famille

Publié le 8 Mai 2007

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Une fois de plus, le réveil « réservation d’avion pour les vacances d’été » avait été trop tardif. De guerre lasse, on s’était rabattu sur un long voyage vers les Philippines. De cet archipel, nous connaissions peu de choses :

 

- une destination qui a longtemps été prisée des pédophiles – tellement de notoriété publique que j’avais le sentiment de faire tomber sur moi le soupçon d’en être chaque fois que je prononçais le nom de notre destination,


- un pays souvent secoué par des catastrophes naturelles –en cette saison, nous risquions de nous retrouver dans l’œil du cyclone,

- une terre d’émigration de personnel de maison – j’avais découvert dans un pastiche du Figaro Magazine, le Loup-Garou Magazine, l’excellence des bonnes philippines,

- le volcan Pinatubo, les bases militaires américaines, les plus belles rizières d’Asie (sur l’île de Luzon),

- une agitation islamique dans les îles du sud et des touristes venus faire de la plongée toujours retenus en captivité sur l’île de Jolo par un groupe d’Abu Sayaf .

Qu’allions nous y chercher ? Avant tout un dépaysement exotique. Je nous imaginais bien caboter d’île en île en ferry, de plages en coraux, de coraux en rizières, de rizières en volcans, le tout toujours baigné de soleil.

De Manille, peu de souvenirs à part quelques garçons très efféminés qui nous avaient fait avec plus ou moins de discrétion du gringue et l’interdiction d’entrer avec des armes à feu inscrites à l’entrée de  restaurants. Un ciel chargé de nuages noirs qui régulièrement se vidaient avec fracas, préfiguration de la météo que nous allions subir durant la plus grande partie du voyage.

 


Extrait du carnet de voyage (à deux mains)

 

11/7/1999

Salle d’attente à Manille (Domestic Airport) pour un départ vers Boracay (Kalibo) -

 

Les philippins sont très américanisés. Ils parlent souvent parfaitement l’anglais. L’influence espagnole après 350 ans d’occupation n’aura finalement pas laissé une grande marque sauf peut-être dans le Tagalog.

Merci à la World Company.

 

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La colonisation espagnole nous vaut de beaux mariages à la Sainte Eglise Catholique. Côté monumental jésuitique, difficile de trouver une vieillerie, en effet, tout bâtisseur subit ici le supplice de Sisyphe imposés par la nature : quand ce n’est pas un tremblement de terre qui fout tout en l’air, c’est un cyclone qui s’en chargera. On comprend dans ces conditions que les philippins n’aient pas grand chose à offrir à nos yeux avides de reliques et qu’ils soient toujours en train de faire le ménage.

 

L’influence américaine se remarque aussi à ce que la majorité de la signalétique est inscrite en anglais, la plus grosse partie des journaux en kiosque sont des titres en langue anglaise, tout comme il n’est pas rare d’entendre des radios qui sonnent « yankee ».

 

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Bref, on regrette que cette capacité à absorber des cultures différentes ait finalement favorisé les Etats-Unis. Maudit destin qui fait que nous soyons saoulés par de la country music et non par de la bourrée auvergnate !

 



 

 

 

 

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Dans un premier temps, on conclut que ce peuple n’avait plus de culture propre à force d’absorber, telle une éponge, celles d’étrangers. Une déception donc pour le touriste avide de pittoresque. Pourtant, on a fini par trouver cette attitude vraiment sympathique, par l’ouverture aux autres et l’absence de préjugés qu’elle implique. Emblématique fut à cet égard une expérience culinaire que nous eûmes à la fin de notre séjour sur l’île de Luzon, à Batad un village classé par l’UNESCO, planté au milieu de rizières escarpées, dans la région de Banaue.

Pour accéder à ce village, il nous avait fallu louer les services de moto-taxis qui nous avait longuement et lentement bringuebalé sur une piste défoncée par la pluie avant de nous déposer au bas d’un sentier. Pour arriver au village, il fallait désormais grimper sur ce sentier jusqu’à parvenir à un petit col puis descendre vers le village.
Dans notre guest-house sur pilotis, à l’heure du dîner, la maîtresse de maison nous a tendu une petite carte sur laquelle étaient proposés des Falafels. Comme on s’en étonnait, elle nous a dit qu’elle avait reçu,  il y avait de cela plusieurs années, des israéliens qui lui avait appris à en faire et que depuis, compte tenu des difficultés d’approvisionnements, elle cuisinait cela.
Le soir suivant, une pluie forcément tropicale nous avait fait rentrer trempés d’une promenade dans les rizières. Lorsqu’elle cessa avec la nuit, nos hôtes allumèrent des lampes. Aussitôt, des nuées de punaises toujours plus nombreuses sont arrivées de la rizière et se sont mises à coloniser ce qui tenait lieu de salle à manger. Alors qu’autour de nous toute la famille s’agitait pour essayer d’endiguer le raz de marée, nous avalions des Falafels.

