BD PD

Publié le 5 Février 2007

 

Montgomery Clift, selon mon père, le plus bel acteur de sa génération (incontestable), en aurait-il dit de même s'il avait su qu'il était homo ?

 

Présidentielles : faute de projet, le PS s’attaque à l’adversaire et au virtuel

« Allez ! Dis quelque chose de gauche, dis quelque chose (...) » Nanni Moretti (1998)

 

A défaut d’avoir véritable projet clair et alternatif, le Parti Socialiste a travaillé sur le bilan et le programme de l’adversaire. Le résultat de la réflexion de l'équipe de rédacteurs, composée de cadres socialistes, d'experts et de sources anonymes à l'UMP se trouve dans 140 pages téléchargeables : L'inquiétante "rupture tranquille" de Nicolas Sarkozy.
La somme s’annonce pertinente et éclairante. Si seulement, Mme Royal pouvait commander un travail identique pour se construire un programme !

Bon, c’est vrai qu’elle ne peut pas être à la fois au four et au moulin : ses conseillers en communication l’ont pressée de faire son entrée sur Second Life, cet « univers virtuel persistant collaboratif sur Internet ». Une entrée modeste : un siège de campagne virtuel sans militants, coincé entre un concessionnaire automobile, une boutique de fringues, une galerie d’art et un bordel britannique particulièrement « trash » ; quatre panneaux renvoient sur le «blog» Désirs d’avenir, deux étages blancs (forcément) d’une rare pauvreté graphique, une salle de projection (à l’accès multimédia bien maigre…), une pièce noire à la fonction énigmatique (un confessionnal ?) et quelques fauteuils.

Impossible aussi de ne pas penser à Nanni Moretti qui dans son film Aprile, enrage face à l’atonie de Massimo D’Alema, leader des démocrates de gauche, lors d’un débat télévisé avec Berlusconi. "Réagis, réponds, dis quelque chose, intime-t-il à D’Alema, en sautillant sur sa chaise. Allez ! Dis quelque chose de gauche, dis quelque chose, même si ce n’est pas de gauche, mais juste quelque chose de démocratique, mais réagis, quoi ! "

 

 

 

 

 

 

BD PD

Festival d’Angoulême oblige, les pages  « livres » des quotidiens nous causent bande dessinée. Indispensables Libération et Eric Loret, signataire des articles, qui démarrent leur « Spécial BD » d’une double page « Comment peut-on être pédé dans le monde la bande dessinée ? A peu près comme dans la vie réelle. Etat des lieux. » Extraits

 

« Comment peut-on être pédé dans le monde la bande dessinée ? A peu près comme dans la vie réelle. On peut choisir de rester entre soi, cultiver ses muscles et avoir une grosse teub. C’est ce que proposent par exemple les éditions H&O, qui publient entre autres le québécois Patrick Fillion, avec plein de garçons dans tous les trous. (...)  

 

L’Arena de Genoroh TAGAME, manga X où tous les hommes se font violer, appartient au premier coup d’œil à cette catégorie fantasmagorique.

 

« Précision typologique : il ne s’agit pas d’un Yaoi, histoire gay à l’eau de foutre plutôt destinée aux filles, mais bien d’un genre purement X. (...) En réalité la trame générale d’Arena est (...) strictement hétérosexuelle. Dans la plupart des histoires, un brave gars bien normé se fait capturer, des machos le branlent de force devant tout le monde (« non, non, arrêtez »), il se prend une trique d’enfer et éjacule comme un taureau. Après, on le traite forcément de fiote et c’est la méga-honte. On comprend alors que toutes ces horreurs ne sont pas proposées à notre voyeurisme, mais pour inciter les garçons à se méfier des diableries de l’inversion. Le père en prescrira donc la lecture à son fils. »

 


 

« Mais, le vrai défi, c’est d’être un personnage homo dans un univers hétéro, de glisser de la différence dans un genre qu’on croit souvent réservé aux garçons ados et qui, à force de le croire finit par le devenir. »

 


Eric Loret cite d’abord le crypto gay Alix de Jacques Martin, tout en soulignant que « c’est un peu maigre et demande une bonne dose de mauvaise foi», le journal de Fabrice Neaud et bien sûr les albums de Ralf König, avant de présenter quelques nouveautés.

