avec un grand a

 Yannis Tsarouchis - Bain - Paris 1968

Summertime 1957 (Porgy & Bess)

Ella Fitzgerald & Louis Armstrong

Le coin à l’ombre du grand pin du bout de la plage de K. était déjà occupé par le couple de mecs italien aperçu la veille à A.D. et de deux filles bien en chair qui n’auront de cesse de se palucher. « Ma parole, j’ai soufflé à voix basse à Gabriel, c’est plage gay aujourd’hui. »

Côté mecs : un jeune et un vieux. Le vieux n’est pas mal foutu mais porte sur sa tronche un sale caractère. Le jeune semble en faire les frais et l’ambiance entre eux a tout l’air délétère.

Déjà la veille, le vieux marchait à bonne distance de son compagnon, aujourd’hui il préfère carrément se mettre la tête sous l’eau (pourtant dépourvue de poissons) avec son masque et son tuba, plutôt que de répondre aux sollicitations du jeune qui toujours paraissent l’exaspérer.

«Pourquoi tant de haine ? » Peau très mate imberbe, long, sec et mince, jolies fesses pas complètement couvertes par le speedo, anneau au nombril, nuque dégagée, visage méditerranéen sur corps d’asiatique, belle cambrure notamment quand il pose en contrapposto, une grâce un brin efféminée dans ses gestes lents et sa manière de parler. J’aime bien.

Tiens ?! Quelques repousses de cheveux blancs. Pas si jeune finalement.

Mon curseur de jeunesse se ferait-il moins sévère ? Bah ! Tout est relatif.

-          Dans les années soixante, mon cher Bill, personne ne disait actif ou passif ; à l’époque, on disait pitcher ou catcher - t’envoies ou t’encaisses ? -, sauf chez vous, dans le Vermont, peut-être. Visionnaires, précurseurs que vous êtes, vous disiez déjà plus ou moins ? Nous autre, les attardés, on en était restés à t’envoies ou t’encaisses, qui deviendraient un jour actif ou passif. Dans les années soixante, on n’en était pas encore là, cher Bill. A Vienne, quand je t’ai dragué, je sais parfaitement que je t’ai demandé si tu étais pitcher ou catcher. [...]

Vers la fin des années soixante-dix, « l’ère de la Bienheureuse Licence », selon Larry, nous nous fréquentions encore, sans plus vivre ensemble. C’était seulement dans les bars « cuir » aux codes affichés qu’on pouvait savoir à coup sûr qui faisait quoi : un mouchoir dans la poche arrière gauche signifiait actif, et un dans la poche arrière droite passif. Un mouchoir bleu, je baise, un mouchoir rouge je fiste. On s’en fiche pas mal aujourd’hui... Autre signe distinctif, la position des clés sur la boucle de ceinture du jean, à gauche ou à droite. A New York, où je les accrochais sans réfléchir à ce détail, je me faisais toujours draguer par un actif qui s’en tenait au code, alors que j’étais actif moi-même. Cela devenait irritant, à la longue. [...]

A moi seul bien des personnages (In one person) de John Irving

Sexe : L'iPhone va-t-il relancer le code bandana ?

Je n’eus pas le temps de répondre à cette question surprenante : il avait pris le téléphone, sur un pouf de cuir rouge, à côté de nous, et composait un numéro. Il me passa l’écouteur.

-        Vous allez l’entendre... Attention... Il se fait appeler « Cavalier Bleu »...

Je n’entendis d’abord que les sonneries brèves et répétées qui annoncent que la ligne est occupée. Et puis, dans l’intervalle des sonneries, je distinguai des voix d’hommes et de femmes qui se lançaient des appels : - Maurice et Josy voudraient que René téléphone... - Lucien attend Jeannot rue de la Convention... - Mme du Barry cherche partenaire... - Alcibiade est seul ce soir...

Des dialogues s’ébauchaient, des voix se cherchaient les unes les autres en dépit des sonneries qui les étouffaient régulièrement.  Et tous ces êtres sans visages tentaient d’échanger entre eux un numéro de téléphone, un mot de passe dans l’espoir de quelque rencontre. Je finis par entendre une voix plus lointaine que les autres qui répétait :

-        « Cavalier Bleu » est libre ce soir... « Cavalier Bleu » est libre ce soi... Donnez numéro de téléphone... Donnez numéro de téléphone...

-        Alors, me demanda Mansoure, vous l’entendez ? Vous l’entendez ?

Il collait contre son oreille le combiné et rapprochait son visage du mien.

