Publié le 18 Août 2011
Dans la fenêtre de la chambre, encadrée, la majestueuse silhouette du volcan ; du cabinet de toilette, le regard plonge sur le chantier.
Comme la veille, le garçon remarquable se tient, désoeuvré.
L’œil sur ses tatouages, lentement, il apporte la scie demandée.
Le jeune homme allume maintenant une cigarette.
Au fond du garage, empilés, des cercueils.
Un air de vanité, ce spectacle matinal, dira Jorge.
- On peut échanger nos places, m’a-t-il dit, à peine installé.
- Pas de problème. ( ?)
- Parce que je sais que si je reste ici, je vais passer le repas à loucher sur la gauche.
De regarder en coin à mon tour : Un beau gosse fait face à sa petite amie. Sur sa tête une casquette qui renforce son air de Noureïev jeune...
Je n’ai pas louché, ni tendu l’oreille. Va savoir pourquoi ? En sortant de table, les garçons m’ont dit qu’il avait l’air con comme un manche :
- Ah bon ?
- Il n’arrêtait pas de parler de sa mère à sa copine.
- A cet âge, on parle encore beaucoup de sa mère non ?
Rochers Carrés - Kader Attia 2009
L’héritage colonial du Portugal est bien visible : Lisbonne ne manque pas d’africains que l’on imagine provenir du Cap Vert, d’Angola ou du Mozambique.
Sur le bateau, on s’est assis devant l’un d’eux, un jeune, qui très vite nous fit profiter de la musique qu’il écoutait, du reggae d’abord, puis un titre africain que je reconnus...
Le garçon vient de Guinée (Conakry) via le Sénégal où il a fait ses études, et Evry où il a travaillé. Ici, il a bossé comme chauffeur-livreur mais ça fait huit mois qu’il est au chômage.
Nous avons convenu que la vie à Lisbonne était beaucoup moins chère qu’en région parisienne (Il dit qu’on peut s’y loger pour 250 euros). Pourtant, il est en train d’envisager de retourner en France pour voir s’il n’y a pas plus de travail qu’ici.
P.S. La Fondation Gulbenkian nous a réservé deux surprises. Une mauvaise, son musée d’art moderne était fermé pour cause d’installation de la prochaine exposition ; l’une très bonne, une sélection de travaux photographiques présentés aux 9e Rencontres de Bamako : Fronteiras sur le thème des migrations africaines...
Au pied de la falaise d’Almada, la marée en descendant a laissé place à une petite plage pour garçons audacieux.
Des eaux glacées et puantes, l’aîné s’extrait ruisselant, s’ébroue et s’assoit.
Son long dos pain d’épice frissonne, offert au regard du passant ; ses cheveux noirs gominés par le bain surmontent une nuque aimante...
On retrouve le jeune homme, torse nu, à côté du café, face au quai de Cacilhas, un pantalon coupé en guise de short.
Un homme le visage mangé par une barbe de plusieurs jours morigène d’une voix d’ivrogne la fille qui se tient à côté du garçon. Tous deux l’écoutent en silence puis s’en vont.
Comme le vieux leur crie encore quelque chose, le garçon se retourne, lui tire lentement la langue et rit de toutes ses dents écartées... Pier Paolo l’aurait aimé.
Konrad Helbig - Sicile 1950-1955
Sous le pécher céladon,
flotte un parfum
de joli mitron.
(Sao Roque do P.)