Vil romance

Publié le 5 Décembre 2009



 


« Une version » même "frustre" de Gouttes d'eau sur pierres brûlantes, la pièce de R.W. Fassbinder, adaptée par François Ozon, ça me bottait. J’avais toujours à l’esprit cette histoire de relation sadomaso entre un joli garçon roux (Malik Zidi) et son amant de trente ans son aîné, qui le domine (Bernard Giraudeau), le tout sur un ton décalé plutôt potache, aux antipodes donc de celui de l’œuvre de Fassbinder.

Le critique de Télérama dont je partage en général le point de vue, avait écrit :

 

(Le réalisateur) vient du documentaire, ça se sent : il filme donc longuement, en détail, ces marginaux dans une Argentine sans repères, où l'on baise et où l'on tue comme on respire. La morale, c'est un truc de riches, un luxe. Hormis Roberto (le jeune), le seul qui éprouve des sentiments, les personnages n'obéissent qu'à leurs instincts. Et ça fait mal.

 

Pas de problème, m’étais-je dit, je ne lis jamais ni la presse people, ni Point de vue encore moins Fortune magazine. Au contraire, le « cinéma du réel », c’est ma tasse de thé.

Bon, il y avait bien le physique de Raul, le vieil « escroc au look de soixante-huitard bagousé » qui me débecquetait un peu, mais le jeunot, quoique grêlé du visage sur les photos du dossier de presse, promettait de compenser largement cette erreur de casting.

 



Las, plus le film avançait, plus s’affirmait que je venais de me faire avoir. Faire jouer des amateurs peut parfois produire de beaux moments de cinéma, mais dans ce film, tout sonne faux, les dialogues, comme les situations ; à aucun moment, je ne parviens à croire à cet amour improbable, à être un seul instant ému.
Allez si ! Pour être honnête, une scène d’amour entre Roberto qui est vraiment « "kioute"» et un jeune espagnol au physique de boys'band déjà un peu défraîchi, dans laquelle, assis sur le sexe du deuxième, le garçon nous donne à voir une queue de bonne taille en cours d’ascension.

Le summum du grotesque est sans doute atteint lorsque le vieux enferme Roberto en pleurs dans sa chambre tandis qu’il massacre le "boys'band" hurlant dans la cuisine.

Un vil film, vous dis-je.

 

P.S. Le concepteur de la bande-annonce a réalisé une prouesse :

 

 

 

 

 

Entretien avec François Ozon à propos de la fabrique de "Gouttes d'eau sur pierres brûlantes"


NGT/ Voyage dans le voyage : rencontre avec Gombrovicz

 

 

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #ciné-séries, #culture gay

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