« Vous êtes joli, vous. Déjà connu l'homme ? »

Publié le 16 Novembre 2006

 

Rendez vous manqué Quai de Seine

26/06/2006

 

Une table face à la mienne, en terrasse.

LUI, jeune arabe à l’allure presque asiatique. Coupe courte de ses cheveux noirs peignés au gel. Une ligne de barbe rasée descend de sa patte façon racaille le long de sa mâchoire. Peau très mate. Beaux yeux noirs plissés, bouche mauve joliment dessinée. Mince sous son tee-shirt noir à manches longues à l’imprimé « fashion ». Longs avant-bras et mains fines. Bijoux et mp3.

 

Ondulant avec grâce entre les tables avec son plateau, ELLE.

Son jean taille basse découvrant la peau de sa taille nue. Longs cheveux blonds ondulés. Sourire aux lèvres.

 

Il ne la quitte pas des yeux. Qu’elle lui tourne le dos et son regard descend hypnotisé par sa taille dénudée. Qu’elle disparaisse et il guette son retour en fixant la porte du restaurant. Il allume une clope, se ronge les ongles, lui commande un autre café. Nouvelle clope, poursuite des yeux irrépréhensible maintenant avec un billet de 10 euros à la main.

 

L’argent n’y a rien changé, il n’a pas réussi à capter son regard. Le pas un peu lourd, il finit par se lever pour régler son addition à l’intérieur.

 

Manège du désir contrarié, manège de la frustration sexuelle : la sienne, la mienne.

 

Comment inscrire cela dans une image ?

 

Art conceptuel : participez à une œuvre collective jouissive !

 

Le kit du donneur est fourni. Pour participer envoyer son sperme à Philippe Meste qui doit remplir un cube transparent d’1m3 (1000 litres congelés).

 

Le sperme, c’est son truc à Philippe Meste : par le truchement de ses Miroirs (2002-2003), il éclaboussait le visiteur de sa semence. Avec Aquarelles (1995), il éjaculait sur les pages de magazines de mode : « Je considère mes taches de sperme comme un hommage à la beauté », expliquait- il alors (Cf « Mauvais genre(s) – érotisme, pornographie, art contemporain » de Dominique Baqué aux Editions du Regard)

 

Provocation, cri de rage, naïveté ? Il y un peu de tout cela dans l’œuvre de Philippe Meste. Fasciné par le cinéma porno — qui est selon lui le seul possible aujourd’hui —, l’artiste transforme le spectateur en icône du monde actuel. Par l’entremise du miroir, il éjacule sur le spectateur pour l’« élever » au rang d’idole, pour tenter de mettre au même niveau la Pietà et la porno-star.

Ces manifestations crues sont incontestablement travaillées par des fantasmes réprimés, par une volonté de transgresser les règles morales et de franchir les limites de la bienséance. Mais , bien que Philippe Meste s’en défende, Miroir n’est pas sans rappeler les performances des années soixante-dix, comme celle où Vito Acconci se masturbait sous le parquet de la Sonnabend Gallery (janvier 1972).

 

http://www.paris-art.com/lieu_detail-661.html

 

 

 

 

 

« Vous êtes joli, vous. Déjà connu l’homme ? »

 

Jack Lang est en pleine conversation avec des militants réunis à la Mutualité et Marc Lamour, en attendant de pouvoir le féliciter pour son discours, finit des gâteaux entamés sur les tables, quand quelqu’un surgit et lui dit : « Mais, ma tarte aux fraises ? » Marc lui répond : « Vous êtes joli, vous. Déjà connu l’homme ? »

 

Libération - Nuits blanches par Eric Dahan (26/6/6)

 

 

 

 

Echo Park LA de Richard Glazer et Wash Westmoreland

07/07/2006

 

Titre original : Quinceañeria (grande célébration qui a lieu pour l'anniversaire des quinze ans d’une jeune fille, une tradition encore très vivace au sein de la communauté latino-américaine)

 

Vie d’un quartier latino qui se « boboïse ». Magdalena, qui doit fêter sa Quinceañeria, parce qu’elle est tombé enceinte, trouve refuge chez le « tio », un vieil oncle célibataire ( ?!), qui héberge déjà son cousin Carlos, viré de chez lui parce qu’il a un comportement déviant (son père l’a surpris en train de visiter un site gay). Un couple de gays vient de s’installer dans la maison voisine qu’il a achetée pour une fortune tout comme celle louée par le grand-oncle. Invité par l’un à la crémaillère (toute la communauté bande pour les latinos), Carlos, ivre, se fera dépuceler par le couple. Carlos va alors connaître avec l’autre homme sa première histoire d’amour et sa première déception amoureuse lorsqu’il l’entendra dire à son ami qui lui demande d’arrêter cette relation que Carlos n’est qu’un bon coup. Pour mettre un terme à la tentation, le couple résilie le bail du vieil oncle. Magdalena devra également faire le deuil de son histoire d’amour avec le garçon qui l’a mise enceinte en l’arrosant uniquement sans la pénétrer (son hymen est intact « comme la Vierge Marie ), écartée par la mère du garçon qui veut donner à son fils toutes les chances de poursuivre de brillantes études. D’abord franchement hostiles, les relations entre les deux cousins vont évoluer face à l’adversité et Carlos si rugueux propose à sa cousine de former avec le Tio, un couple à trois, lui travaillant, elle étudiant et l’oncle gardant le bébé. Le film se clôt d’abord sur le discours émouvant de Carlos lors de l’enterrement de l’oncle tué par l’obligation de devoir abandonner son beau jardin, puis sur la Quinceañeria de Magdalena le ventre rond, escorté par Carlos vêtu de blanc, tout deux réconciliés avec leur famille.

