Tatoués

Publié le 21 Juin 2008

Sur une musique forcément rock, les garçons se donnent sans compter sur la partie « biceps ». Les biceps, c’est leur affaire, une affaire de mecs. Les filles, elles, ont allégé la charge. Pour ma part, j’ai toujours trouvé ce petit muscle rond un tantinet ridicule, ma préférence va à son frère de l’arrière, le triceps, muscle long. Alors, je me déconcentre et jette des coups d’œil sur la gauche du miroir vers un autre bras contracté et recouvert d’un tatouage, en pensant dire à son propriétaire : « les biceps, c’est le tatouage en gloire ».

http://www.agencevu.com/ Isabel Munoz

Au vestiaire, tandis que je me désape pour la douche, à quelques mètres de moi, le dos tourné au trois quart, il ôte son débardeur et révèle sur un buste musculeux l’intégralité de ses tatouages, et je me décide à engager la conversation :

- Alors, tu as choisi le motif de ton prochain tatouage ?

- ... Oui, une carpe japonaise.

- Où vas-tu la placer ?

- Dans le prolongement du grand tatouage. (Je comprends sur la fesse.)

- Logique ! ça fera une belle diagonale.

- c’est un débutant qui va me la faire.

- Tu aimes le risque ? Faut pas se louper pour ce genre de travail !

- Le petit, c’est un tatoueur connu qui me l’a fait, mais le grand, c’est lui.

- Ah bon ? Beau travail !

- Il me l’a fait à main levée - en général, les tatoueurs travaillent avec un calque.

- Avec un tel talent, il ne va pas rester longtemps débutant, ton tatoueur.

Quinze jours auparavant

A mes côtés, son frère se met torse nu pour enfiler son débardeur et révèle un tatouage débordant l’omoplate.

- Beau tatouage ! Tu as souffert combien de temps pour te le faire faire ?

- 12 heures, deux fois 6 heures de travail.

Il me parle de son frère qui s’en est fait faire deux beaucoup plus grands et qui projette un nouveau tatouage.

- Il est plus fana que moi, moi de toute façon, ma copine refuse que j’aille au-delà. (Il a une copine !)

- Ce n’est pas forcément facile le port du tatouage. Même si le (petit) tatouage, c’est aujourd’hui « tendance », pour moi, je l’associe plutôt à la marginalité : les malfrats – les yakusas par exemple au Japon -, la prison,... le tatouage sur les doigts, les points, ...

- ... « Mort aux vaches ». Mais, il y a aussi les tatouages tribaux, maoris par exemple.

- Des tatouages de guerriers, non ? C’est vrai qu’il y aussi les marins. Je me rappelle également que j’avais découvert que les anglais étaient souvent tatoués... peut-être parce que l’insularité produit davantage de marins.

Les deux frères sont eurasiens (franco-japonais ?) et j’ai longtemps pensé qu’ils étaient jumeaux même s’ils ne se ressemblent pas, jusqu’à ce que je leur demande ce qu’il en était. Ils m’avaient répondu de conserve avec un franc sourire que c’était presque ça puisqu’ils avaient onze mois d’écart. Tiens ?! Les onze mois d’écart que j’ai avec ma sœur[1] - ma mère et Gabriel m’ont tout deux récemment dit que si nous n’étions pas tous deux jumeaux, c’était tout comme.

[1] http://notesgaydethomas.over-blog.com/ ce que je sais des filles

Une semaine plus tard

- J’ai pensé à vous cette semaine, vous n’avez pas lu Courrier International , il y a un article sur les Maras ces gangs très violents originaires d’Amérique centrale, qui arborent d’impressionnants tatouages.

- Ensemble : non ?

- De magnifiques clichés de la photographe Isabel Munoz illustrent l’article. Elle a shooté quelques uns de ces garçons en prison avec des détails de leurs tatouages,... notamment un très beau sur les côtes de l’un d’entre eux...

- Quel genre de tatouage ? m’a demandé le « petit » frère (en taille) le plus porté sur le sujet

- Euh, figuratif... pas stylisé.

En fait, l’article sur les Maras faisait partie d’un dossier plus large sur le phénomène des bandes de jeunes ultraviolents, qui s’étend un peu partout dans le monde. L’éditorialiste de Courrier International souligne notamment que la répression et la surveillance du territoire s’y révèlent impuissantes à endiguer le problème (...).

Dans l’Hexagone, sans surprise l’inflation de textes répressifs votés ces dernières années a encore accru la surpopulation carcérale en particulier dans les centres de détention provisoires.

Pour la limiter, Dati veut développer le bracelet électronique. Tignous dans Charlie Hebdo fait dire à un « bénéficiaire » à qui il semble déplaire : « ça fait un peu bling Bling ». Quant à moi, Carpe Diem en boucle pour me calmer... Quoique...

Denis Darzacq - La chute

Je suis dans un futur pourchassé par la Synarchie
Une élite de 12 cadres qui gère le monde et vive en autarcie
Ils ont capté nos droits et installé la fausse démocratie
M'accuse d'apostasie, les milices complices elles parlent d'anarchie
Mais j'ai supporté le croyant, la croix, l'étoile et le croissant
Le sans-croix, le sans croissant, mais l'agitation croissant
Ils récupèrent la foi, mettent des 4 par 3 du Christ
Forment de faux évangélistes pour que j'adore l'Antéchrist
Il y a des satellites je cours si on m'alpague
C'est stalag ou goulag, et des faux aveux dans les mags
J'entre dans une classe et je me place près du radiateur
La troupe arrive en force et je suis face à des gladiateurs
Tu vois le callico, illico, j'entends les hélicos
J'tente pas de me débattre ils ont des tas de balles en silicones
On analyse ma rétine, erreur sur la personne
Je monte sur le pupitre et puis je crie...FREEDOM...

Alors Carpe Diem
Le temps passe...
Alors Carpe Diem...

MC SOLAAR carpe diem

P.S. Comme Valentin écrivait sous ma dictée, j’ai remarqué qu’il s’était « tatoué » l’avant-bras d’un décalcomanie, penser à lui demander pourquoi ça lui plaît.