-        Le numéro que j’ai fait n’est plus attribué à personne depuis longtemps, m’expliqua-t-il. Alors, ils se sont aperçus qu’ils pouvaient communiquer de cette façon. [...]

  Rue des boutiques obscures  Patrick Modiano 1978

Cette curiosité qui appartient au passé, n’est pas une invention, Goran en a un jour parlé.

Grindr

Ma « digital detox » de vacances s’est déroulé sans problème, et d’autant plus facilement que je ne suis toujours pas accro à un Smartphone. Pour les clopes et l’alcool, ce fut une autre affaire : consommation à peine raisonnable, si tant est que le terme soit approprié.

Il faut dire qu’avant de partir, j’ai fait une OD d’écran...

Plus d’un week-end aura été nécessaire pour préparer sur Internet ce séjour en Grèce. Logement, transports, tout a été réservé par ce moyen. Comme dans beaucoup d’autres activités, on sait où sont passés les emplois perdus jamais remplacés : les gens font désormais tout le travail gratuitement dans leurs heures de loisirs (ou de bureau).

Les guides du routard (GDR) et Cie ont du souci à se faire notamment pour les destinations faciles, les éditeurs de cartes également s’il est utilisée une voiture équipée d’un GPS.

La veille du départ, j’ai demandé par téléphone à mon libraire ce qu’il avait sur le Grèce continentale. Seulement un GDR. Un vieil exemplaire poussiéreux couvrant la Grèce, édition 1992-1993 trouvé dans la bibliothèque ferait l’affaire.

Olives de Kalamata

A l’usage, on s’est aperçu que certaines informations normalement non périssables peuvent le devenir. Sur la carte, le pays est bordé au nord par la Yougoslavie (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine et Macédoine venaient juste de faire sécession) ou « la monnaie en Grèce est la drachme » (l’euro n’est adopté qu’en 2001).

On a pu aussi s’amuser de retrouver ces tuyaux constitutifs de la patte du GDR, tel que celui-ci au chapitre «Cuisine et boissons » : « une coutume sympa en Grèce : au resto, si vous sentez que le courant passe avec les gens d’une autre table, appelez le patron et faites-leur servir une bouteille. Rapprochement garanti, et vous perdrez un peu l’étiquette de touriste. »

Ou encore celui-ci à la rubrique « Artisanat » : « Pour ceux qui aiment rapporter des posters, les syndicats d’initiative offrent des posters de Grèce (il suffit de les demander, mais ils sont parfois en rupture de stock en été). Le mot Grèce est même écrit dans votre langue maternelle. Il faut y aller vers midi afin qu’il n’y ait pas trop de monde. » Sans commentaire.

Une chose est sûre, le temps n’y fera rien, 1993 restera une année historique : celle de notre rencontre. Ce guide a 20 ans. Comme nous !

Athènes - Thesseion (juillet 2013)

IL reste pour Montaigne un mystère inexplicable de son amitié avec la Béotie : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. » Montaigne a mis longtemps à frapper cette formule mémorable, absente des éditions de 1580 et 1588 des Essais, lesquelles s’arrêtaient au constat de l’énigme. Il a d’abord ajouté dans la marge de son exemplaire des Essais, « parce que c’était lui », puis, dans un second temps et d’une autre encore, « parce que c’était moi ».

Un été avec Montaigne d’Antoine Compagnon France-Inter - Equateur/parallèles 

Kyriakos Katzourakis. rétrospective 1963-2013

musée Benaki annexe de la rue Pireos

Adossés contre λes piλiers de λα pergoλα, les deux sphinges fαce à fαce gαrdent en siλence λα scène.

Tous λes jours, Egée, pαr Eubée trαvestie en λαc, crève λe cαdre de sα subλime beαuté.

λes oλiviers, λe yuccα, λe pαλmier et λ’αgαve déchαrné peuvent pointer λeur nez, nos yeux ne voienτ qu’eλλe, en mαjesté.

Toujours λά, jαmαis λα même αvec Soλeiλ qui ne cesse de courir et Brise qui pαrfois se réveiλλe.

De temps ά αutre, des bαteaux λ’érαfλent de plαies bien éphémères.

Mαis λorsque tombe λα nuit, Notre Mer cède λα pλαce ά λ’infini du cieλ éτoiλé.

L’alphabet grec

Constellations de Darwin Deez

NGT / Enfin l'été I/II

NGT / L'odeur de la papaye mûre

C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme [...]