Bastien Pons

Avec son entretien du lendemain, Rachel préférait aller à l’hôtel. On dînerait ensemble dans un restau du coin. La musique à donf dans mon nouveau casque, je m’enfilai dans les ruelles de la Buttes-aux-Cailles. Planté ! « C’est de l’autre côté de la place d’Italie (...) » me dit un agent immobilier. Enfin, j’aperçus l’enseigne du Jack's Hôtel.

Gabriel m’avait devancé : « Rachel arrive, elle descend. »

Une photo de Jean Genet m’attira jusqu’au livre d’or de l’hôtel : quelques personnalités gays que je connaissais, avaient séjourné ici.

« Sais-tu Rachel que tu vas dormir dans un lieu de pèlerinage de pédés ? » (...)

Malgré le décalage horaire, comme toujours, notre pasteure fraichement divorcée, débordait d’énergie.

Au restau, en se pourléchant les babines, elle a commandé du foie gras en entrée, qu’elle adore mais qu'il est de plus en plus difficile de manger en Californie.

http://www.pierregonnord.com/ (idem pour la photo ci-après)

Elle a évoqué le chômage terrible qui toucherait ¼ de la population, la droitisation des opinions et la misère de la politique qui veut qu’aujourd’hui un Obama essayant de faire voter une mesure un temps proposée par Reagan, le fait passer par ses détracteurs, pour un sous-marin socialo-communiste.

Après avoir montré avec la joie d’une gamine ses nouveaux sourcils qu’elle s’est fait tatouer, elle raconte aussi la xénophobie grandissante et son instrumentalisation par les politiciens populistes, pour aussitôt se moquer de tous ces vieux racistes dont la vie dépend de leur personnel à domicile latino ou noir.

« Roy Cohn, raciste, homosexuel homophobe est mort du sida abandonné de tous, ai-je ajouté, avec pour seule compagnie un infirmier homosexuel noir et franchement "camp".[1] »

De « nègres », il était bien sûr question dans l’originale évocation de Genet réalisée par Gilles Blanchard et diffusée la semaine dernière sur Arte.

Le journaliste de Télérama déplorait qu’« aucun témoin majeur de la vie et de l'œuvre de Jean Genet ne vienne par ses propos enrichir ce film inégal et décousu ». On a pour notre part trouvé beaucoup plus intéressant le choix du réalisateur de « conjuguer au présent  l'œuvre et le parcours de l’écrivain » au fil de rencontres avec « des détenus (à qui il fait lire des textes de Jean Genet dans des séquences d'une très belle intensité), des travestis, des sans-papiers, autant de personnages réels tout droit sortis des livres de l'écrivain, qui racontent leur relation intime à Jean Genet, relaient sa parole et ses engagements, et montrent comment les mots de celui qui se prétendait "l'ennemi déclaré" (de la société) résonnent encore et toujours. Du slameur new-yorkais Saul Williams à l'écrivain Juan Goytisolo en passant par l'acteur porno François Sagat (...) »

Le documentaire s’ouvre dans la chambre 205, du Jack’s Hotel, celle que le «voleur, poète et pédéraste » affectionnait. Abdellah Taia montre à une vieille compatriote qui travaillait déjà dans cet hôtel lorsque l’écrivain y a rendu son dernier soupir, les images qu’il a filmé dans le petit cimetière espagnol de Larache, près de Tanger au Maroc, où l’écrivain avait choisi d’être enterré, «face à la mer et... au pied des murs de la prison de la petite ville marocaine ! » 

Jean Genet par Brassaï

  Teaser de Jean Genet le contre exemplaire

Lavielitteraire.fr/ jean-genet-le-contre-exemplaire

Culture-et-debats.over-blog.com/ Il y a 20 ans, mourrait Jean Genet

NGT / Angels in America : la pièce, la série TV et l'opéra

NGT / Mon Genet

NGT / Minorité des minorités

  Telerama.fr/ Inside job, "un très grand film de gangsters" (Le Masque et la Plume)

Liberation.fr/ Inside job, les effets spécieux de la finance

Youtube.com/ Le nom des gens de Michel Leclerc

-          En prose, comment écris-tu ce mot ?

-          P-r-o-s-e

-          Bien ! Qu’est-ce qu’un texte écrit en prose ?... S’il n’est pas en prose, comment est-il écrit ? 

Comme la réponse de Maxime tardait, l'oncle a extrait d’une bibliothèque de la chambre, un essai (Penser la pornographie de Ruwen Ogien) et Alcools d'Apollinaire.

-         Prose, lui a-t-il dit en tendant le premier, tout comme L'été de cristal de Philippe Kerr que je t’ai passé – tu sais le polar dans le Berlin nazi. Ça par contre, ce n’est pas de la prose. C’est quoi ? 

-          De la poésie. 

-          Tout juste. Va chercher le dictionnaire, qu’est-ce qu’il y a d’écrit à l’entrée « prose » ? 

-           « Forme du discours oral ou écrit, manière de s’exprimer qui n’est pas soumise à aucune des règles de la versification. « Tout ce qui n’est point prose est vers et tout ce qui n’est point vers est prose » (Mol.)» (...) 

Luke Smalley

Peu après, le neveu patinait un peu sur « aphorisme » du moins dans l’énoncé de l’exemple qui va bien. L'oncle l'a invité à le suivre dans la chambre : "Tiens voici des aphorismes d'un homme plein d'esprit ! Chapitré par sujets.»

Les aphorismes sur « le beau sexe » ont retenu toute l'attention de Maxime : « Je peux te l’emprunter ? Je lirai ça dans le métro. »

Encouragé, l'oncle lui a dit : « Un humoriste, Gaspard Proust fait une citation d’Oscar Wilde dans un de ses sketchs, elle pourrait bien être apocryphe, mais ça ne fait rien, ça m’a fait marrer, viens voir ! »

 [...] Je ne crois absolument pas à cette phrase d’Oscar Wilde qui disait : « Je laisse les jolies femmes aux hommes sans imagination »... C’est bien une phrase de sodomite, ça.... Alors franchement. » [...]

Puisque Maxime semblait priser les formes brèves, Thomas lui a depuis passé un recueil de sentences d’un auteur un peu moins littéraire mais plus clairement hétéro. Coluche.

Skipass.com/ Freeride à Paris

A l’abri de la chambre douillette,

rendu fou par la neige qui choit dru,

un matou fait son russe à la fenêtre.

Evgeny Mokhorev 16-11-2010