Gerontophilia

Publié le 29 Mars 2014

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Gerontophilia de Bruce LaBruce

 

 

Cochon Ville de Sébastien Tellier

 

Faut pas dire les vieux, faut dire les seniors ! Encore pire. Cette contraction entre sénilité qui s’ignore... Enfin, ne le prenez pas trop contre vous, moi ce n’est pas par... si c’est aussi par goût de...Enfin je ne veux pas m’attacher à des gens qui vont bientôt partir.

 

Gaspard Proust tapine

 

 

 

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Phanérophobie [1] Poil au…?

 

Qu’on s’entende tout de suite ! Je m’efforcerai d’être le moins objectif possible dans le traitement du sujet qui va suivre.

J’ai mes raisons, et non la moindre, ça me colle dix ans de plus.

Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, il y a « un intérêt croissant pour la pilosité faciale », c’est un fait avéré maintenant que les fabricants de rasoirs reconnaissent un sérieux problème de chiffre d’affaires.

La question ne m’inquiète pas plus que cela, car comme le disait si bien Oscar Wilde : « La mode est une forme de laideur si intolérable qu'il faut en changer tous les six mois.  »

Même s’il y a un monde entre une barbe de trois jours et celle plus ou moins soignée d’un hipster ou la broussaille d’un salafiste, ça commence à durer.

 

 

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Robert Mapplethorpe Ken, Lydia and Tyler 1985

Au Grand Palais actuellement

 

Personnellement, ça m’a passé très vite : j’arborais une tête de Christ entre 16 et 17 ans.

Si on excepte la raison la plus partagée qui est la flemme de se raser tous les jours, et que déjà ça pouvait faire « cool » voire « rebelle », c’était le moyen le plus facile que j’avais dû trouver pour afficher ma virilité exultante. Rien d’original, le poil au visage a toujours été l’attribut le plus visible de l’homme et de son pouvoir.

En Occident, dans un monde d’égalité des sexes, il ne reste aujourd’hui d’exclusivement masculin, que des poils en quantité plus ou moins importante (on excepte les gênes exclusivement asiatiques et africains), le phallus, la masse musculaire et le risque de cancer de la prostate. Et toujours pour aller vite, aux femmes, l’exclusivité des menstrues, de la gestation et la menace d’un cancer des seins.

 

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Frank Schallmaier expo From here on  Arles 2011

 

Même si je comprends ce qui est en jeu, une barbe qui mange le visage d’un beau garçon est, qu’il le veuille ou non, une insulte au Créateur, presque aussi disgracieuse que le voile pour les filles. À tout âge, seul est justifié le poil plus ou moins colonisé pour faire oublier une peau grêlée par l’acné ou autre outrage subi au visage. Pour ce qui me concerne, « no way », même si le sage porte barbe depuis toujours : une repousse blanche me donne un air de Père Noël, auquel je n’ai jamais cru.

Malgré tout, l’industrie du rasage garde le moral. L’obligation d’abaisser le prix prohibitifs de ses lames n’est pas à l’ordre du jour car les capteurs de tendance auraient décelé une autre opportunité pour elle : le manscaping, autrement dit la propension de jeunes américains à se raser autre chose que le visage ou la tête (près de 30 % d’entre eux).

C’est tout de même une curieuse idée que de garder ses poils sur la partie la plus visible de soi et de les chasser sur le reste du corps.

 

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L’article ne dit pas ce que ces hommes rasent. Les épaules ? Les aisselles ? Le torse ? Les jambes ? Le pubis et les couilles ? L’anus ? Tout ça ?

Et pourquoi Diable ? Jeunisme ? Hygiénisme ? Pression de ces dames ou des amants ? Désir d’avoir une peau aussi lisse que celle des femmes ? Hédonisme ? Pour paraître en avoir une plus grande ? Parce qu’ils raffolent des plans rasage ?...

Le sujet doit-il être débroussaillé d’urgence ? Pas sûr, on annonce déjà le retour du poil sur le corps féminin.

[1] Phanérophobie : détestation des poils

 

NGT / Hommes entre eux

NGT / Où sont les hommes

 

Discodéine Singular

 

Gerontophilia de Bruce LaBruce

 

« Anyway ! »Deux sorties de films pour garçons sensibles, cette quinzaine. Dans «  Eastern boys », les jeunes slaves ont le visage glabre, itou pour les deux protagonistes principaux du dernier Bruce LaBruce.  Pas si surprenant de la part du cinéaste « underground » canadien dont le premier film narrait une « love story » gay très « explicite » entre un coiffeur punk joué par lui-même et d’un skin.

 

 

No skin off my ass 1991 Bruce LaBruce

 

De Bruce LaBruce, je n’ai vu que son « Hustler white » dans lequel il filmait les gigolos de Los Angeles (il ne m’en reste que le souvenir d’une incroyable séquence de « foot fucking »).

Avec ce « Gerontophilia », la Bruce abandonne « gore » et porno et fait presque un film grand public, tant dans sa forme que dans son contenu dont il bannit même toute nudité.  Enfin, presque car comme l’indique le titre, il est question d’un jeune garçon qui va délaisser sa copine pour des vieillards lorsqu’à l’occasion d’un bouche à bouche salvateur de l’un d’eux,  il sera pris d’une érection incontrôlable.

 

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Bruce LaBruce The Raspberry Reich 2004

 

Dans ce film, Bruce LaBruce s’attaque au tabou sociétal ultime (après la pédophilie, sujet plus « punk », mais difficile à vendre) : la vieillesse et corrélativement les relations sexuelles intergénérationnelles. Pour LaBruce, ce tabou serait devenu particulièrement fort dans « le monde gay » qui « est devenu très conservateur » et qui «a perdu sa radicalité.» Le cinéaste n’hésite pas à parler même de «fascisme corporel» agitant la communauté.

 

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Mon cher Bruce, comment ne pas adhérer à ton combat ? Quelle parfaite histoire fantasmatique pour un néo "senior" ! Ton jeune acteur, Pierre-Gabriel Lajoie est vraiment trop « cute » [kioute], on file derechef voir ton film.

 

NGT / Skin and bones

 

Mémo perso : Avec tout ça, ne pas oublier d’aller accomplir son devoir électoral ce week-end

 

 

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #culture gay, #les années, #vivre, #mâlitude,, #intergénérationnel, #ciné-séries

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