 

Du vécu par les réalisateurs et les acteurs non professionnels qui habitent ce quartier.

 

PS La plaquette de promotion de 4 pages ne fait aucunement référence aux personnages homos de ce film, ce qui est tout de même un comble. Le distributeur a certainement de bonnes raisons de penser que cela priverait le film d’un nombre non négligeable de spectateurs. Quant à l’excuse d’une omission visant à ne pas dévoiler un élément de l’intrigue, elle est irrecevable. D’ailleurs, je viens de lire qu’un journaliste de Têtu a lui aussi remarqué cette anomalie et partage ma petite indignation.

 

Plaidoyer pro bobos 

 

Marre de la charge habituelle contre les bobos (dernière en date celle de Maria) ! Un bobo, c’est quand même plus sympa qu’un bourgeois tout court ! Contraction de l’expression « bourgeois bohème », inventé par le journaliste américain David Brooks en 2000 dans le livre Bobos in Paradise, pour désigner une catégorie socioprofessionnelle aisée, progressiste, de métier fortement intellectuel (enseignement, par exemple), habitant des grands centres urbains, souvent dans des quartiers autrefois populaires et se distinguant par son mode de consommation (logement, alimentation, loisirs). Dans cette définition trouvée sur Wipikédia, pas vraiment de quoi en faire le bouc émissaire des malheurs de la société française, à part celui d’avoir à la fois des conditions de vie matérielles privilégiées, un mode de vie décontracté et d’être attaché à des valeurs humanistes et progressistes (de gauche donc, une certaine affection pour la figure du révolté, des soucis écologiques et de justice sociale).

 

Franchement ! Ce personnage paradoxal n’est-il pas plus intéressant et sympathique que le bourgeois tout court, par nature conservateur et conformiste ?

 

Comme l’expression « gauche caviar » dans les années 80, la figure du « bobo » a été récupérée péjorativement par la droite conservatrice pour ridiculiser les influents promoteurs d’idées et de projets progressistes, mais aussi par les déçus du passage au pouvoir de la gauche.

 

 

 

Car enfin, les bobos ne sont-ils pas la mauvaise conscience d’un pays qui, avec la crise du politique devient de plus en plus conservateur ?

 

La « sarkozysation des esprits » en marche conduit même à ce qu’une Maria, qu’on pouvait jusqu’à présent situer à gauche sur l’échiquier politique, reproche aux bobos leur insensibilité au problème de l’insécurité dans les banlieues (ils la nieraient parce qu’ils ne la vivent pas dans leur beaux quartiers), tout comme celui lié de l’immigration non contrôlée et du laxisme des politiques sécuritaires (ils sont cosmopolites et ont un problème non réglé avec l’ordre policier). Navrant surtout si on n’oublie pas que c’est le nabot qui a déclenché par ses provocations les émeutes historiques de 2005 !

 

"Qui aurait envie de fourrer sa langue dans une perruque ?" Lucky, internaute
A propos de la vogue de l’épilation intégrale chez les femmes.
 
« Ça m’a immédiatement replongé en enfance, c’est perturbant, mais excitant. On redécouvre le contact du tissu sur une peau sensible. Et des sensations peau avec peau avec l’homme, épilé lui aussi, tout à fait inoubliables. » (…) Les hommes s’y mettent eux aussi. Comme ce petit papy qui a demandé l’intégral. Mady : « Ah mon pauvre monsieur, vous allez à l’hôpital ? » Pas du tout, lui a répondu l’ancien d’un air gourmand, « j’ai une partouze demain, et mes maîtres m’aiment bien lisse. »
 
 

 

 

Arrêter de fumer tue[1]

 

Après le pacs, le patch. 3e jour. Ça ne va pas si mal, même si j’ai clopé ce matin la dernière Chesterfield qui m’obsédait derrière la deuxième rangée de livres de la bibliothèque.

 


[1] Référence à un excellent doc d’un mec qui fait de cette épreuve un journal très drôle.

 

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #Paris, #sex, #ciné-séries, #culture gay, #livres, #addiction, #vivre ensemble

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