Non !? Tu ne connais pas Pierre et Gilles ?

Publié le 30 Juin 2007

 

La seconde guerre mondiale dans le Pacifique : des soldats se mettent à l’aise

Men of WWII fighting men at ease

 

In the Navy Village People 1979

 

Etonnantes photos que ces jeunes soldats se baignant nus dans un décor d’apocalypse ensoleillé : aux alentours, des palmiers déchiquetés par les bombes, sur la plage des cadavres de matériels, juste à côté du cratère de bombe rempli d’eau de pluie dans lequel ils barbotent, un avion abîmé. Une bataille a eu lieu contre les japs. Peut-être ne sont-ils pas très loin ? Un bref moment de relaxation après l’enfer et un temps indéterminé avant de le retrouver.

 

On doit ces clichés dans l’ensemble de très bonne qualité à l’unité de photographie de l’aviation navale américaine (Naval Aviation Photographic Unit) dirigée par le photographe Edward Steichen.

Un homme Evan Bachner a exploré ce gigantesque fonds photographique. Après avoir découvert que ces photos étaient libres de droits, il a fait une première sélection qu’il a fait éditer dans un beau livre At Ease: Navy Men of World War II.

 

 

 

 

Le Washington Blade rapporte que c’est devenu pour lui une obsession après être tombée au Brooklyn Museum sur une photo d’un tireur nu dans sa tourelle de tir, il voulait tout connaître du photographe... et du tireur[1]. Dans la préface du 2e recueil qu’il vient de sortir aux Etats-Unis Men of WWII Fighting men at ease et dont il est ici question, il raconte également que son père a servi dans le Pacifique en plusieurs lieux de combats où les photos ont été prises, et que n’en ayant aucune, il espérait toujours tomber sur une photo avec son père.[2]

 

 

Les photos collectées par Evan Bachner nous montrent une guerre « en creux », sans combat, sans morts, sans feu, sans peur, sans blessés, sans explosion. Les « boys » dorment, lisent, jouent, se lavent, peignent, écoutent de la musique en souriant....

 

Pour nous, comme pour Evan Bachner (« He lives in New York City with is husband”[3]), l’homoérotisme des sujets de la plupart de ces photos saute aux yeux. Pourtant, comme l’a souligné Jorge lorsque lui et Darek nous ont offert ce livre, leurs protagonistes ne devaient pas les considérer comme tel ; ces photos racontent des relations entre hommes avant que l’homosexualité ne devienne un fait social en Occident. Le fait homosexuel, la peur des hommes d’en être ou d’être pris pour un pédé ont sans doute modifié leur comportement avec les personnes de leur sexe, du moins dans le monde occidental[4]. Evan Bachner ne dit pas autre chose à propos d’ « At Ease » :

 

« Les photos sont clairement homo-sociales et je pense que les hommes vivaient différemment leur proximité à une époque pré-gay. (...) Pour nous, elles sont sans ambiguïté homoérotiques, c’est incontestable. Pour moi, elles ont un contenu homoérotique. Etaient-elles considérées comme tel ? Je ne crois pas.”[5]

 Dans cet ordre d’idée, selon Darek et Jorge, les hommes hétérosexuels décryptent parfaitement le regard homosexuel (Je n’ai pas pensé à leur demander me montrer leur manière de regarder les hommes). Darek a même une théorie qu’il m’a démontré brillamment sur les téléskis polonais : « Fixe un mec, immanquablement il portera une main à son sexe, manière de te dire, attention, moi je suis un homme, un vrai. »

Attention aussi! La recherche scientifique n’est pas sans risque.

