Publié le 22 Août 2012

 

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Photo : Joe Routon

 

 

 

Sans hésitation,  le meilleur du Myanmar, c’est sa population. Partout, à tout âge, les birmans vous gratifient d’un vrai regard, comme on n’en croise que très rarement en Europe, toujours accompagné d’un sourire bienveillant. A votre passage, quelque soit votre moyen de transport, les « mingalaba » ou « hello », ne cessent de fuser. Ici, l’étranger est bienvenu et les parents apprennent à leurs bambins à le saluer.

Si votre interlocuteur, le plus souvent un garçon, maîtrise un peu de « globish », de sa bouche, malheureusement de moins en moins appétissante avec les années de mastication du bétel,  sortiront peut-être d’inoubliables gentillesses, telles que «Oh ? you look younger »[1] ou «you are very handsome »[2].

Bref, surtout si l’âge vous donne en Occident de plus en plus l’impression de devenir « l’homme invisible », voire de vous réincarner lentement mais sûrement en crapaud fatigué, payez-vous donc le luxe d’une délicieuse métamorphose, et devenez, le temps du voyage, une star parfois fatiguée par sa tournée triomphale.

 

[1] Oh ? Vous paraissez plus jeune.

[2] Vous êtes bel homme.

 

 

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Source

 

 

De surcroît, comme partout en Asie, le bouddhisme omniprésent fait de ce pays une destination plutôt « gay friendly » : « une femme birmane en compagnie d’un homme étranger, écrit le Lonely Planet, soulèvera plus de réprobation que deux voyageurs étrangers de même sexe partageant une chambre ». Dans le pire des cas, toujours selon le guide, on pensera que vous avez commis « un acte sexuel répréhensible (comme l’adultère) dans une vie antérieure ».  

Euh ! Faut-il rajouter que cette destination, ravira les esthètes d’une jeunesse svelte et imberbe, plus sûrement que les amateurs d’une masculinité à base de poils, de muscles hypertrophiés ou de graisse généreuse ?

 

 

 

 
 
 

 

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Chroniques birmanes de Guy Delisle

 

 

Quoi qu’il en soit, faites vite car la démocratie de marché et le tourisme de masse pointent leur nez et avec eux, inéluctablement, la fin du miracle.

 

Cet été, de nouveau, on a fait le voyage à quatre copines. À bien des égards, ce fut très reposant. Avec toujours une longueur d’avance sur le couple d’incorrigibles cigales que nous formons avec Gabriel, Jorge incroyable planificateur, nous soumettait toujours d’impeccables « arbres de décision » qui prévenaient toute prise de tête dans l’organisation en chantier de notre voyage. Quant à Darek, qui s’est étranglé chaque fois de fureur au constat de notre talent pour nourrir la flambée en cours des prix, on a fini par lui confier la mission permanente de négocier le prix de tout et n’importe quoi, qu’il remplit avec une redoutable efficacité.

 

Le déluge sur Yangon, façon mousson indienne avec obscurité en plein jour, c’était prévu, et on l’a eu. En revanche, on n’avait pas du tout envisagé de se prendre sur la gueule dans la région du lac Inle, les restes d’un cyclone en provenance du Golfe du Bengale.

J’ai même failli avoir froid avec mon vêtement le plus chaud, un pull en coton. Rando bien évidemment exclue : une magnifique paire de chaussures de marche pour climat tropical humide neuve achetée pour l’occasion se languira dans mon sac. Petite consolation : on a enfin amorti la cape de pluie et le Yunnan voisin était lui inondé.

 

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Autant dire que le soleil de plomb qui tapait une bonne partie de la journée sur Bagan nous a mis en joie. Enfin, surtout au début car dès 11H du matin, c’était l’enfer. Alors, ça coulait de sens, il fallait se lever plus tôt. Gabriel défendit autant qu’il put nos nuits d’adolescents, qui sous ces latitudes frisent parfois même les nuits de bébés.

Pourquoi est-ce si dur de se lever tôt le matin alors qu’il fait pour si peu de temps presque délicieusement frais ?

