Intergénérationnel

Publié le 6 Août 2015

Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat 10 Juillet 1985. Photo : Michael Halsband - Landov

Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat 10 Juillet 1985. Photo : Michael Halsband - Landov

Shamir "On The Regular"

Un jour, j'ai eu envie de peindre un chien. J'ai projeté une image sur un papier que j'ai collé au mur et j'ai suivi le tracé. Ensuite je l'ai peint et je me suis aperçu que je le faisais à la manière de Jean-Michel.
C'est à cet instant que je me suis décidé à réaliser des tableaux à quatre mains avec lui. [...]
Je l'appelle. Il vient. C'est moi, le plus souvent, qui l'appelle maintenant. Parfois il balance ses traits, ses mots, ses à-plats blancs, noir, jaunes sur une peinture que j'ai faite, parfois il en commence une que je termine. Je ne sais pas si ça les améliore.
On joue, on se flaire, on s'évalue. Il a la jeunesse pour lui.
Dans Village Voice, on dit qu'il est l'artiste le plus prometteur du moment. Ils n'écrivent pas, comme dans le New York Times, qu'il ne doit plus me fréquenter.
Déjà ça.

Andy Andy de Michel Nuridsany

Jean-Michel Basquiat & Andy Warhol "Paramount" (1984)

Jean-Michel Basquiat & Andy Warhol "Paramount" (1984)

Le musée Guggenheim de Bilbao depuis la rue Iparraguirre

Le musée Guggenheim de Bilbao depuis la rue Iparraguirre

Les voyageurs en provenance de ce vol Porto-Paris Orly ont dû attendre pas loin d'une heure avant de pouvoir récupérer leurs bagages. « Le vol n'était pas cher » avons nous répété à plusieurs reprises, «les pauvres peuvent attendre » (45 euros, c'est-y pas beau ?). La faute au manque de personnel ? Quand je pense aux millions de personnes au chômage, qu'est-ce que ça m'énerve !

Montée dans l'Orlyval puis dans le RER B où, pour 12 euros, comme d'habitude tout le monde étouffe et dégouline. Bienvenue en France, le seul pays du monde « développé » (ou non d'ailleurs) à ne pas être parvenu à faire fonctionner la climatisation dans des trains neufs !  

Pourquoi donc fait-on, en France, aussi souvent les frais d'entreprises qui bossent mal ? Un seul autre exemple parmi d'autres pour m'empêcher de passer des lignes à ronchonner : Gabriel s'est abonné au journal Libération, le premier jour, pas de journal dans la boite à lettres, le 2e un Libération posé sur la poubelle à côté des boites, deux jours où le journal a été normalement livré avant son départ au travail (YES!) jusqu'à ce que ça recommence hier, de nouveau pas de journal. Pays de merde ! C'est quoi le problème ? On ne comprend pas.

Afin d'éviter de ressasser comme de vieux cons cette accumulation de (petites) contrariétés, on est reparti le plus vite possible… au cinéma.

"La Sapienza" d'Eugène Green

Le synopsis du film la Sapienza promettait une fuite sans excès de dépaysement :

Alexandre et Aliénor Schmid, couple de cinquantenaires, souffrent d'une certaine lassitude : lui est un architecte reconnu qui vient de recevoir un prix pour l'ensemble de son travail, elle est psychologue. Tous deux aiment leur travail mais quelque chose semble s'être épuisé dans leur vie professionnelle et amoureuse. Alexandre décide de faire une pause et de reprendre un vieux projet de livre sur l'architecte baroque Francesco Borromini. Pour cela il se rend en Italie, à Stresa au bord du lac majeur, accompagné de sa femme, où ils croisent sur leur route Goffredo qui se lance dans des études d'architecture et sa sœur, la fragile Lavinia. Cette rencontre bouleverse leurs plans...


La maturité, le couple au long cours chamboulé par la rencontre de jeunes gens sur le seuil d'une vie d'adulte, l'Italie, le lac Majeur, Rome, le Bernin et Borromini, l'architecture, la musique de Monteverdi, le baroque. Avec de tels ingrédients, ce film promettait de nous plaire. On ravivera même pour l'occasion le souvenir de cette « promenade baroque » que nous fîmes, le guide Autrement à la main, lors de notre premier voyage ensemble dans la Ville Éternelle. Quant au lac Majeur, peut-être retrouverai-je enfouies dans les tréfonds de ma mémoire quelques images de cette étape d'un tour en vélo en Italie du nord effectué à 14 ans, avec d'autres camarades et un frère Mariste pour nous chaperonner ?

Pics d'Europe - Cantabrie (Espagne)

Pics d'Europe - Cantabrie (Espagne)

îles Cies - Vigo (Espagne)

îles Cies - Vigo (Espagne)

Très vite pourtant, je sus que le plaisir allait être gâché par cette manière monocorde et précieuse de faire dire leur texte aux quatre protagonistes contraints au hiératisme, le regard le plus souvent planté dans l'objectif de la caméra. Que la langue soit châtiée, pourquoi pas ? Mais comment justifier ce choix de l'artifice, consistant à faire faire toutes ces liaisons disparues depuis ma dernière dictée de classe primaire, et à sur-articuler tout ce qui est dit ?

Ce parti-pris stylistique ne doit pas être sans lien avec l'esthétique « baroque » du Bernin, de Borromini et de Monteverdi, pourtant nous ne sommes pas parvenus à nous défaire de l'idée que ce n'était qu'afféterie préjudiciable au film.

Intergénérationnel
Fondation Serralves à Porto (Portugal)

Fondation Serralves à Porto (Portugal)

L'unique passage un tantinet amusant du film d'Eugène Green se passe lors d'une incursion à la Villa Médicis, laquelle m'a fait imaginer que « la Sapienza » pouvait avoir été réalisé par un jeune pensionnaire qui y découvrait Rome. En fait, le jeunot est né en 1947 aux États-Unis, il nous vient du théâtre baroque, ce qui explique sans doute notre différend de goût. On peut aussi lire qu'Eugène Green, établi en Europe, ne nomme jamais autrement son pays natal qu'en disant « La Barbarie ».

Sur des thématiques assez proches, le « barbare » Noah Baumbach l'emporte haut la main avec une comédie brillante « While we're young », «face-à-face mimétique entre deux générations, dont chacune essaie de voler quelque chose à l'autre, dans un mal­entendu général ».

Porto, gay-friendly

Porto, gay-friendly

 

Le jour suivant, faute de jeunes pousses sous la main, on s'est fait du cinéma avec les « Boys » de Mischa Kamp. « C'est gentillet », m'a dit Gabriel qui a baillé sur la fin deux ou trois fois à mes côtés. Quel peine-à-jouir ! Dans le genre, c'est un sans faute. En plus, le film est bourré d'images de sport, et franchement, c'est beaucoup plus plaisant que de lire « L'ÉQUIPE ».

 

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"Boys" réalisé par Mischa Kamp

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Moullinex "Déjà vu"

Moullinex "Flora"

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #intergénérationnel, #ciné-séries, #Portugal, #Espagne

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