Publié le 18 Octobre 2006

 

18/3/5

Dans les saunas, Alain doit se battre pour enculer des mecs avec des préservatifs. La majorité des passifs veut se faire défoncer la rondelle à cru (bareback).

Après Goran et Fernando qui regrettaient l’ambiance conviviale de ces lieux à leur arrivée en France au début des années 80, Alain s’est aussi plaint qu’après la baise, on s’y ignorait et que l’on ne s’y parlait plus.

 

 

Petits aphorismes politiques

15/4/5

Tango rétro

Le « politique » recule, les religions avancent.


L’ordre naturel du monde

Des riches de plus en plus riches, des pauvres, de plus en plus pauvres,

Une multitude d’opprimés, quelques puissants.

Ainsi soit-il.


L’espoir rance

Tu désespères de mieux vivre ici et maintenant ?

Rejoins nous !

Dieu t’aime.

La mort soulagera tes peines,

Auprès de Dieu, nulle souffrance.


Identité bon marché

Qui es-tu ?

Juif, chrétien, musulman ?

Choisis ton camp !


Restauration

L’État Providence est mort,

Vive le marché !

Vive les communautés !

 

 

 

Mon short de sport

26/4/5

Pour la 2e fois, je suis allé au Club Med Gym à Nation pour rien. La première fois, j’avais oublié mon short. Cette fois-ci, à la place du short, j’ai tiré du sac un slip bleu marine.

Il va peut-être me falloir changer de short s’il ressemble à mon slip. A mon âge, c’est ridicule.

 

 

Défiguré

28/4/5

 

-         La honte ! Je suis défiguré.

-         Qu’est-ce que t’as ? J’vois rien

-         J’ai chopé un affreux bouton sur le cul.

 

 

Jalouse

6/5/5

 

Partis pour un long week-end en Transylvanie, nous fîmes halte à Sinaïa, dans un restaurant à proximité du château Pélès. Jan mais surtout Denissa qui rencontrait pour la première fois un couple gay au long cours, étaient très curieux de notre histoire et nous questionnèrent longuement. Après ma très romantique formule d’amour « caisse d’épargne », Jan aborda la question de la jalousie au sein du couple. Je crois que Gabriel et moi-même avons évoqué la confiance que nous avions l’un pour l’autre, le choix commun de ne pas être un couple « Sartrien » notamment du fait de mon impossibilité d’envisager le « safe sex », notre rassurante vie hors ghetto, la difficulté de Gabriel à mentir etc. Bref, la jalousie ne paraissait pas nous tarauder, ce qui a conduit légitimement Jan à nous demander si la jalousie n’était inhérente à l’amour.

Il avait raison au moins pour ce qui était d’Eros et il a fallu être moins théorique : J’ai raconté mon sentiment inquiet sur la rencontre de Gab et Jan en Pologne. En disant cela, je confirmai à Jan l’effet qu’il avait fait sur Gabriel. Même si aucun parmi nous ne l’a relevé, lui toujours très (trop ?) « self-control »  a alors rougi. A son tour, il a dit que M. son amant avait connu les mêmes inquiétudes, ce qui confirmait à Gab l’effet qu’il avait produit sur Jan.


Le lendemain, l’après-midi à Sibiu, Jan a de nouveau évoqué la jalousie dans le couple et le soir, comme nous sortions faire une petite trotte digestive après le dîner dans notre hôtel, l’imposant Imparatul Romanilor, il a dû nous être de nouveau demandé où nous en étions de l’idylle après toutes ces années, puisque je m’entends encore dire : « la tendresse, non ? » sans que Gabriel ne trouve rien à rajouter à cela.


Mercredi soir, en sortant de l’Atheneum de Bucarest où nous avons assisté à un récital de musique de chambre de Georges Enescu donné par des élèves, attablés dans le délicieux restaurant attenant, Denissa nous dit pourquoi il fallait toujours se regarder dans les yeux  lorsque l’on trinque (« no roc ») : « sinon, c’est 7 ans sans sexe. » J’ai demandé si c’était  rétroactif.


Jeudi matin, je laissai Gabriel dans le grand appartement de Jan. Il rentrera samedi matin. Désignant les vêtements entassés de Gabriel sur le canapé, j’ai plaint Jan à qui on avait pris la chambre. Gab a alors dit qu’il lui proposerait de réintégrer ce soir son grand lit. « Avec toi dedans ? » Ai-je pensé.

Jeudi soir à 21H, Gabriel m’appela pour vérifier que je n’avais pas été enlevé par un faux taxi (depuis le balcon du 9e, il a vu planter longtemps un taxi). Oubliant le décalage d’une heure en faveur de Paris, je lui demandai :


-         Vous avez dîné ?

-         Oui.

-         Dehors ?

-         Non, à l’appart.

-         Qu’est-ce que vous allez faire ?

-         Aller nous coucher.

-         Il est tôt non ?

-         On va peut-être regarder les élections en Grande-Bretagne.

-         Ah oui, Blair remet en jeu son mandat.

-         Oui

-         Bon, ben sois sage, hein ?

-         Tu as trop d’imagination.

-         Non, c’est plutôt que je n’en ai aucune.

 

 

 

 

Je revois alors les hanches et le bas-ventre nus que Jan nous a montré à plusieurs reprises. Je le revois sexy dans son tee-shirt et son shorty en coton gris et je m’interroge sur l’inhumanité de la fidélité. J ’imagine leur premiers pas vers la transgression. Je les vois se connaître. Je pense aussi au couple bien assorti qu’ils pourraient faire sur le plan du travail et du mode de vie… Et j’ai peur de perdre ma « perle rare ».

 

 

 

Sonnet à E.L.

Pour celui qui reste sensible

A l’aimant d’un galbe, à son feu,

La fidélité est un jeu

Terrible

Je vous aime mais j’ai des yeux,

J’ai des mains qui sont une cible

Où viennent frapper de possibles

Enjeux

Je vais, je voudrais être aveugle

Tant la beauté dans les rues beugle

Ce soir.

Mais votre image accourt, me sauve,

Et je reprends dans vos yeux fauves

L’espoir.


Edgard L. a 17 ans, Jean Sénac en a dix de plus.

Jean Sénac Journal Alger janvier-juillet 1954 Editions Novetlé

Évocation de la vie du poète algérois dans le Soleil assassiné d’Abdelkrim Bahloul

 

 

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