Publié le 28 Août 2006

30/8/00

Vexation 

 

 

J’avais déjà poussé Gabriel l’été dernier à faire une séance photo de nus. Mon argument imparable pour le convaincre avait alors été « faisons le avant qu’il ne soit définitivement trop tard ». Je le pense profondément mais je crois aussi que ce jeu m’excite d’autant que nous pourrions être surpris comme deux gosses en train de faire des bêtises. C’était l’été dernier dans le coin favori de Gabriel dans les gorges de la Beaume en Ardèche.

Le résultat est affligeant. Rien à voir avec la photo qu’avait pris de moi Alain alors que nous étions au Portugal au bord d’une retenue d’eau. Mais cela remonte bien à une dizaine d’année. J’ai mis l’échec sur le compte du soleil qui était à son zénith et qui ne POUVAIT  fournir le doux éclairage adéquat.

Un an plus tard, de retour d’une virée au soleil sur le Rhin entre St Goar et Rüdesheim. Après une douche, nos deux nudités m’incitent à la récidive, d’abord dans une pose de fausse surprise dans le décor très kitch de notre chambre du Jager Haüs, puis, zoom 38-110 oblige, deux gros plan sans ambiguïté de nos membres. Je viens de récupérer les épreuves à Fnac service. Pas mal pour Gabriel. De mon côté, grosse vexation : le service qualité a collé sur mon sexe l’étiquette « Non facturé ». Ahhhhhhhh

 

 

La fin d'un fantasme

En sortant du MK2 Gambetta, je suis entré dans le Père Lachaise qui est juste à côté. Le ciel, si bleu tout à l’heure, avait pris des allures d’enterrement en Automne. Dans le fracas des tronçonneuses, on décapitait les arbres.

 

Raccord de décor réussi avec « la vierge des tueurs » de Barbet Schroeder qui venait de m’émouvoir au plus haut point. J’ai alors songé à Cédric avec qui j’étais venu faire un tour dans ce cimetière, un dimanche glacial de novembre 1993 (merci l’album photo !). La nuit précédente, nous avions partagé le canapé lit de mon studio rue Vicq d’Azir et j’avais très mal dormi. Le beau jeune homme de la campagne n’avait pas esquissé l’ombre d’un rapprochement. Je lui avais dit pourquoi j’avais mal dormi et il avait démenti toute tendance homo. J’étais très déçu, un brin sceptique mais c’était la fin d’un fantasme, la fin d’une possibilité. Ce dimanche là, nous marchions souvent en silence, ce qui n’était pas dans notre habitude. Même si notre relation avait été platonique, l’humeur de cette promenade avait des allures de rupture. J’étais vraiment prêt à tomber amoureux de Gabriel.

 

Hypocondrie

 

Gabriel est rentré secoué de la visite que nous avons faite à son vieux pote Xavier. Il vient de subir successivement : une péritonite monstrueusement douloureuse, l’annonce qu’il avait un foie presque cirrhosé qui lui interdisait impérativement toute prise d’alcool, une pneumopathie, une angine, deux phlébites dont il n’est pas encore sorti puisqu’il avait encore au moins 38 ° de fièvre. Malgré cela, il continue à fumer comme une cheminée, il a 39 ans. Depuis, « my love » envisage sérieusement un check-up, ce qui a l’art de me faire flipper « contente toi à 36 ans de mettre la pédale douce sur les clopes, l’alcool en général et en soirée en particulier ! ».

 

Il s’est ouvert de cette angoisse à Clara une de ses collègues, qui lui a dit que côté hypocondrie, il était battu par sa sœur qui a commencé très tôt : quand adolescente, ses tétons avaient commencé à se durcir, elle avait immédiatement pensé au cancer du sein…

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #Fantasme, #culture gay, #ciné-séries, #vivre

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