rire

Publié le 30 Septembre 2020

"Théo et Hugo dans le même bateau" de Ducastel et Martineau (2016) avec Geoffrey Couët et François Nambot

 

Encore sous le choc des nouvelles restrictions prises par le gouvernement pour réagir au proche embouteillage dans les hôpitaux (fermeture des bars et des restaurants, des gymnases et des salles de sport...), j’ai entendu à la radio que « qu’une très large majorité des Français accepteraient de consentir à des efforts et des restrictions supplémentaires pour lutter contre la propagation du Covid-19 » et que notamment 72% des personnes interrogées se disent prêtes à "respecter un reconfinement d’au moins 15 jours". Dans le même temps et dans le même sondage, 86% des personnes interrogées se disent "inquiètes" des conséquences économiques de la crise et 64% des sondés ne font pas confiance au gouvernement pour faire face efficacement à la crise coronavirus. Une chose est sûre : la propagande de la peur fonctionne à merveille, pour le reste, cherchez l’erreur !

Pourtant, cette fois-ci, les voix des intéressés et de nombreux élus, notamment dans les villes les plus concernées par ces mesures, comme Marseille, se sont élevées pour dénoncer l’impact économique de ces mesures. Une fois de plus, la justification sanitaire des mesures ne passe pas.

Pour ne prendre que le cas des salles de sport dont on parle moins car d’un poids économique moindre, nulle trace de foyers de contamination dans les clubs de sports. Le 24 septembre, Santé Publique France mentionnait comme clusters en premier lieu les entreprises hors établissements de santé (26%),  puis le milieu familial élargi (plusieurs foyers), les évènements publics/privés rassemblant de manière temporaire des personnes (20%) et le milieu scolaire et universitaire (16%) qui représente un tiers des clusters en cours d’investigation.
Selon Fitness Park qui se présente comme le numéro 1 du fitness en France, «seulement 0,0009 % de cas Covid-19» ont été «identifiés dans plus de 220 clubs (63 cas seulement sur 7 millions de passages en 3 mois)», sans compter que le fitness «ne joue qu’un rôle positif face au Covid-19». «Il a été prouvé que le sport renforce le système immunitaire et permet de se protéger notamment du Covid-19».

J’ai partagé ce sondage sur le Whatsapp « famille élargie », auquel a immédiatement réagi un de mes neveux : « pour moi, un sondage c’est un instrument de manipulation ». Cette affirmation relevant d'une mentalité complotiste m’a poussé à remettre mon nez dans la cuisine d’échantillonnage de ce sondage.

 

"Fin de siècle" réalisé par Lucio Castro, avec Juan Barberini et Ramón Pujol


Sans surprise, il s’agit d’un questionnaire en ligne (auto-administré) dont « la représentativité de l’échantillon » est assurée « par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération)». Je dis « sans surprise », car il s’agit de la méthode la plus rapide et la moins coûteuse, ce qui est une exigence économique pour livrer les résultats du sondage à une presse impécunieuse, en l’occurrence ici le JDD (s’il ne leur a pas été offert, comme dépense de communication – intervention de l’institut dans les médias).
Ce mode de recueil de l’opinion présente pourtant des inconvénients de taille lorsqu’on a la prétention de la mesurer pour la population française car il comporte de nombreux biais.
Le premier biais de représentativité provient du fait qu’on ne va proposer l’enquête sous forme d’un lien d’accès au questionnaire en ligne qu’à une sélection d’individus d’un fichier de personnes volontaires qu’a acheté ou loué l’institut de sondage (un « access panel »), en effet, être volontaire implique un certain profil psychologique (c’est ainsi que les instituts de sondage en politique se plantent régulièrement), si vous rajoutez des incitations, vous générez un deuxième risque de biais de sincérité des réponses (je réponds ce qu’on attend de moi pour pouvoir poursuivre le questionnaire et toucher ma gratification).
Si vous envoyez ce lien en masse pour pouvoir avoir vos quotas de répondants, l’acceptation à répondre va aussi dépendre de l’intérêt du sujet pour les sollicités, or il est permis de penser que les anxieux désœuvrés ont été plus enclins à répondre à ce genre de sondage. Et je n’évoquerai même pas la cuisine des redressements d’échantillon du fait de non réponses dans certains quotas, ni le biais possible de questionnement consistant à demander l'opinion de l'échantillon sur le respect d'une "décision gouvernementale de reconfinement pour au moins 15 jours".

Enfin, une information de méthodologie qu’on trouve systématiquement s’agissant d’un échantillon par la méthode des quotas, jette le discrédit sur les instituts de sondage car elle est fausse et fallacieuse, celle de la page « précision relative aux marges d’erreur » qui a été imposée par le législateur . En effet, tout enseignant des méthodes de sondage dont j’ai été un temps, sait que la théorie statistique a démontré que les « intervalles de confiance » dont il y est question, ne sont calculables que pour des échantillons probabilistes constitués par tirage au sort dans une base de données comportant la population que l’on sonde, ce qui n’est pas le cas avec la méthode des quotas, utilisée pour ce sondage.  

Est-ce grave docteur ? Bien sûr que ça l’est, car cette pseudo opinion des Français est répétée à l’infini par d’autres médias, d’autres sites, sur les réseaux sociaux, et devient ainsi « vérité ». Ce faisant, ces sondages fallacieux fabriquent l’opinion et son consentement à des restrictions non discutées qui nous mènent dans le mur.

 

 

"Nouvelle religion : le covidisme" - Karim Duval

Cabaret Contemporain "Ibiza" - Live @ Le Divan du Monde, Paris 08/10/14

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