 

 


 

shopping

 

At Ease: Navy Men of World War II est disponible aux Mots à la bouche

 

On peut commander Men of World War II: Fighting Men at Ease à la libraire Powell ’s de Portland (Oregon), « la plus grande librairie indépendante de livres neufs et d’occasion du monde » : http://www.powells.com/biblio/1-9780810992870-1

 

La seconde guerre mondiale dans le Pacifique - Repères

 

http://memorial-wlc.recette.lbn.fr/article.php?lang=fr&ModuleId=18

 

Au Cinéma

 

La ligne rouge (The thin red line) de Terrence Mallick, un film de guerre qui suinte la trouille et qui nous la fout avec sa camera subjective – fait historique relaté : la bataille de Guadalcanal

 

http://www.fluctuat.net/cinema/paris99/chroniq/redline.htm

 

Fétichisme de l’uniforme

Des dessins de Tom of Finland : http://www.tomoffinlandfoundation.org/foundation/N_Tom.html


 

 

 

Non !? Tu ne connais pas Pierre et Gilles ?

"J'aime parler de rien, c'est le seul domaine où j'ai de vagues connaissances"

 

Oscar Wilde

 

Coincés avec Colette par un bouchon sur le périphérique :

 

-         Non !? Tu ne connais pas Pierre et Gilles ?

 

-         Non.

 

-         Ils font des portraits photo peints kitschissimes, de jeunes gens sublimes plus ou moins déshabillés et de célébrités.

 

-         Non, ça me dit rien.

 

-         Culte chez les homos. Tu connais Etienne Daho ?

 

-         Oui.

 

-         Et bien par exemple, c’est eux qui ont fait la couverture de son album week-end à Rome, où il pose avec un polo marin. Tu sais «Week-end à Rome, tous les deux sans personne, na na naa...»

 

Grâce à Erick sorti de plus d’un an de chômage avec un nouveau job qui le ravit chez un diffuseur distributeur de livres d’arts, on tenait le sésame d’entrée au vernissage de la rétrospective Double Je au Jeu de Paume de l’incontournable couple d’artistes homos :

« J'ai vu une petite avant-première jeudi dernier et bon, le kitsch dégoulinant c'est moyen mon truc. »

 

Nous, c’est la foule qui est moyen notre truc. Mais on n’allait tout de même pas bouder l’occasion d’aller en invités voir l’expo et d’approcher un peu la faune qui fait la « Hype ».

 

Un peu avant 20 H, la galerie du Jeu de Paume n’avait sans doute jamais connu pareille affluence : deux flots continus de visiteurs circulent lentement en sens opposée et ne dévient leur trajectoire que pour s’éviter ou pour éviter ceux qui ont décidés de s’immobiliser.

 

Au bas des escaliers conduisant à la galerie supérieure, une créature filiforme en robe, à la peau diaphane recouverte de tatouages, crâne rasé, piercée, stoppe quelques instants le flux en posant devant deux photographes qui la mitraillent.

 

Je perds très rapidement Gabriel, pour parcourir dans un temps qui s’annonce record les 120 photos – peintures. J’ai déjà vu la plupart des œuvres, ce qui est intéressant ici est de se confronter au grand format et aux cadres ; pas de matière : pas vraiment de traces visibles des rehauts de peinture de Gilles sur les tirages photo sur toile.  

 

Je taille tellement vite la route que je ne reconnais pas grand monde sur le trajet, hormis les « plasticiennes » Eva et Adèle (sauf à être mal voyant, il était impossible de les manquer) et Bettina Rheims que j’ai identifié parce que j’avais visionné deux jours plus tôt un documentaire Les tabous, le sexe et l'art sur lequel elle était interviewée. Toutes les trois sont d’ailleurs représentées par la même galerie que Pierre et Gilles (Jérôme de Noirmont). Ah si, peut-être aussi un acteur de la pièce Jeffrey (le petit au cul de danseur), adaptation d’une pièce américaine de 1993, comédie sur l’amour, le sexe, la peur, en temps de sida, montée cette année au Théâtre Clavel.

 

 

 

Alors, forcément, je me suis caillé à l’extérieur à attendre Gabriel. Je passe le temps en regardant amusé le ballet des travestis très habillés et des fashionistas, des vieux Messieurs précieux, des jeunes pressés d’entrer dans le « grand monde », et cerise sur le gâteau, « J’ai pu mater Salim Kechiouche » (Gabriel est vert).

