touriste - LES NOTES GAY de Thomas

Gaydar versus GPS

Publié le 4 Septembre 2011

We two boys David Hockney 1961

Tours, marché dans la cité, quelques courses avec Armand, 7 ans, un neveu de Gabriel, un arrêt pour finir chez le fleuriste, histoire d’offrir un bouquet à ma belle-mère.

« J’aime bien les p’tits couples comme vous, vint nous dire l’acolyte du fleuriste, dîtes au gamin d’aller choisir une rose ! »

Armand a pris la rose pour sa mère et nous avons fait des efforts pour rester aimables. C’est toujours chiant de se voir percer en quelques secondes. J’ai demandé à mon compagnon :

- Je ne t’ai pas dit « Mamour » ?

- Pas plus qu’il ne m’a échappé un seul « Bibi » ?

- Négatif. Rassure-moi ! Je n’ai pas des plumes dans le cul ?

- Ni moi du foutre séché sur la gueule? [...]

On a beau connaître le gaydar des homos, on préfère quand c’est le nôtre qui est en service.

Ceci dit, les pédés ne sauront peut-être bientôt plus s’en servir. Le progrès, Messieurs, Dames ! La faute aux applications Iphone qui, grâce aux coordonnées G.P.S.des différents connectés d’un réseau, vous les localisent très précisément.

D’après ce qu’a raconté le copain homo d’Irina (la petite trentaine), c’est redoutablement efficace pour un coup et jusqu’à nouvel ordre inutile pour trouver « l’âme sœur » qu’il dit rechercher désespérément.

« C’est quoi son trip, ai-je demandé à Irina, parce que si c’est plus jeune que lui ou l’homme marié à dominante hétéro qui le fait bander, il lui faut seulement changer de cible».

Trip par Jean Lecointre

Piété

J’ai beau nous sentir tout à fait européens en terre lusophone. Une chose au moins nous distingue profondément des portugais : iriez-vous confier votre argent à la Banque du Saint Esprit ?

Moi, jamais. J’aurais trop peur qu’il se volatilise.

Gabriel est moins catégorique : une affaire qui roule depuis plus de 2000 ans serait pour lui plutôt rassurante.

Organes

J’avais à peine posé mes bagages que ma mère me demanda si ça me tentait d’aller écouter le soir même un chœur professionnel, paraît-il excellent, au festival de L.. A 30 euros le siège d’église, il y avait encore de la place.

On allait écouter Chanticleer, un ensemble vocal de San Francisco. Douze garçons dont trois altos et trois sopranos (?).

San Francisco, des pupitres féminins interprétés par hommes (quand on connaît la pénurie structurelle de pupitres hommes dans les chœurs !), on était en présence d’un faisceau d’indices concordants pour que Chantecleer soit un groupe de copines.

« Anyway ! » La musique n’a pas de sexe. Nos douze apôtres de la musique ont présenté un programme bien estival, aussi éclectique que pointu, autour de l’amour («Love story »), de madrigaux à des pièces contemporaines, dont un poème de Walt Whitman « We two boys together clinging » mis en musique par Steven Sametz

Du grand art ! A vous donner envie de réintégrer un chœur.

Photo Karl Heinz Weinberger

L’état de félicité

Les gens heureux me font CHIER [Reiser]

Si les gens heureux n'ont pas d'histoire, ils feraient bien de ne pas nous la raconter.

[Paul-jean Toulet]

Si on ne voulait qu'être heureux, cela serait bientôt fait. Mais on veut être plus heureux que les autres, et cela est presque toujours difficile parce que nous croyons les autres plus heureux qu'ils ne sont. [Montesquieu « Mes pensées »]

Au sommet de la falaise d’Almada, un grand verre de Dao, une bossa de Stan Getz et Joao Gilberto doucettement rythmée pour se remplir les yeux de Lisbonne sur l’autre rive du Tage.

Très exclusif ! Nous sommes seuls. Enfin, nous l’étions, car quelques zombies en goguette s’approchent déjà. Dure vie que celle de « trend-setters » !

Bientôt une tranche de thon frais accompagné d’un chutney de gingembre et « sa purée maison » apportées par un garçon sensible, laisseront place à une sieste à l’ombre bienfaisante d’un arbre du jardin botanique de la Casa da Cerca, belle demeure du XVIII^e surplombant le Tage et accueillant des expositions d’art contemporain.