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Publié le 22 Octobre 2014

SAFIA Listen to soul, listen to blues

Arty
Les années 1990 : une exposition au centre Pompidou-Metz, un livre et même des documentaires

 

A l’exposition 1984-1990 La décennie au centre Pompidou Metz, j’ai rejoint Raf et Irina assis face à face à la table jouxtant la petite bibliothèque. J’y retrouvai Houellebecq bien sûr, avec son « Extension du domaine de la lutte », « LA confidential » d’Ellroy (à moins que je n’aie lu que « le grand nulle part »), côté essais, « Les nouveaux chiens de garde » d’Halimi, « L’horreur économique » de Viviane Forrester ainsi que « Le petit traité des grandes vertus » de Comte-Sponville. Bien que Phil l’eut à l’époque beaucoup cité, je n’aurai sans doute jamais le courage d’affronter l’imposant «nouvel esprit du capitalisme » de Boltanski et Chiappello.

Raf lui s’était emparé de « L’amour dure trois ans » de Begbeider qu’il feuilletait. En photographiant nos deux amis avec le livre, j’ai pensé à l’incident de la veille.

COLLIER SCHORR American flag (scratch) 1999

COLLIER SCHORR American flag (scratch) 1999

Au cours de nos visites, il arrive toujours un moment où, soudain, sans crier gare, Irina balance à la figure de Raf quelques reproches plus ou moins agressifs au sujet de broutilles qui ne peuvent préoccuper qu’une femme au foyer TOCquée. Cette fois-ci, on l’entendit même rajouter une gentillesse menaçante du genre « si tu ne peux pas vivre sans moi, moi je pourrai» ; sans hausser la voix mais avec une fermeté inhabituelle, Raf l’a recadrée, en lui signalant qu’avec ses sottises « elle mettait tout le monde mal à l’aise», pour aussitôt enchaîner avec l’urgence de servir cette bouteille de Chardonnay moldave.

Ces accès de tyrannie domestique sont pour nous un désolant mystère. A quoi bon se pourrir la vie quand on n’a même pas d’enfants pour s’épuiser et se disputer ? En fait, c’est peut-être bien l’absence d’enfant qui abîme leur relation, il y a tellement longtemps qu’il en est question sans qu’aucun enfant ne paraisse.

FELIX GONZALEZ-TORRES untitled (placebo) 1991

FELIX GONZALEZ-TORRES untitled (placebo) 1991

Une exposition sur les années 1990 au centre Pompidou Metz, ça m’a tout de suite botté. Il était impossible de zapper l’information avec le lancement simultané de trois évènements sur ce thème, se faisant mutuellement écho : l’exposition donc, mais aussi un livre sous la direction de l’historien des idées François Cusset dont « La décennie, le cauchemar des années 80 » m’avait passionné, et même une série de documentaires, notamment musicaux, sur Arte «Summer of 90’s ».

En attendant une visite en Lorraine, j’ai lu le livre et vu quelques sujets musicaux sur ma chaîne de TV chérie. Captivant.

"Le totem des années 90, c'est la fin..." 
entrevue avec François Cusset sur Libération
photo d'une photo de Wolfgang Tillmans

photo d'une photo de Wolfgang Tillmans

François Cusset à propos "des années 90"

Souvent définie comme un moment de faillite et de crise (des institutions, des idéologies), la décennie 90 ouvre sur un temps incertain, libéré de l’impératif de la production, et dans lequel toutes sortes de formes et de subjectivités pourraient s’inventer. Au tournant des années 1990, l’art a perdu ses pouvoirs de négation ; ses gestes de rejet sont devenus des répétitions rituelles, la rébellion a tourné au procédé, la critique à la rhétorique, la transgression au cérémonial. La négation n’est plus créative. Ce n’est pas tant que nous vivrions alors la fin de l’art, nous vivons surtout la fin de l’idée d’art moderne. L’art n’emprunte plus seulement aux industries de propagande – publicité, télévision, cinéma, musique -, il en fait désormais lui-même partie, prêtant son autorité et son authenticité au commerce mondial de la culture et du tourisme. […]

Stéphanie Moisdon "Arts visuels, la première génération" dans "Une histoire (critique) des années 1990"

Fondation Louis Vuitton - septembre 2014

Fondation Louis Vuitton - septembre 2014

La lutte contre le sida à New York, à la fin des années 1980, devient le terrain privilégié, pour des activistes-artistes, d’une nouvelle articulation entre théorie et pratique. Les stratégies de collectifs comme DIVA TV, General Idea, Gran Fury, Group Material et Testing the Limits posent ainsi en d’autres termes la question de l’usage des médias et des institutions artistiques. Ces formations sont des organisations hybrides agissant dans un but politique radical en manipulant les instances de la communication et les institutions de l’art. […]

