Publié le 12 Avril 2016
IAM - Que Fait La Police 2013
Jamais, je n'aurais imaginé que je puisse un jour me demander : « mais où donc sont passés les flics ? » N'y voyez nul fétichisme de l'uniforme, uniquement le constat répété d'une police devenue invisible dans ces quartiers où je vis, le nord-est parisien.
Pour être exact, depuis les attentats islamistes, de temps à autres, des véhicules de police le traversent à toute allure, à sirène déployée, comme s'ils craignaient par dessus tout de devoir s'y arrêter. Non pas que ce coin de Paris soit devenu le Bronx, mais cette absence ne passe plus inaperçue : des gens se mettent à faire n'importe quoi.
Désormais quand je passe en vélo au feu vert, je reste aux aguets car c'est incroyable le nombre d'automobilistes qui ne s'arrêtent pas au rouge, même des taxis et autres VTC.
Aussi, en certains endroits, par exemple au métro La Chapelle, tous les soirs, c'est le grand embouteillage, pourquoi ? Parce qu'il y a trop de bagnoles qui circulent, c'est évident, mais surtout parce que tous les conducteurs y compris des taxis et des chauffeurs de bus, essaient d'avancer quelle que soit la couleur du feu de circulation, congestionnant ainsi définitivement le trafic.
Lorsque ça roule, certains filent à tombeau ouvert pour ceux qui ont la malchance de se trouver sur leur chemin, la généralisation de la limitation de vitesse à 30 km/h dans Paris suffira-t-elle à les calmer en l'absence de "peur du gendarme" ?
En finir avec les planques à billets
Des dizaines de chefs d'Etat, des centaines d'entreprises, des milliers de contribuables, des milliards qui échappent aux caisses des Etats. Les "Panama Papers", preuve d'une évasion fiscale ...
http://www.liberation.fr/planete/2016/04/04/en-finir-avec-les-planques-a-billets_1444000
Pour un peu, je serais presque nostalgique de l'époque où Sarkozy, nouveau ministre de l'intérieur, avait mis tous les policiers en exercice dans les rues. Furieux de m'être fait interpeller par des flics à deux reprises sur un Vélib, je tempêtais alors partout : « Ras le bol ! On se croirait en dictature. »
Fort heureusement pour peu de temps, d'autant que devenu président, Sarkozy allait tailler dans les effectifs de policiers, en vertu de son objectif de non renouvellement d'un fonctionnaire sur deux. Dans la foulée, il supprima la police de proximité lancée par Jospin après avoir déclaré à Toulouse : «La mission prioritaire de la police ne consiste pas à organiser des tournois sportifs mais à identifier les délinquants». Par là, il restaurait ce tropisme de la police (nationale) française à être davantage une police de sécurité de l’État et de lutte contre la grande délinquance, qu’une police de la sécurité quotidienne, en lien avec la population.
Cette police de proximité qui visait à restaurer les relations entre police et population, s'inspirait des modèles policiers nord-américains community policing et problem-oriented policing : Les îlotiers, à pied, devaient s’attacher à un territoire, se mettre au service des populations locales pour régler leurs problèmes, en tissant des partenariats avec d’autres acteurs (municipalités, offices HLM, services sociaux, associations, etc.). »
Parenthèse : Pour le benchmarking, les socialistes revenus au pouvoir, ligotés par les contraintes budgétaires, ont préféré lorgner du côté des sottises idéologiques des suédoises qui ne coûtent pas grand-chose, en obtenant des députés et contre l'avis du Sénat, la pénalisation des clients de prostitué(e)s. Quant à la flexisécurité, cet autre incontournable référence scandinave qui sonne comme un oxymore, le gouvernement semble à la peine avec un projet de loi El Khomri, il est vrai plus « flexi » que "sécurité".
Les mers intérieures d'Aglae Bory - Festival Circulation(s) au 104. Photo "oubliée" de la sélection affichée rue d'Aubervilliers
Autre exemple. On a beaucoup glosé sur le lycéen qui s'est pris un violent coup de poing d'un policier dans la figure pendant que deux autres l'immobilisaient, devant le lycée Bergson dans le XIXe arrondissement de Paris, mais très peu sur le contexte et sur les événements qui ont suivi le lendemain : les commissariats du Xe et du XIXe arrondissements de Paris ont été la cible de jets de pierres et de dégradations de lycéens pour dénoncer le traitement subi par leur camarade, avant que ces derniers n'aillent piller deux supermarchés Franprix des XIXe et Xe arrondissements de Paris. Pas une seule interpellation, pas même un peu d'indignation.
Vincent Rosenblatt http://vincentrosenblatt.photoshelter.com/#!/index
Vincent Rosenblatt, Photojournalist & Fine-Art photographer based in Rio de Janeiro, Brazil.
Le contexte ensuite de ce probable pétage de câble de policiers poussés à bout, que je peux comprendre sans pour autant l'excuser, vu le nombre croissant de zozos « no limit » que l'on doit récupérer aujourd'hui dans les classes : Ça fait maintenant des années que le printemps venu, dans plusieurs lycées et universités, une minorité d'élèves se mobilisent (cette année contre la loi El Khomri), avec (ou sans) le soutien d'enseignants. Leur lutte consiste avant tout à entasser devant la porte de leur établissement toutes les poubelles des immeubles environnants et autre mobilier urbain qu'ils ont pu voler, histoire d'empêcher l'accès du lycée, au mieux d'en filtrer l’entrée selon leur bon plaisir, quand quelques couillons n'ont pas par dessus le marché l'idée lumineuse d'y mettre le feu. Le terme de « blocus » s'est imposé, « carnaval à durée indéterminée » serait plus juste, puisqu'en toute impunité, c'est ce gang qui fait la loi tant que durera le « mouvement».
« Que fait la police ? » demandé-je à ma proviseure chaque fois que cette mauvaise plaisanterie dure trop à mon goût. Rien. La trouille de la bavure. Cette année, un couple en uniforme a fait une courte visite pour la féliciter de sa « gestion de crise » : « vous avez bien du mérite », a cru bon de lui dire la fliquette.
Dans un contexte de « débordements » des précédentes journées d’action et de violence des « blocages », on ne s'étonnera pas qu'une vingtaine de chefs d'établissement bien seuls pour gérer cela, aient osé fermer de manière préventive leur lycée le jour d'une nouvelle journée de mobilisation contre le projet de loi travail, le jeudi 31 mars, bravant pour une fois leur hiérarchie pour qui « la continuité du service public » s'imposait quoi qu'il advint.
Alair Gomes | Fondation Cartier pour l'art contemporain
Philosophe et critique d'art, Alair Gomes s'est exclusivement consacré, à partir des années 1970, à l'élaboration d'une œuvre photographique incomparable. Immense tableau érotique dédié à...
http://presse.fondation.cartier.com/archives-presse/alair-gomes/
Je suis pleinement conscient du rôle complexe qui est dévolu aux pouvoirs publics et aux forces de l'ordre en démocratie, a fortiori en cette période de risque terroriste, néanmoins entre le laxisme actuel et les meurtres commis par la police militaire au Brésil, il y a de la marge pour serrer un peu la vis, ne serait-ce que pour des raisons éducatives.
Thomas ronchon
La police (1/5) : Extension du domaine de la police ?
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