 

Pas vu les héros de la fête (une rétrospective, ça sentirait pas un peu le sapin non ?), pas le moindre verre à boire et amuse-gueule à grignoter : « Quelle mesquinerie ! Quand on n’a pas les moyens, on n’invite pas autant de monde. Vive les « petits » artistes, au moins avec eux, on a droit à un apéritif dînatoire ! »

 

 

 

 

http://fr.news.yahoo.com/24062007/5/les-icones-de-pierre-et-gilles-au-jeu-de-paume.html

 

http://perso.orange.fr/pierre.et.gilles/gallerie.htm


 

Think different

 

Volem rien foutre al païs de Pierre Carles : rien vu de plus subversif depuis bien longtemps, la palme du séditieux revenant au groupe El dinero gratis en Espagne qui organise notamment des happenings de « fauche » dans les magasins et l’occupation d’immeubles vides à Barcelone (les okupas).

 

Encore programmé dans trois salles parisiennes.

 

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3476,36-879587,0.html?xtor=RSS-3476

http://www.critikat.com/article1175.html

http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1126

 


[1] “AFTER SEEING A PHOTO of the nude gunner in a Brooklyn museum in 1997, Bachner, 47, says he became obsessed with finding out everything about the picture and the photographer, Horace Bristol.”

 

[2] “All of the USMC pictures included in the book were taken in the Pacific. My father served in the Pacific, in some of the battles for the island locations where the photographs were taken. These images could have easily been found in one of his photo albums, if he had one from the war. I imagined that in looking through the many boxes of the pictures at the National Archives I would find one of him.”

 

[5] “The photos are clearly homo-social and I think men felt differently about being close in the ‘pre-gay’ days,” he says of “At Ease.” “To us, they are clearly homoerotic, there’s no denying that. They have a homoerotic content for me. Were they meant that way? I don’t think so.”

 

 

 

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #livres, #culture gay, #mâlitude,, #expos, #politique

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O
Il n'y a pas que Gabriel qui peut être "vert de rage" de n'avoir pas croisé d'aussi près Salim Kechiouche ! Veinard  :-) Tu liras sur mon blog mon commentaire de la visite de l'expo sans Salim... mais le vendredi matin nous étions peu nombreux et donc ce fut un parcours bien agréable.En regardant les photos des GI's je pensais au film de Zinneman http://fr.wikipedia.org/wiki/Tant_qu'il_y_aura_des_hommesbien que "straight" une connotation gay peut se lire un filigrane Et puis les magnifiques torses de Monty et Burt ont de quoi nous émoustiller. C'est une constante des films de guerre et militaire d'exalter l'amitié virile" et homosensuelle entre  "frères d'arme".Je pense aussi à une séquence de RAS de Boisset où l'on voit des trouffions se baigner nu dans un oued.
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T
Décidément, la province est bien parisienne. Amusant de songer que nous nous sommes presque croisés. Mais l'aurions nous fait, que nous ne l'aurions sû. <br /> N'ai vu aucun des deux films, si l'occaze se présente... <br /> ça fait plusieurs fois que je croise dans les rues de Paris des jeunes vêtus dans de la fringue "treillis camouflage", façon GI dans le désert. Toujours ce besoin de réaffirmer une masculinité fragilisée ? Le vieux con se demande s'il manque à tous ces jeunes "fashioned victims" d'avoir fait leur service militaire. Moi ça ne m'a pas dégoutté de la couleur kakie mais ça me fait rejeter toute fringue d'aspect trop "militaire en opération". Au Japon, une partie de la jeunesse japonaise hyper précarisée par le nouvel état du capitalisme, rêve "d'une guerre salvatrice pour tout remettre à plat" (Courrier International dossier Japon : la jeunesse se rebelle).<br />  <br />