La boite de Pandore de « l’outrage au drapeau »

Publié le 3 Septembre 2010

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Gainsbourg "Aux armes etc" (1979)

 

Suite à la polémique au sujet d'une photographie, primée lors d'un concours à Nice, montrant un homme s'essuyant le postérieur avec le drapeau français, la ministre de la justice vient de publier un décret punissant d’une amende de 1 500 euros  « l'outrage au drapeau» français.

 

Après le délit d’outrage à agent public et le délit d'offense au chef de l'Etat (le bon vieux « crime de lèse-majesté » sous l’Ancien Régime), voici qu’est désormais sacralisé l’emblème tricolore de notre République.

Ce faisant, le gouvernement réintroduit dans le droit pénal français un « crime sans victime », à savoir ici, un acte ne portant pas préjudice à une personne mais à une entité abstraite ou symbolique.

 

 

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Liu Bolin Hiding in the city 2008

 

 

Cette pénalisation d’un « crime sans victime », ouvre la boite de Pandore. En effet, on ne voit désormais pas comment les pouvoirs publics vont pouvoir longtemps refuser aux croyants de toutes obédiences de poursuivre les offenses à « Dieu », aux « signes de la religion », autrefois qualifiés de « sacrilège, « hérésie » ou « blasphème ».

Sans être juriste, on  pressent que la pénalisation de l’outrage au drapeau est une régression et une atteinte grave aux libertés individuelles, tels qu’elles ont été édictées dans la convention européenne des droits de l’homme.

 

Nouvelobs/ Une pétition réclame la suppression du délit d'outrage

Scienceshumaines/ Halte à la panique morale  par Ruwen Ogien

Libebordeaux/ "Présumés innocents" évite finalement le tribunal

NGT / "L'art présumé coupable"  et " le crime sans victime"  

 

 

Et Apichatpong fuit les interviews depuis qu’on lui a reproché son soutien aux « chemises rouges », alors qu’il ne défendait, dit-il, que leur droit à exprimer leur point de vue. Plus récemment encore, on a critiqué sa défense d’un homme condamné pour avoir refusé de se lever pendant l’hymne national, que l’on joue ici avant toute séance de cinéma.

« Il est quasiment impossible d’exprimer une opinion. Le débat est entièrement polarisé et on veut, à tout prix, nous rejeter dans un camp. »

 

Apichatpong Weerasethakul cinéaste de la jungle (Télérama 1/9/10)

 

 

Mel Brooks "It's good to be the king"

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #libertés

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