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Publié le 14 Janvier 2013

Marina Abramovic, performante

 

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John Bonafede dans Nude with Skeleton

pour Marina Abramovic The artist is present au MOMA 2010

 

 

 

 

 

Durant trois mois, six jours sur sept et sept heures par jour, une femme s’est tenue immobile sur une chaise et a fixé dans les yeux toute personne qui venait s’asseoir en face d’elle, sans bouger, sans parler, sans manger ni boire. Pour ceux qui aiment les chiffres, 736 heures et 30 minutes exactement. Quelques 560 000 personnes sont venues en espérant un moment de face à face avec elle. Tous les jours, une loterie désignait les heureux gagnants.

 

Cet étrange dispositif a eu lieu à New York au Moma pour une performance/rétrospective de l’artiste Marina Abramovic : « The artist is present » en mai 2010.  

 

Comme le documentaire du même nom était actuellement projeté au MK2 Beaubourg, et que j’étais dépité d’avoir dû à deux reprises rebrousser chemin devant le Centre Pompidou, où une longue queue pour entrer me coupait instantanément l’envie de voir l’exposition « Voici Paris » (la faute à Dali), je décidai pour une troisième fois de faire le voyage dans le quartier pour Marina Abramovic.

« À 11H20 en semaine, là au moins, il ne devrait pas y avoir foule » avais-je dit à mon compagnon (ce en quoi je me trompai : il ne restait plus un seul siège de libre dans la petite salle 3 lorsque la lumière s’éteignit).

 

 

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Pierre Boucher Nu à la fronde 1934 cabinet photographique

du Centre Pompidou - collection Christian Bouqueret

 

A force de traîner dans des lieux d’art contemporain, Marina Abramovic ne m’était pas complètement inconnue. J’ai ainsi retrouvé sur mon PC de mauvais clichés au compact numérique que j’avais pris de la vidéo d’une de ses performances se trouvant dans la collection du MUDAM : Marina nue y respirait profondément sous un squelette.

 

 

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Cleaning the mirror n°2, Breathing 1995

 

Le documentaire de Matthew Acker quoique centré sur la rétrospective /performance au Moma, permet de se faire une bonne idée du parcours et de la démarche de l’artiste. Au-delà, il me paraît assez réussi, dans le sens où l’on sort de la projection plutôt fasciné par la singularité et la force de cette femme qui, de son propre aveu, fait « quelque chose proche du néant ».

 

 

Pourtant, on n’échappe pas à la question du sens à donner à tout ce « cirque ». Admire-t-on ici la performance mentale et physique d’un maitre de la méditation ? Sans doute, mais la présence du public essentiel pour toute performance, des caméras et des photographes indiquent qu’on est très loin de cet esprit. Ce qui nous a touché, n’est-il pas ce regard de l’artiste offert à chacun, qu’il soit célèbre, jeune, vieux, beau, laid, un de ces regards sans lesquels l’être humain dépérit ? C’est ce que veut croire Marina Abramovic qui a confié à Télérama : « Ces hommes et ces femmes étaient enfin regardés, observés. Impossible pour eux de s'échapper, sauf en eux-mêmes. »

 

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Durant tout l'évènement, des performances de Marina Abramovic sont rejouées : ici Impoderabilia réalisée en 1977 avec son compagnon Ulay

 

Sauf que pour des raisons de sécurité, le protocole drastique que doivent respecter les heureux élus pour être regardés par l’artiste finit par s’apparenter à celui policier d’un Photomaton qui vous flashe pour des papiers d’identité (« ne pas pencher la tête », « se tenir la bouche fermée» ou la consigne très bloquante « ne pas sourire »). Pour le coup, le mouvement « free hugs » ou sa variante francophone « câlins gratuits » paraît bien plus efficace et sympathique,  sans pour autant prétendre au geste artistique.

Quel sens alors donner à l’émotion palpable sur le visage de nombre de visiteurs qui ont eu l’heur de croiser le regard de l’artiste ? Nouveau rituel religieux devant sa prêtresse ou sensiblerie face à la figure d’une célébrité sous les spots lights des médias, comme le suggère une visiteuse travaillant sur le sujet ?

 

 

 

Dans le documentaire, Marina Abramovic s’amuse du fait qu’il y a une question qu’on ne lui pose plus et dont on l’assaillait dans les années 70: « en quoi est-ce de l’art ? ». C’est dommage, car la question paraît avoir conservé toute sa charge polémique.

A cet égard, le réalisateur ne laisse entendre qu’une seule voix discordante concernant « The artist is present » : un jeune homme, sans doute influencé par le dernier « mass murdering » qui a fait la une des médias américains, et qui s’écrie devant la caméra « un jour se faire tirer dessus, ce sera de l’art », ignorant que la chose avait déjà été faite par Chris Burden en 1971.

 

 

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A lover, departed/©Alex Stoddard

 

Ceux que la seule présence de l’artiste au Moma ne suffirait pas à convaincre que la performance c’est de l’art, devront convenir que c’est au moins un élixir de jouvence.

Au moment de la rétrospective/performance, Marina Abramovic a 63 ans et en paraît facilement 20 de moins. Une vie d’artiste reconnue, ça conserve... A moins qu’elle ait un très bon chirurgien esthétique, et le cas échéant, Marina, un vrai geste de générosité, le numéro de portable de ton magicien, « pleaaase !»

 

 

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Avec Ohad Knoller qui interprète Yossi pour Eytan Fox, c’est l’inverse : on est pris de compassion pour la transformation corporelle que seulement 9 années ont infligé à l’acteur (depuis The Bubble). A ses côtés, la fraicheur d’Oz Zehavi ne nous laisse que plus pantelant.

 

Post scriptum : Body art ?

 

NGT / « Aging body », transformations, et des claques qui se perdent (Orlan)

 

 

Félix Baumgartner, extrémiste de la chute

 

Le 14 octobre 2010, Félix Baumgartner est devenu le premier homme à franchir le mur du son en chute libre après s'être élancé d'une capsule attachée à un ballon géant à plus de 39 045 m d'altitude.

 

 

Le gros, la vache et le mainate, complètement barge

 

« Après tout quand t’es vieux, qu’est-ce qu’il te reste comme plaisir, à part insulter les amis et faire peur aux gosses » Tante Chose

 

 

Le gros, la vache et le mainate de Pierre Guillois au Théâtre Comédia - mise en scène de Bernard Menez - 4 janvier 2013

 

Rattrapage : On peut acheter le DVD

 

 

 

« Oh non l’homme descend pas du singe, il descend plutôt du mouton »

 

Damien Saez J’accuse 2010

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #ciné-séries, #expos, #vivre, #les années, #culture gay, #rire

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