Il serait trop simple de réduire les projets de General Idea ou de Wolgang Tillmans aux seules lignes du militantisme homosexuel. Même tendance, aujourd’hui, à voir l’œuvre de Felix Gonzalez-Torres, probablement un des plus grands artiste de la fin du XXe siècle, sous ce seul angle héroïque et mortifère. Car avant de décéder des suites de la maladie en 1996, Gonzalez-Torres nous a laissé bien plus qu’un témoignage sur la perte et l’absence : une œuvre dotée d’une incroyable densité, toujours présente au cœur de l’esthétique contemporaine, et qui a transformé jusqu’à l’essence de nos rapports aux choses. Elle est pleine, en effet, de choses offertes, à emporter avec soi, dans les tas de bonbons, les piles d’images identiques imprimées qu’elle fait ainsi disparaître, disparition qui n’est jamais le théâtre d’un drame mais l’occasion plutôt d’un échange amoureux. […]

Stéphanie Moisdon "Arts visuels, la première génération" dans "Une histoire (critique) des années 1990"

Felix Gonzalez-Torres untitled (Portrait of Ross in L.A.) 1991

Felix Gonzalez-Torres untitled (Portrait of Ross in L.A.) 1991

Felix Gonzalez-Torres untitled (go go dancing platform) 1991

Felix Gonzalez-Torres untitled (go go dancing platform) 1991

Autant la périodisation 1990 du livre fait sens (de la chute du mur de Berlin et du communisme en 1989 à celle des Twin Towers en 2001), autant celle de l’exposition (1984-1999) est mystérieuse. La clé est finalement fournie par Anaël Pigeat (Artpress) sur "La dispute" : "1984 c’est la découverte du virus du sida, une référence à Orwell, mais aussi il est écrit que c’est comme la courte vie d’un adolescent qui se suicide (15 ans) ».

Sans être ennuyeuse, l’évocation de la création d’un groupe d’artistes sur cette période laisse davantage sur sa faim (ne fréquentant pas à cette époque les lieux d’art contemporain, je ne peut même pas me laisser aller à une rêverie mélancolique), au point qu’on a traîné plus longtemps que nécessaire devant un « remake » de Fenêtre sur cour de Pierre Huygue. La play-list musicale accessible sur audiopen, ne changea rien à l’affaire, sans casque, le son est tellement mauvais que le mélomane a rapidement jeté l’éponge, itou pour les entrevues (qu’on peut cependant écouter chez soi).

Art et destruction depuis 1950

 

Il en va tout autrement avec l’exposition Damage Control[1]: Art and Destruction Since 1950 actuellement au MUDAM et organisée par le Hirschorn Museum and Sculpture Garden de Washington. Contre toute attente, l’ensemble est plutôt intéressant.

Si on conçoit que dans un monde de violences barbares, l’immense majorité des gens attendent de l’art qu’il leur offre du Beau, l’art peut aussi avoir pour fonction de nous faire penser et discuter le monde.

 

[1] Damage control : limiter les dégâts

Luc Delahaye Jenin 2001 (Tate)

Luc Delahaye Jenin 2001 (Tate)

Y compris en provocant ce qu’il y a de plus beau chez l’être humain, un sourire voire un éclat de rire. Ainsi, nombre d’artistes feraient bien de s’inspirer de John Baldessari qui en 1970 n’a pas hésité à incinérer tout son travail réalisé entre mars 1953 et mars 1966, et dont il n'a conservé que les cendres dans une urne funéraire (Cremation Project).

Plus radical encore, le britannique Michaël Landy, alors qu’il avait accédé à un certain confort matériel grâce à son travail d’artiste, a recensé durant trois ans tous les biens qu’il possédait : 7227 objets dont ses archives, ses œuvres et même son passeport. Puis durant deux semaines, aidé par une équipe d’assistants, il s’est attaché à les détruire, au moyen de broyeurs et de tapis roulants installés dans les locaux vides d’un C&A récemment fermé (Breakdown 2001). Qui sommes-nous une fois privés de nos possessions, des objets qui matérialisent notre identité ? Comme il l’expliquait alors, « la destruction est la décision ultime du consommateur. Lorsque Breakdown sera terminé, commencera un effondrement personnel : la vie sans tous ces objets qui me définissent. »

PIPILOTTI RIST Ever is over all (MOMA)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Manifestations_de_2014_%C3%A0_Hong_Kong

http://fr.wikipedia.org/wiki/Manifestations_de_2014_%C3%A0_Hong_Kong

BRONSKI BEAT Smalltowon boy (The age of consent 1984)

Art militant : Pride de Matthew Warchus

 

Eté 1984, le Syndicat National des Mineurs engage un bras de fer avec Margaret Thatcher, la dame de fer. Lors de la Gay Pride à Londres, un groupe d'activistes gay et lesbien décide de venir en aide aux familles des mineurs en grève. Mais le syndicat, très partagé, semble embarrassé de recevoir de l'aide de gens "différents"…

 

Un « feel good movie » très réussi « basé sur une histoire vraie », et pour une fois, l’argument commercial ne nous agace pas, bien au contraire.

 

La critique de Télérama

Arty

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Les mecs musclés NORMAN

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #expos, #culture gay, #les années

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