Publié le 9 Août 2011

 

sunilguptaexilesnehruparke1986.jpeg

 

Sunil Gupta Exiles/Nehru Park 1986

 

 

Clair au crépuscule

 

Je demandai à Géraldine si elle avait vu l’exposition  « Crime et châtiment ». Comme elle me répondit par la négative, je continuai :

- Ça ne peut qu’être bien avec Jean Clair et Badinter aux commandes.

-  Jean Clair ? Encore lui !

- Je suis le premier à râler contre les places monopolisées par une minorité mais quand le mec est bon, tant mieux !  « Mélancolie : génie et folie en Occident » qu’il a monté restera pour moi dans les annales des grandes expositions d’art. »

 

Je n’ai finalement pas vu « Crime et châtiment ». A deux reprises, la longue queue de visiteurs à l’entrée m’a coupé l’envie d’y pénétrer. La deuxième fois, pour me donner une idée de son contenu, j’ai acheté à la librairie le « Connaissance des arts » publié pour l’occasion.

J’aurais dû acheter un billet coupe-file comme pour « Mélancolie » mais le républicain a toujours du mal à accepter l’idée du « gold member » qui passe devant tout le monde parce qu’il peut payer plus cher.

 

Dans le sac de voyage j’ai glissé le dernier livre de Jean Clair « l’hiver de la culture ».

Un petit livre pensé pamphlet contre la « décadence » du monde de l’art.

N’est pas Juvénal qui veut ! Le radotage d’un vieux réactionnaire en dépression se confirmait à la relecture.

Avoir un CV pareil pour en arriver à un tel état d’esprit, c’est désespérant... et désespéré.

 

  RonMuek2.jpg

 

Ron Muek

 

Oui, Jean, je suis d’accord avec toi sur le fait que toutes ces foules dans les musées qui n’entendent rien à l’art, c’est insupportable. A cet égard, avec mon copain Goran, un jour, on a imaginé un certain nombre de moyens pour gérer le flux et préserver les œuvres : un petit QCM à l’entrée avec quelques questions simples qu’il faut réussir pour avoir le droit de visiter, un « circuit chef -d’œuvres » sur tapis roulant, et un tirage grand format de la Joconde à la place de l’original.

Goran, encore plus que moi-même (il est directement concerné), trouve intolérable tous ces talents qui vivotent quand on voit le prix de certaines merdes chez Sotheby's ou Christie’s.

Oui Jeannot, je suis parfois d’accord avec ton analyse, mais je t’assure, tu vas mal, tu devrais consulter !

Avoir passé tant d’années aux avant-postes de l’art moderne et contemporain pour parvenir notamment à la conclusion que seule l’œuvre d’Art sacré peut avoir du sens pour ceux qui la regardent, et encore à la condition d’être croyant dans la religion pour laquelle elle a été réalisée, ça pose problème tout de même ?

 

Le ministère de ce grand écrivain aurait entre-temps parcouru les étapes descendantes, du high art au low art, du grand art à l’art « moyen », et du culte au culturel. S’il avance, dans L’Irréel, que l’art est la dernière entreprise qui nous relie au sacré lorsque les dieux sont morts, s’il affirme que c’est lorsque les dieux sont morts que l’art enfin peut s’accomplir comme pure connaissance de lui-même, cet hégélianisme du monde des formes suppose à l’histoire des sociétés une téléologie qui la dépasse, et qui n’a jamais eu la force des théologies. [...] p. 44

 

 

Les comptes-rendus du journaliste du Figaro et de deux acteurs du monde l'art 

(le PDG de Sothby's France et Antoine de Galbert, collectionneur et créateur de la Maison Rouge)

 

tumblr_lnr6yw8ZWa1qgud7eo1_500.jpg

 

Paris-Delhi-Bombay... couleur arc en ciel

 

Ce week-end, avec Gabriel, on a dû passer près de trois heures au Centre Pompidou dans l’exposition Paris-Delhi-Bombay..., que Jean Clair aurait sans doute détestée, notamment parce que son intention est de toute évidence de « faire résonner entre elles les cultures et les identités différentes » et d’ « aller dans le sens de la globalisation »[1] :

 

La thématique de l’identité accorde une place significative aux LGBT, d’abord avec la série photo « Sun City » de Sunil Gupta, photographe et militant actif pour la défense des droits des homosexuels en Inde, qui met en images des aventures "extraconjugales" d’un indien à Paris impossibles en Inde, ensuite avec Tejal Shah et le français Kader Attia qui ont travaillé sur la question transgenre.

Ce dernier propose des « collages » vidéo d’images tournées à Paris, Alger et Bombay, lors de ses entrevues avec trois transexuelles, française, algérienne et indienne dont il fera se rencontrer deux d'entre elles. Au-delà, de la question du genre et de la sexualité, «l’œuvre Collages questionne les rapports tradition/modernité et Orient/Occident.»[2]


[1] Page 44 de l’ouvrage

 

Sunil Gupta Sun City

 

-
Des « non qui signifient oui »

 

Au lieu de hocher la tête comme nous, ils la secouent, comme quand nous disons non : la différence de geste n’en est pas moins énorme. Leur non qui signifie oui consiste dans une ondulation de la tête (leur tête brune, dansante, avec cette pauvre peau noire, qui est la couleur la plus belle que puisse avoir une peau), avec tendresse, dans un geste empreint de douceur : « Pauvre de moi, je dis oui, mais je ne sais pas si c’est possible ! », et d’embarras, en même temps : « Pourquoi pas ? », de peur : « C’est si difficile », et même de coquetterie : « Je suis tout pour toi. » La tête monte et baisse, comme légèrement détachée du cou, et les épaules ondulent également un peu, avec un geste de jeune fille qui vainc sa pudeur et montre effrontément son affection. (...)

 

L’odeur de l’Inde (1961)- Pier Paolo Pasolini

 

 

tajmahalcorinnevionnet.jpg

 

Photos opportunities Corinne Vionnet

 

 

City-Poster-A-ankara.jpg

 

The Face of Tomorrow - Mike Mike (Istanbul)

 

Casting

 

Le générique de début du film Absent de Marco Berger permet d’admirer en très gros plans chacune des parties de l’anatomie d’un jeune homme en slip. On apprend de cette visite médicale une information d’importance pour la suite du film : ce garçon qui s’appelle Martin est censé avoir 16 ans.

Du coup, la vraisemblance de l’enchaînement de circonstances qui va conduire le professeur de gym à l’héberger Martin - qui pourrait être en 2e ou 3e année de faculté - malgré le risque d’être soupçonné de détournement de mineur, fait défaut, ce qui est tout de même gênant. 

L’erreur de casting est-elle assumée ? S’agit-il d’un choix visant à neutraliser le caractère sulfureux du sujet1 ? Ou à donner un rôle à un (petit) copain ? Ou encore à pouvoir diriger un garçon plus conforme à la libido de son réalisateur ? ...

 

 

absentmarcoberger.jpg

 

C’est dommage car après Plan B, Marco Berger confirme un talent certain à faire des films aussi tendus que pudiques sur « l’amour qui n’ose dire son nom ».

 

Aucune erreur de casting en revanche pour « J’aime regarder les filles », le premier film de Frédéric Louf. Malgré ses 22 ans, Pierre Niney est formidable en «Primo » redoublant son bac en 1981. On a pensé qu’en 2011, Maxime s’identifierait spontanément à ce garçon mais pour lui, il le sait, le redoublement de la terminale est exclu.

 

 

 

 

vincenzogaldi3.jpg

 

Photo : Vincenzo Galdi

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #culture gay, #expos, #livres

Repost0