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Publié le 19 Septembre 2006

Ken Park de Larry Clark 

14/10/3

 

Des ados qui ont pour seule distraction commune les drogues le skate et avant tout le sexe, entourés d’adultes ratés (l’alcoolique, l’illuminé de l’Ancien Testament, les grands-parents largués) qui cèdent malgré eux à leurs pulsions incestueuses et pédophiles. Comme d’hab avec Clark la caméra est d’une sensualité torride (sa caméra semble caresser les fesses des garçons et exceptionnellement les seins de filles) et peut-être pour la première fois dans un film non classé X (-16ans), le sexe de tous les garçons est montré au repos comme en érection.

 

La scène d’anthologie : l’un d’entre eux se branle devant une joueuse de tennis en compétition, une cravate accrochée à la poignée de la porte de la chambre qui l’étrangle, le sperme finit par jaillir, un plan final sur une fontaine gluante qui pendouille au bout de son gland.

 

Le film suinte les tendances pédérastes de son auteur et pourtant les étreintes dans ce film sont, à l’exception de la tentative du beau-père, tout ce qu’il y a de plus hétéro.

 

 

 

Plaisirs hétéros

 

Une seule chose me rapproche des mecs hétéros. Non, pas le foot. Ni la passion pour la bagnole. La masturbation, bien sûr.

 

Raphaël, le coloc de Gabriel est sans ambiguïté hétérosexuel. A un point tel que, venant d’obtenir un feu vert très réservé pour emménager avec Philippe et Gabriel, il faillit faire marche arrière en apprenant que Gabriel « en était ». Il s’est rapidement débarrassé de ses préjugés au point de regretter amèrement le départ de Gab et de compter dans ses meilleurs amis à Bruxelles, Malik, un marocain gay. L’ignorance est souvent la mère de toutes nos peurs. Et si j’étais devenu homosexuel par ignorance ?

 

Je trouvai sans difficulté (sous son lit) trois revues de nature à lui faciliter l’endormissement par quelques mouvements de poignet (Interconnexion et Hot Magazine).

 

Les femmes y ont presque toujours une chatte rasée et bien ouverte qu’il est aisé d’examiner. Elles s’y titillent un clitoris bien dur et se laissent parfois aller à uriner.

 

Je n’en démords pas, ces images pornographiques devraient être montrées très tôt aux enfants en lieu et place des planches anatomiques qui étaient censées tout nous dire sur la reproduction et le sexe. Si ces dernières m’ont débarrassé de l’idée que le pénis rentrait dans la femme par le nombril ou par le trou du cul, elles ne m’ont guère permis de clarifier l’allure générale du sexe féminin. Très axées sur la reproduction, ces planches reviennent à mon esprit sous la forme d’un T figurant principalement les trompes et les ovaires.

 

Si les chattes sautent aux yeux du lecteur de ces magazines, c’est aussi parce que les bites s’y fourrent moins souvent que dans leurs deux autres orifices.

 

Mon sperme a jailli à la vision de l’anus légèrement rougi par le va et vient de Titof, et sur lequel ce dernier venait de laisser échapper une belle giclée de foutre, pendant qu’elle suçait le dard du deuxième, qui, à son tour, lui a arrosé le visage.

 

La vision de ces deux queues pénétrant, l’un sa chatte, l’autre son cul l’a sans aucun doute préparé cette éjaculation. La couille unique de Titof buttant contre ses fesses aussi, tout comme d’ailleurs la trace des outrages subis par l’anus du garçon (j’avais mémorisé son nom parce qu’il pénètre aussi gaillardement qu’il se fait mettre).

 

Finalement Raph, toi et moi, pourvu que le scénario se sophistique, on aime les mêmes choses non ?

 

 

 

 

Enfant de Tierce Culture ?

 

90% des ETC (Enfants de Tierce Culture, autrement dit enfants de parents expatriés) affirment ne pas se sentir proches des gens de leur âge qui ont grandi dans leur pays d’origine. Dans la mesure où ils n’ont pas été exposés à la culture populaire, voire aux grandes références télévisuelles, il leur manque un lien social essentiel. Ils ont alors plus de mal à se forger une identité. (Newsweek reproduit dans Courrier International n°676)

 

Bien que n’ayant jamais quitté Bourg en Bresse, il se peut que j’aie été un ETC. Dans ma famille, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne vivait pas et qu’on ne pensait pas du tout comme les autres. Végétariens précocement obsédés par la « mal bouffe », plutôt fous de Dieu, très tardivement équipés d’une télé qu’on nous laissait peu regarder, vieille voiture jamais entretenue que mon père n’a jamais bricolée ni lavée, etc.

Comment pouvais-je alors aimer tout ce qui faisait vibrer les garçons de mon âge : la bagnole, telle émission télé, le match de la veille, pour ne citer que ces sanctuaires de la masculinité ?

Mais ai-je seulement un jour tenté de m’y intéresser ?

 

ETC, c’est comme pédé (et vice versa), ça ne se soigne pas, tu le restes : j’ai de plus en plus le sentiment qu’il me manque avec les autres un lien social essentiel parce que nous partageons de moins en moins de références communes, parce que ce qui nous stimule est très différent.

Y compris d’ailleurs avec de vieux amis : l’expérience des retrouvailles avec JP a par exemple été particulièrement éprouvante ; au bout d’une heure, j’avais déjà hâte de m’éclipser, tant la conversation se languissait, tant je peinais, tout seul, à nous raccorder. Déprimant. Que sont mes amis devenus ? Se peut-il que nous ayons (que j’ai ?) tant changé que cela, seulement en quelques années ?

 

Certes, je dois avouer que j’ai toujours été un peu snobinard, méprisant tout ce qui était apprécié par plus de dix personnes et mettant mon point d’honneur à être un happy few, et qu’aujourd’hui le personnage d’excentrique me séduit de plus en plus. Dans une société individualiste, quelle charge que d’exister !

 

 

 

 

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #ciné-séries, #culture gay, #sex, #vivre ensemble

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