Tout va trop vite

Publié le 21 Janvier 2012

 

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Andrea Mantegna Minerve chassant les vices

Détail : la luxure

 

 

 

 

 

 

Sur le plateau de l’émission scientifique de France Inter, La tête au carré, hier après-midi, la « Secrétaire perpétuelle de l'Académie des sciences » déplorait que la science et la recherche fussent absentes de la campagne pour l’élection présidentielle. « Ma pauvre dame, l’ai-je coupée tout seul derrière mon poste, s'il n'y avait que cela ! »

Pour autant, je me demande, si à un moment donné, la Recherche, il ne faut pas arrêter...

Quoi ? Vous n’avez pas entendu parler de cette étude Inserm ?

 

Il y a désormais un temps certain, j’avais déjà dû avaler, non sans peine (elle était énorme), qu’à Gayland, au-delà de 35 berges, tu basculais dans le camp des vieux.

Même pas eu le temps de me résigner, que j’ai commencé à lire un peu partout que passé 45 piges, t’étais périmé sur « le marché du travail », contre 55 il y a peu. (Bon ça au moins, je ne devrais pas le subir ... encore que...).

Et puis cette étude Inserm qui m’apprend quoi ? Que ce n’est pas à partir de 60 balais que commencent à décliner tes capacités cognitives comme l’affirmait le dernier paradigme scientifique en la matière, mais à 45 ANS.

 

J’ai tremblé à l’idée que ça faisait bientôt cinq années que je déclinais... que nous déclinions, chéri ! (ça soulage toujours un peu de ne pas se sentir seul).

Sans le savoir, c’est fou, non ? Car je ne me suis aperçu de rien.
 
 
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Le temps de Topor

 

 

Qui a commandité cette putain d’etude ? Le patronat ?

Ce n’est pas possible, il doit y avoir une erreur. Pourtant, je lis :

 

Des tests individuels ont permis d’évaluer la mémoire, le vocabulaire, le raisonnement et la fluence verbale. (...)

Par exemple, au cours de la période de l’étude, le déclin des scores du raisonnement était de 3,6 % pour les hommes âgés de 45 et 49 ans et de 9,6 % chez ceux âgés de 65 à 70 ans. Les chiffres correspondants pour les femmes étaient respectivement de 3,6 % et 7,4 %.

 

Autrement dit, entre 45 et 70 ans, tu as encore toute ta mémoire et entre 90 et 96 % de tes capacités de raisonnement.

Par conséquent, tu n’as aucune excuse pour t’abstenir ou voter pour la fille du borgne.

 

Quant aux achats frénétiques de mots fléchés, de sudokus, d’exercices de gym cérébrale en tous genres, laisse tomber ! C'est prématuré. 

 

 

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Musée d'Orsay

 

 

En attendant, tu pourras toujours relire les dernières lignes de «Mémoires d’un vieux con » de Roland Topor.

 

Mon secret ? Rester compétitif.

Voir beaucoup d’expositions, car, on ne le répétera jamais assez, rien ne vaut la marche à pied pour maintenir la forme. Lire, car il faut savoir se reposer après l’exercice. Ne manger et ne boire que du bon. Et avoir de fréquents contacts avec la jeune génération pour étouffer dans l’œuf tout complexe d’infériorité à propos de l’âge. Je vous assure que lorsque je vais me regarder dans mon miroir, après avoir vu deux ou trois jeunes cons, ça me fait du bien.

Vieux con, soit, mais toujours vert !

 

 

NGT/ "Aging body", transformations, et des claques qui se perdent

 

 

 

 

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Le Caire 11-2-2011 - GoranTomasevic / Reuters

 

 

« Je me suis trompé de désir, de corps (...) »

 

Mince, je venais de manquer la diffusion du documentaire de Bruno Ulmer sur le musée d’Orsay. J’ai aussitôt programmé l’enregistrement de son autre film diffusé le même soir : Le ciel en bataille, signé Rachid B.

Samuel Gontier donnait envie de voir ce récit à la première personne, de l’auteur d’un remarquable documentaire Welcome Europa, qui nous avait fait partager les conditions de survie épouvantables de jeunes clandestins en Europe, marocains, kurdes ou roumains.

 

Son film Le ciel en bataille naît avec la mort imminente de son père, atteint d’un cancer.  L’auteur traverse la France en voiture pour aller voir à l’hôpital ce père avec qui il n’a jamais pu vraiment communiquer, et qui, à son sujet, ne savait que lui dire : « Mon pauvre fils ! »

 

 

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Denis Dailleux  Egypte 2006

 

Alors, le fils (nous) raconte pour la première fois ce qui l’a fait, ses souvenirs les plus forts, l’histoire de sa vie.

L’enfant de chœur, les pleurs de sa mère dans la voiture quand il fallut quitter le Maroc, Tarzan, son héros favori parce qu’il le trouvait beau, la volupté avec les garçons marocains, le sexe devenu pour toujours inquiet après ce premier test HIV qu’il fit à 18 ans, le médecin plaquant son métier pour la peinture puis le cinéma, son compagnon, médecin algérien, et enfin sa conversion récente à l’Islam, qui fit de lui Rachid.

 

Récit poignant d’un itinéraire au final cohérent, jusqu’à cet aveu terrible : « Je me suis trompé de désir, de corps, sur le sens du péché, sur ce qu'est la foi.»

 

 

Le ciel en bataille - Télérama du 7/1/2012

 

 

NGT / Au nom de l’amour  

 

 

 

 

Que se passerait-il dans un monde où la sexualité serait vraiment libre ?

 

Dans un tel monde, les raisons de mettre ses capacités à donner du plaisir sexuel à la disposition d’autrui ne seraient plus hiérarchisées. On cesserait de penser que les unes sont nobles et les autres ignobles.

Les activités sexuelles échapperaient non seulement à la répression pénale (on ferait ce qu’on veut de notre vie sexuelle du moment qu’on ne cause pas de tort aux autres) mais aussi à l’intervention morale (il n’existerait plus de mauvaises raisons de se servir de ses capacités sexuelles). Ce serait un monde où la sexualité serait enfin libérée du paternalisme politique et moral.

Mais on pourrait aller plus loin encore et imaginer un monde dans lequel il n’y aurait tout simplement plus aucune raison de se servir de ses capacités sexuelles. Ce serait un monde complètement libéré de la sexualité.

Dans un tel monde, l’obsession du sexe aurait complètement disparu. On n’y penserait pas plus qu’à Dieu dans les sociétés les plus laïcisées.

Le sexe n’aurait plus aucun intérêt pratique. Il ne serait plus une ressource dans nos marchandages avec nos congénères.

Il n’y aurait plus d’intérêt reproductif. Le recours à la procréation médicalement assistée sous toutes ses formes (clonage et utérus artificiel compris) deviendrait la règle générale.

Il n’aurait plus d’intérêt scientifique. Plus personne ne chercherait à expliquer les conduites en examinant les antécédents sexuels.

 

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi on pourrait aimer vivre dans un monde où la sexualité serait enfin complètement libérée du paternalisme politique et moral.

Mais il est plus difficile de voir pourquoi on pourrait aimer vivre dans un monde complètement libéré de la sexualité, à moins d’être vraiment très puritain... ou très fatigué !

 

L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale de Ruwen Ogien

 

 

 

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Photo : Herbert Tobias 

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