 

 

 

« Non qu’on fasse l’apologie de la pédophilie, mais il est relativement rassurant de voir que, malgré le retour de bâton anti-freudien, quelques auteurs osent toujours évoquer le désir enfantin et la comédie de l’innocence. (...) König le fait en se décrivant impubère et obsédé du cul (ou de la queue, pour être précis). Freddy Nadolny Poustochkine, nouveau venu sur la scène BD (il a 29 ans et, comme on s’en doute, un père ukrainien), opte pour des zones moins franches en peignant l’univers incertain d’un petit garçon. » 

 

La chair des pommes se réclame d’une esthétique de la honte et de la gêne.

 

Autre récit d’initiation, mais d’un jeune adulte, Le petit Lulu d'Hugues Barthe dans lequel il est question des trois première fois d’un jeune homo : premier deuil, première passion érotique et premier emploi. L’auteur s’y montre notamment capable de dérision dans les détails qu’il donne de la vie intime de ses personnages, ce qui ne manque pas de courage à notre époque où la pornographie a installé dans nos esprits une représentation d’hyper performance sexuelle : « François n’est jamais parvenu à m’enculer. Moi non plus, je n’ai pas réussi à enculer François. »

 

 

« Mais le plus dérangeant peut-être des albums de l’automne dernier, tout en étant (et précisémment parce qu’il est) graphiquement et narrativement plus conventionnel, reste Muchacho (tome 2)  de Lepage. « L’homosexualité de Gabriel, indique l’auteur, c’est sa part d’ombre. (...) Par sa naissance, il fait partie de l’élite, par ses désirs, il appartient au camp des exclus. »

 

 Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ;

on se laisse tellement influencer. »

Oscar Wilde

 

 

 

 

 

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #politique, #livres, #culture gay

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O
A propos de BD PD  j'ai suggéré à notre médiathèque d'acquérir "Pedro et moi" de Judd Winick. Ca fait six mois que j'attends ... en me disant que ce serait bien d'élargir l'éventail du choix des BD. Car bien sur je n'ai repéré aucune BD "gay" à la médiathèque, mis à part les  albums "cryptos gay" de Martin . C'est marrant car je me souviens avoir fait, gamin,  une fixation sur les aventures de Lefranc du même Martin!!!
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T
Encore qu'un titre que je ne connaissais pas ! Quand je pense que Mallarmé a pu s'esclamer  "la chair est triste hélas ! Et j'ai lu tous les livres"<br /> Bravo pour tes requêtes militantes ! A mon avis, ce n'est pas gagné puisqu'elle concerne la "jeunesse" (quoique l'objectif de prévention Sida pourrait aider pour ce livre)
O
Ton père ressemblait à Monty ? ;-))La petite illustration d'Alix aux bains se retrouve dans le film de Tinto Brass "Caligula" où l'on voit l'empereur Tibere sauter dans le bain en compagnie de quelques éphebes nus et il me semble qu'il prononce cette phrase "mes petits poissons".Ce film Caligula" est une sorte d'Ovni cinématographique avec de nombreuses scénes orgiaques incroyables.http://www.peplums.info/pep02a.htm
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T
Thomas petit garçon aurait sans hésiter répondu par l'affirmative ("mon père, ce héros"), quant à moi je me contenterai de dire que mon père était beau mec sans atteindre une telle grâce. Par contre, Monty ressemble beaucoup à un garçon que je croisais tous les jours sur le campus et qui me faisait perdre tous mes moyens quand je me trouvais en sa présence même si l'enjeu était nul : il était maqué avec une fille.<br /> Juste association du Tibère d'Alix sortant de sa piscine avec celui du péplum quasi porno "Caligula", je garde encore en mémoire certaines scènes, souvent sexuelles, particulièrement violentes. Le lien que tu donnes a l'air très documenté. <br /> Penser à acheter le DVD pour une soirée d'hiver et relire le Caligula d'A. Camus ?