Publié le 25 Mars 2012

 

 

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Mon voyage d'hiver de Vincent Dieutre (2003)

 

 

 

 

Entre autres critères de sélection des films présentés dans ce festival du cinéma du réel, son directeur évoque dans l’entretien qu’il nous a accordé « la résistance aux modes », en citant par exemple celle de « l’intime », à son grand soulagement révolue.

A l’aune de sa « profession de foi », il est plutôt amusant de trouver au programme de ce festival, deux films de Vincent Dieutre, son premier, « Rome désolée » et son dernier « Jaurès » en film de clôture, car si les films de Dieutre ne relèvent pas de « l’intime », où se niche donc ce dernier ?

Mis bout à bout, ses films écrits à la première personne peuvent relever du journal, mais le plus souvent d'un journal réécrit a posteriori, passé au filtre de la mémoire et de l’écriture, un journal « extime », pour l’intime rendu public, mais aussi pour l’exploration plus que l’introspection. Et puis, il y a une forme, un style.

 

 

 

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Despues de la revolucion de Vincent Dieutre (2007)

 

 

L’intime de Vincent Dieutre n’est pas à mettre à la portée de tous publics. Sexualité homosexuelle jamais mise en veille, usage de drogues pas seulement récréatives, maladie et disparitions ponctuent récit et réflexions, le plus naturellement du monde, sans jamais vraiment nous faire plonger dans le sordide. Comme chez Hervé Guibert, on croît reconnaître dans cette étrangeté, la marque du détour de l’art.

 

Avant la projection de son « Rome désolé », l’auteur arborant une belle mine radieuse qu’on ne lui connaissait pas, livra quelques repères à la salle du Nouveau Latina aux trois quart pleine.

Ce film d’une heure dix est sorti la première fois il y a 16 ans, en 1995 ; il a été écrit « comme une nécessité » après que les images (en 16 mm) et le son fussent pris (j’ai lu depuis que Dieutre procède en général ainsi).

 

 

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La discothèque l'Alibi dans le Testaccio à Rome

 

 

C’est un film de jeunesse. Au commencement, Vincent et une amie parce qu’ils n’ont pas le sou, ont préféré dormir dans une salle d’attente de la gare Termini plutôt que dans un square toujours plus périlleux (je m’étonne qu’il n’évoque pas comme troisième possibilité, celle d’aller coucher chez une rencontre d’un soir). A la place, il fera mal au cul d’un petit homme en uniforme le long de la voie ferrée, avant de retrouver son amie éveillée et résolue à rester clean.

 

L’héroïne et autres substances tiennent une place centrale dans ce film, ce qui déteint forcément sur l’agenda de l’auteur, sur le détachement ou empêchement d’affection, avec lequel il semble croiser des gens.

Les images elles-mêmes sont à l’unisson : de longs plans fixes d’une caméra abandonnée au sol alternent avec des enregistrements trashy de spots publicitaires et d’images d’actualité sur la RAI, tout aussi abrutis.

 

 

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Ezra Miller dans Another happy day

 

Les rues de Rome entrevues, me paraissent d’un temps plus lointain que les années 90. Je scrute les voitures pour aussitôt regretter mon absence de culture automobile. Le programme du festival qui fait référence à « l’implacable réalité de la vie d’un jeune homosexuel dans les années 80 » et une bourse de la « Villa Médicis  hors les murs » obtenue en 1989 répondent à mon interrogation.

 

 

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Anders Danielsen Lie dans Oslo 31 Août 

 

 

A la sortie de la projection, sur le trottoir devant le cinéma, une femme enthousiaste questionnait la représentante de l'ACID qui avait pour sa sortie soutenu le film (avec un nom pareil, vu son sujet, une aide pouvait-elle décemment être refusée à Rome désolée ?).

Comme cette dernière manifestait de manière un peu trop évidente son désir de fumer sa clope sans avoir à subir l’assaut des questions d’une néophyte de Dieutre, j’ai pris le relais :

« Je vous recommande mon préféré, Mon voyage en hiver, un film axé sur la question de la transmission, sur son amour de la culture allemande, avec Schubert en contrepoint musical. Le premier que j’ai vu également, Leçons de ténèbres (un opus de Couperin qui accompagne le film), qui croise des questions intimes avec le beau, l’art, la peinture ténébriste... »

Elle a parlé de Duras et de Lettre d’amour en Somalie de Frédéric Mitterrand. J’acquiesçai à sa comparaison : « c’est la première fois pourtant que je trouve le film autant littéraire, et plus faiblement cinématographique. » Elle a dit alors son intérêt pour le travail sur le décalage images/son et le texte qu’elle trouve admirable et qu’elle aimerait bien retrouver.

On s’est promis d’aller voir « Jaurès » en film de clôture du festival.

 

 

 

 

 Nocturne romain. Rome désolée, de Vincent Dieutre par Gérard Lefort

  

Homophobie à l'italienne diffusé sur Arte (non vu)

 

Comment le tabou de la drogue est tombé - Télérama 16 juin 2011

 

 

NGT/ Voyage d'hiver  

  

 

 

 

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 Tony Patrioli série Mediterraneo

 

 

 

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #culture gay, #ciné-séries, #les années, #intergénérationnel

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