhibent.

Faut-il aussi relever l’intérêt en général plutôt vif des pédés pour d’autres parties génitales masculines que les leurs ? Si vous avez un doute, venez donc faire un tour dans les douches d’un club de fitness, certains matent avec un culot ! Celles de Jérémy mises à nue, ne dépareillent pas avec l’ensemble de son corps bien fait. Jérémy ? C’est un petit gars bien plus jeune que moi avec qui je fais connaissance depuis qu’il m’a fait la bise pour me dire bonjour. L’autre fois, je le rejoins dans les douches des femmes (les vestiaires H/F avaient été intervertis ), et là surprise : aucune séparation, des douches collectives comme avant ! La contre-révolution n’avait donc eu lieu que dans les douches des hommes. De là à conclure qu’on la doive à des mecs hétéros qui ne supportaient plus ces regards insistants sur leur seringue à moustache...

Ramrod Leathermania

Ramrod Leathermania

« La beauté n'est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes... »

Avant d’accéder aux vestiaires des clubs de sport, bien avant Internet, grâce à Pierre Perret et son hit « le zizi », j'ai appris à l'âge de 12 ans que la variété était de mise avec une même base commune : « le p’tit chose et les deux orphelines ». Dès lors, il est permis de se demander si l’on peut porter un jugement esthétique sur le sexe masculin. En 1790, dans sa Critique de la façon de juger, le philosophe Kant a réglé la question d’une phrase (1790) : « La beauté n'est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l'esprit qui la contemple et chaque esprit perçoit une beauté différente.»

Faune Barberini, Glyptothèque de Munich, époque hellénistique

Faune Barberini, Glyptothèque de Munich, époque hellénistique

Le sexe enfantin des héros grecs vs faunes, satyres et silènes plus ou moins ithyphalliques

Les grecs de l’Antiquité ont les premiers célébré la beauté masculine par des représentations de corps nus aux belles proportions équilibrées mais avec des attributs masculins au repos étrangement petits. Cette miniaturisation fait figure d’exception au sein d’un « Canon » obsédé par le respect des proportions définissant la beauté idéale. Elle ne doit rien aux passions pédérastiques pour les adolescents encore imberbes qui prévalaient dans cette civilisation, il s’agit d’une représentation morale : le sujet vertueux offre au regard des autres un petit pénis en état flaccide, il invite ainsi à la modération qu’il exalte, et non à la luxure. Dans l’Antiquité grecque puis romaine, la représentation de phallus adultes en érection, y compris dans des formats chevalins, est également courante au travers des figures de faunes, satyres et de silènes plus ou moins ithyphalliques évoquant instincts animaux et stupre, mais aussi de Priape, lui davantage associé à la fertilité.

Brasero tripode aux satyres ithyphalliques - Pompéi, complexe Julia Félix - 1er siècle

Brasero tripode aux satyres ithyphalliques - Pompéi, complexe Julia Félix - 1er siècle

"De l’asymétrie des valseuses"

Pour finir, je profite que nous nous trouvons les yeux baissés au-dessous de la ceinture pour vous demander si vous aviez remarqué « l’asymétrie des valseuses » ? « Bien souvent, m’apprend Pierre Barthélémy dans un billet « Science & médecine » du quotidien Le Monde, une valseuse danse plus haut ou est plus grosse que l’autre », contrevenant à la merveilleuse symétrie du corps humain.

Vous pouvez toujours vérifier devant une glace, cependant un esprit scientifique s’astreindra à multiplier ses observations de testicules. Pour ma part, je confesse que ça m’avait complètement échappé, malgré une période, hélas bien révolue, où j’ai eu une fréquente proximité avec le sujet. Ça n’avait bien sûr pas échappé aux artistes grecs de l’Antiquité, ni à ce passionné de plastique masculine qu’était l’historien et archéologue Johann Joachim Winckelmann : « Les parties naturelles ont aussi leurs beautés particulières dans les figures antiques. Parmi les testicules, le gauche est toujours plus gros que le droit, ainsi qu’on l’a remarqué dans la nature. » (Histoire de l’art de l’Antiquité – 1764).

Statue romaine avec la tête de Marcellus (1er siècle d'après statue grecque du 5e siècle avant JC) musée du Louvre Paris

Statue romaine avec la tête de Marcellus (1er siècle d'après statue grecque du 5e siècle avant JC) musée du Louvre Paris

En 1976, un médecin britannique, Chris MacManus a confirmé dans un article de la revue Nature la véracité des observations de Winckelmann après une harassante vérification dans les musées italiens : « les sculpteurs de l’Antiquité plaçaient le testicule droit plus haut » et « taillaient le gauche plus bas et plus volumineux », conformément à la loi de l'attraction universelle. Mais, ce n’est pas tout car il a aussi déniché une étude hongkongaise publiée en 1960 dans le Journal of Anatomy, ayant consisté à examiner consciencieusement les gonades de plus de 500 hommes vivants et à peser celles de 100 hommes morts, qui concluait qu’il était probable que «l’asymétrie des génitoires soit due à l’asymétrie de la musculature du corps, qui accompagne la latéralisation. La bourse ne se comporte pas comme un sac de patates où le plus lourd contenant tombe au fond mais comme une montgolfière : la plus gonflée est la plus haute. »

Où ça peut se nicher la science ! J’adore.

 

P.S. A 51 ans, Winckelmann, homosexuel notoire, fut assassiné dans sa chambre à Trieste. Selon Dominique Fernandez, dans son livre « l’amour qui ose dire son nom – art et homosexualité », son assassin était un gigolo au visage grêlé, sur l’article de Wikipédia, le crime crapuleux reste l’hypothèse la plus probable.

Quand on regarde un paysage, on ne regarde pas un élément. On regarde l’ensemble et on le ressent.

Ohad Naharin "Let’s dance" d’Olivier Lemaire sur Arte TV

"Chéries-Chéris" 22e festival du film LGBTQ+ de Paris Du 15 au 22 novembre 2016

Valse n° 9 de Chopin en cours de déchiffrage, mais aussi l'assurance de me dégripper le cerveau avec ceci :

Partita no.1 en sib majeur, BWV 825b : Gigue

Sous la ceinture

Conquis par Emmanuel Macron (découvert grâce à ma mère, fidèle abonnée de Médiapart)

ANNE ROUMANOFF - Le président "pas de bol"

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #culture gay, #mâlitude,, #XX, #sex, #politique, #spectacle

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