Ce matin-là les frangipaniers eux-mêmes semblaient succomber à la sécheresse qui n’en finissait plus : le gazon sur lequel était servi le petit-déjeuner était parsemé de leurs fleurs blanches tombées au combat. J’en portai immédiatement une à mon nez et aspirait profondément son parfum lourd, presque chimique, qui me rappelle invariablement les offrandes faites un peu partout sur l’île de Bali. J’en ramassais trois autres que je posai sur la table où s’étaient depuis un certain temps installés mes compagnons qui comme d’habitude m’avaient devancés.

 

 

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La conversation roula sur un terrain dont j’eus immédiatement la prémonition qu’elle serait désagréable à mon encontre...

Lorsque que la confrontation d’arguments s’épuisa et que Gabriel et Jorge eurent quitté la table, je terminai ma tasse de café en compagnie de Darek qui allumait sa première cigarette de la journée. A la première bouffée, je n’ai pas dû réprimer une légère grimace ou un mouvement de recul et Darek m’a proposé de s’éloigner. Quoique fumeur (Ma première vient toutefois beaucoup plus tard), ce matin-là je me sentais le nez sensible et j’acceptai.

 

Était-ce l’énervement ? J'étais déjà un peu en nage en enfourchant le vélo et j’annonçai : « Alerte pollution maximale ! Veuillez respecter les distances de sécurité : j’ai remis une chemise déjà portée ».

J’entendis alors la voix de Jorge : « Thomas, je regrette de devoir te dire quelque chose de désagréable : tu sens très souvent la transpiration ; pas seulement ici, à Paris également. Je ne te l’ai jamais dit parce que je suis Français et que culturellement, ça ne se fait pas. » [...]

 

 

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Très violent ! J’étais sidéré, blessé, KO, sonné. Gabriel idem, qui s’est ensuite reproché d’avoir eu l’esprit d’escalier.

Que dire après cela ?.... Ce fut d’ailleurs le problème pendant longtemps. Rien, bien sûr. Je suis le premier à affirmer que la famille et les amis, ça sert à ça : dire ce que les autres ne vous diront pas.

Que dire ? Rien. Juste faire. Depuis l’incident, je suis bourré de tocs : je ne cesse de renifler mes vêtements, file sous la douche et me rince les aisselles à la moindre occasion, change de vêtements toutes les deux minutes, et bien sûr j’ai depuis hier dans mon baise- en-ville, le cosmétique depuis toujours honni : un déo.

....  ........   ..... Non. Inutile d'insister.... NON, je ne me raserai pas les aisselles. JAMAIS !

 

 

Post Scriptum : Le mot « musqué » a pour origine muscus du bas latin, « emprunté au grec ancien, lui-même emprunté au persan musk, de même sens, qui viendrait soit du sanskrit (« testicule »), soit de l’iranien muska (« testicule »).

« Madre mia ! », Ce n’est pas gagné !

 

 

 

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J’ai posé la canette sur le tapis roulant et j’ai dit :

- Et un paquet de Marlboro Light.

Il m’a fait un sourire amical, un genre de petit sourire crâne du coin des lèvres, et a tendu la main au-dessus de sa tête pour attraper les cigarettes. Il avait de larges auréoles humides sous les aisselles. Ça m’a excité. Je ne transpirais jamais, et cela me donnait l’impression d’être une fille. Je détestais ça, ne pas transpirer. Parfois, quand Natalie et moi partions nous balader en ville, j’utilisais son brumisateur pour mouiller ma chemise sur le devant et sous les bras.

 

Courir avec des ciseaux d’Augusten Burroughs (poche 10-18)

 

 

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Les odeurs dans tous les sens - INRA juin 2008

Pourquoi on transpire, pourquoi ça sent mauvais - Sante.journaldefemmes

Les français se lavent - L’Express février 1995

L’hygiène pas vraiment le propre de l’homme - Le Point septembre 2008

 

10 trucs contre la transpiration des aisselles  -

L'odeur de notre corps révèle notre âge - Le Figaro juin 2012

 

 Deux ou trois choses sur le Myanmar - Altersexualités juin 2007

Portraits birmans de Sébastien Ortiz

 

 

 
 
"Je voudrais tant être tel que tu me voudrais" par Georges Boulanger, découvert grâce au virtuose Pavel Sporcl et son Romano Stilo de passage au festival de L.
 

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #touriste, #les amis

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