Il y a de cette ouverture à la différence dans le film d’Auraeus Solito, l’éveil de Maximo Oliveros. L’éveil de Maxi, un garçon de 12 ans très efféminé d’un quartier défavorisé de Manille (est-il possible qu’un garçon torde autant les fesses à Manille ?), c’est l’éveil à l’amour de ce garçon joyeux. Le père et les frères aînés de Maxi sont de truands qui traitent plutôt gentiment ce petit frère qui remplace les femmes absentes de cette famille, l’homme dont il tombe amoureux est un policier incorruptible (espèce manifestement introuvable à Manille si on en croit l’auteur) qui, même si la résolution de son enquête passe par Maxi, ne semble pas complètement insensible au gringue et à la tendresse touchante que lui prodigue ce petit bonhomme.

A un moment donné du film, j’ai sursauté, c’était incroyable, le réalisateur n’était-il pas en train de nous raconter une histoire d’amour pédophile (Même si j’ai lu depuis que l’acteur aurait 14 ans, sa constitution paraît celle d’un garçon à peine pubère) ? Comment un film pareil, a-t-il pu être distribué ?

Dieu merci, l’épilogue est tout ce qu’il y a de plus moral puisque Maximo va désormais à l’école et ne fréquente plus Victor le policier. Ce n’était que moi qui avait eu l’esprit mal tourné, car après tout, comme le dit le réalisateur : « il s'agit juste d'un amour innocent, naturel. La majorité d'entre nous a déjà connu cette situation : idéaliser une personne plus âgée au point d'en tomber amoureux. »

Alors, cette bonne acceptation de l’homosexualité dans le film, fiction ou document ? Laissons la parole au réalisateur Auraeus Solito :

 

La société philippine accepte mieux les gays à présent. Je préfère le mot « accepter » que « tolérer » qui implique trop négativement la différence. Dans tout le pays, vous pouvez voir beaucoup de jeunes gays, habillés en femme sans que cela pose de problèmes, même avec leur famille. Peut être est-ce dû au fait que les anciennes générations philippines croyaient que les meilleurs médiums pour communiquer avec les Dieux étaient les gays : ils possèdent une double sensibilité spirituelle, celle de l'homme et de la femme.

 

 

 L’entrevue avec Auraeus Solito, le réalisateur :

 

http://citegay.fr/00/00/248297/content_visu.htm

 

La bande annonce

 

 

 

 

50 millions de spermatozoïdes par millilitre

Samedi soir - Ligne 2, direction Dauphine -

 

Comme toujours, il a fallu attendre un métro qui, vu l’insuffisance de sa fréquence, ne pouvait être que bondé. Je m’énerve d’avoir pensé un seul instant pouvoir y terminer mon article du Monde 2.
Il paraît qu’en Occident, un homme a deux fois moins de spermatozoïdes que son grand-père au même âge.
A chaque station, ça monte en nombre et ça descend bien peu. Comme on est de plus en plus serrés comme dans une boite de sardines, forcément, certains s’énervent.
« Putain ! J’avais oublié, ça va être le même bordel sur la 13. » Dis-je à Gabriel par-dessus la tête de passagers. À voix plus basse, très articulé : «Paraît que la qualité du sperme baisse : On n’aurait plus que 50 millions de spermatozoïdes par millilitre. 50 millions de trop!? »

 

 

 


 

Où sont passés les spermatozoïdes ? Sciences actualités 3/11/2004

 

Le billet Children of men dans http://notesgaydethomas.over-blog.com/article-6269367.html

 


 

A genoux

 

Papa est rentré de son scanner la mine sombre :
-         alors ? lui a demandé ma mère.
-         et bien je me prépare une belle retraite ! En pleine forme, sans plus  pouvoir faire quoi que ce soit.
Comme mon père était vraiment au 7e sous-sol, après avoir probablement compati, ma mère lui a dit avec le bon sens qui la caractérise et toujours la formule qui fait mouche : « tu pourrais avoir un cancer du pancréas et disparaître en trois mois. »
Arthrose traumatique des genoux avec les os d’un genou particulièrement esquinté, ce qui explique qu’il ait de plus en plus mal, que ses jambes se soient arquées et qu’il puisse désormais parfois boiter.

