Publié le 12 Février 2014
College Boy d'Indochine - clip Xavier Dolan
Le souvenir d’enfance vivace n’est pas mon fort, pourtant je conserve en mémoire ce conte d’Andersen que j’écoutais sur un 33 tours. Cette triste histoire de paria qui finissait bien et sa musique (probablement de Tchaïkovski) me touchaient au plus profond.
Éclos d'un œuf abandonné, un oisillon d'une vilaine noirceur, ne ressemblant à personne, se voit rejeté par tous, des siens comme de autres animaux de la basse-cour. Moqué, humilié et abandonné, il doit s'exiler avant de se transfigurer en cygne majestueux.
Loin du discours selon lequel certains traumatismes seraient irréparables, ne laissant ainsi aucune chance aux victimes, Boris Cyrulnik a vulgarisé le concept de résilience, ce mécanisme par lequel, de « vilains petits canards », des enfants traumatisés, parviennent non seulement à surmonter l’épreuve mais aussi à transformer leur meurtrissure en force.
Le géant égoïste de Clio Barnard
Edouard Louis, de son nom de plume, est un admirable vilain petit canard. Son récit confortera ceux qui croient que l’école et la culture sont les plus sûrs leviers d’émancipation et d’ascension sociale.
Autobiographique, ce récit n’en est pas moins aussi à la fois un « roman » par son écriture, et un document sur une classe sociale aujourd’hui absente des livres : De longues citations de la langue des siens en italique alternent avec « une littérature apaisée ».
Face à de telles souffrances, on conçoit aisément qu’Eddy, n’ait eu d’autre issue que de fuir, tout autant que la famille Bellegueule se sente trahie et blessée dans son amour-propre face au miroir que ce livre leur tend, malgré une certaine tendresse pour ses parents qui y point.
Edouard Louis par John Foley
Reste la violence homophobe, insupportable. Ces rendez-vous sidérants où Eddy, collégien consentait à se faire rouer de coups, de crachats et d’insultes par deux élèves sadiques, pour éviter de les subir sous le regard des autres.
Enfant efféminé, Eddy n’a eu de cesse d’échouer dans son désir d’échapper à la malédiction qui le poursuivait. Un temps, il s’est même cru fille dans un corps de garçon, comme on lui avait toujours dit. Les jeux sexuels journaliers partagés à quatre dans le hangar n’ont rien changé à sa solitude, juste d’y rajouter l’immense honte d’être surpris par sa mère en train de se faire sodomiser par son cousin, puis le cauchemar que cela se répète dans tout le village et au collège, à son seul détriment.
Pourquoi Stéphane avait-il raconté cette histoire ? Pourquoi n’avait-il pas craint la honte, les moqueries ? Pourquoi, ce soir-là alors que nous étions ensemble à jouer au football, mais aussi les autres soirs où les insultes revenaient, pourquoi n’était-il pas l’objet, lui aussi, de la haine et des insultes ?
Nous étions deux, quatre en vérité, avec Bruno et Fabien. Mais leur participation aux rendez-vous dans le hangar n’a jamais été évoquée. Je ne pouvais rien dire, par peur des conséquences, et je savais que cette délation aurait été vaine, qu’ils auraient, comme Stéphane, été épargnés. Il aurait été logique que lui aussi se fasse traiter de pédé. Le crime n’est pas de faire, mais d’être. Et surtout d’avoir l’air.
En finir avec Eddy Bellegueule d’Edouard Louis au Seuil (2014)
En finir avec Eddy Bellegueule : différence exclue - L’Express
« C’est toi le pédé ? » par Didier Eribon - Le Nouvel Observateur
Ce que dit l’ABCD de l’égalité - La Croix
Evgueny Mokhorev 2002
Si l’homosexualité d’Andersen n’est pas établie, il n’y a plus que le gouvernement russe pour nier encore celle de Tchaïkovski. En effet, un projet de film sur la biographie du musicien financé par l’Etat russe taira sa sexualité, ne serait-ce que pour respecter la loi de juin 2013 interdisant la « propagande homosexuelle en direction des mineurs ».
Quand Darek nous a proposés par courriel d’aller voir avec lui ce swan lake, je lui ai répondu que ce ballet n’était pas ce que je préférais dans la danse, fût-il « un hymne pathétique au paria », mais que des mecs en tutu, ça pouvait être rigolo. Lorsqu’il nous a informés que ça jouait à guichets fermés et qu’il proposait de tenter d’obtenir nos places le soir même, tout en me demandant si ça valait la peine de tapiner pour des hommes en tutu, je lui ai dit « top là » pourvu qu’il prépare un bon dîner.
«On n’aurait jamais su ce qu’on venait de manquer. » fut la première phrase qui me vint en sortant du spectacle.
Swan lake de Dada Masilo par John Hogg
La chorégraphe sud africaine Dada Masilo explique que le lac des cygnes fut le premier ballet qu’elle vit lorsqu’elle commença à danser à l’âge de 11 ans : « je suis tombée folle amoureuse du tutu ». Pourtant, elle trouvait ce ballet parfois « un peu coincé, un peu trop rigide ». Quand elle a appris que Tchaïkovski était homosexuel, mais aussi que les cygnes avaient des tendances homosexuelles, sans compter le cliché que les danseurs hommes seraient tous gay, elle a voulu « amener le sujet sur la scène, en rire un peu et voir ce que ça donnait. »
Extra gay cette fusion de la danse classique et de danse africaine !
Russie : chasse aux homosexuels
Envoyé spécial sur France 2 jeudi 5/2/10
En Afrique, l'homosexualité hors la loi
Le Monde février 2014
NGT / L'homosexualité en Afrique, héritage pré ou post colonial ?
Les garçons et Guillaume à table de Guillaume Gallienne