 

 


Lorsque tout le clan s’est retrouvé en mars au Carroz, Pascal, mon petit frère a sonné l’alarme, ils avaient dû abandonner papa sur un bout de piste où la neige était molle et la pente raide : il avait tellement mal qu’il n’osait pas faire un seul virage, ni une conversion.
Était -il ensuite rentré au chalet ? Pas du tout, il avait encore skié seul un certain temps.

Quand le lendemain, la troupe a quitté par vagues successives le chalet au bord des pistes et que je l’ai vu nous regarder partir, mon cœur s’est serré. Il venait de renoncer à skier.

En fait, pas du tout. Soulagement. Il n’avait sacrifié qu’une petite demi-journée et avait pris rendez-vous avec Pascal et David pour l’après-midi. Il a skié plutôt bien mais lorsque la neige s’est transformée sur les versants ensoleillés, il a déclaré s’être senti très vulnérable.

Après ce week-end, la dégradation de sa situation s’est accélérée : il a fini en boitant une marche de trois heures avec sa femme (durée minimale pour ce montagnard), à qui il a demandé de conduire sur le chemin du retour (il ne cède normalement jamais le volant). Il s’est mis ensuite aussi à commencer à avoir mal en faisant du vélo, activité physique jusqu’à présent indolore.

Alors qu’il était ce soir là franchement désagréable avec ma mère, ma mère m’a raconté qu’il avait craqué et lui avait avoué se réveiller dans la nuit sans pouvoir retrouver le sommeil à l’idée d’être aussi handicapé.

 


Comment ne pas compatir à son désarroi ? Lui qui sa vie durant a pris soin de développer son « capital santé » par l’activité physique, la diététique, la naturopathie, lui dont nous avons appris très tôt la locution latine « mens sana in corpore sano », lui qui avait fait de nous alors des originaux parce que nous mangions végétarien bio, avec plein de choses bizarres, des graines germées, de la purée d’amande et j’en passe, lui qui nous a protégé de l’abus d’antibiotiques, mis à la diète et au repos lorsqu’on était malade, toutes ces précautions santé devenues aujourd’hui tendances[1] ; lui qui a toujours considéré que tout n’était qu’une question de volonté, puissance de la volonté qu’il a immense, qui lui a permis de corriger en peu de temps une orthographe défaillante après avoir été très tôt viré de l’école ou d’aller grimper à l’âge de 60 ans des sommets de plus de 6 000 mètres à l’autre bout du monde (moins 10 kilos après la Bolivie tout de même), ou encore de faire obstinément ses exercices de musculation de l’œil qui lui permet à trois ans de sa 7e décennie de ne pas avoir à porter des lunettes, le voici soudain stoppé net par des genoux usés.

 

 


 

 

Comme mon père, j’ai commencé très tôt à perdre mes cheveux. J’avais moins de 20 ans lorsque ma grand-mère maternelle chez qui j’ai habité deux ans après mon bac, m’appliquait avec amour, raie par raie, des ampoules de Foltène, sensées ralentir la chute des cheveux. J’assurais, photo à l’appui de mon père au même âge, que j’en avais plus que lui et que ça devait marcher.
Comme mon père (en fait comme ma grand-mère paternelle), mes cheveux qui n’étaient pas tombés ont aussi très vite blanchi.
Lorsque j’ai approché les âges de la maturité, il m’est arrivé de sursauter en voyant mon reflet dans une glace ou une vitre : physiquement, je ressemblais de plus en plus à mon père, « rien de plus normal, rajoutais-je grinçant, six pieds sous terre, il sera encore plus difficile de nous distinguer.»

Depuis la soirée à la Maroquinerie en décembre[2], je traîne un mal au genou, pas suffisamment handicapant pour que je me résolve à aller voir un rhumatologue.
Les chiens ne font pas des chats.

 

Mourir cela n'est rien
Mourir la belle affaire
Mais vieillir... ô vieillir

 

Jacques Brel (qui partage notamment avec Léo Ferré

d’avoir écrit les chansons les plus « bluesantes »

que je connaisse, à écouter avec modération)

 

 

La fiche chez la libraire Decitre

 

[1] Alexandre Huillet fait dans le Pref  de mai juin 2007 un papier sur la veggie pride, « rassemblement de végétariens et autres végétaliens de tout poil », j’apprends ainsi que mes parents avaient fait de nous des membres de la secte des ovo-lacto-végétariens (ne mangeant de viande mais consommant des produits d’origine animale : œufs, miel et produits laitiers)

[2] http://notesgaydethomas.over-blog.com/archive-12-2006.html (4thy party pour Arnaud et Géraldine à la Maroquinerie)

 

 

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