vivre ensemble

Publié le 8 Août 2007

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François Truffaut
 
André Breton
 
 
Maman, qui dans sa jeunesse, vivait en ville, à la différence de papa, m’a raconté avoir vu tous les films des années 50 et 60. Son père adorait le cinéma ; tous les dimanches soir, il embarquait sa femme et sa fille dans sa  Simca 5 verte : « Allez ! On va au ciné ! » C’était le moment le plus apprécié du week-end. D’ailleurs, d’après elle, comme il était hors de question de laisser la fille unique seule à la maison, elle considère avoir vu beaucoup de films qu’elle n’aurait pas dû voir à l’âge qui était le sien. A cette époque, Bourg possédait un nombre de salles bien plus important qu’aujourd’hui, le cinéma était alors bon marché et très populaire.
 
 
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Dans l’île dont je rentre de vacances, plus exactement dans la petite ville où nous avons posé nos valises, il y avait bien un cinéma. Deux salles, deux films, deux « blockbusters » américains. A l’écran durant trois semaines : le dernier Harry Potter et Transformers
Même si nous n’étions pas partis à 10 000 Km de chez nous pour aller nous enfermer dans une salle noire, lorsque j’ai appris cette terrible nouvelle, avec emphase et des trémolos dans la voix, j’ai déclaré à mon compagnon : « tu vois Gabriel, si je devais être assigné ici à résidence, je crois que j’en mourrais. »

Chaque fois, les derniers jours d’un voyage, je commence à me réjouir de bientôt retrouver tout ce que j’ai laissé à Paris, notamment les salles de ciné.
Le choix de films qu’on peut trouver dans notre capitale ne m’a jamais paru limité. Parfois même, on en arrive à craindre de ne pas avoir le temps de pouvoir voir tous ceux qui nous intéressent, tant sont importantes les sorties et rapide la disparition des plus confidentiels.
 
Bien que ce ne soit pas dans l’air du temps et que les critiques formulées par C. un copain perdu de vue qui travaillait dans la production, ne soit pas fausses, je crois que, dans l’ensemble, le système français d'aide au cinéma – tout comme d’ailleurs celui du secteur du livre – contribue à ce dynamisme et cette variété des oeuvres diffusées . Plus récemment, il semble aussi que les technologies numériques, en réduisant le seuil de rentabilité d’un film donnent leur chance à des films qui n’auraient jamais pu être réalisés en 35 mm.
 
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La LeÓn
 
Ainsi, en rentrant, je me suis précipité voir La León de Santiago Otheguy que je craignais voir disparaître des écrans (encore programmés dans seulement deux salles). Bonne pioche. Un premier film très réussi, qui mérite une place dans une anthologie des films traitant de l’homosexualité, quand bien même le réalisateur (hétérosexuel) se défende d’avoir voulu faire un film militant sur l’homosexualité.
 
En parcourant le Net, je m’aperçois combien la passion pour le cinéma est partagée et suscite un grand nombre de contributions dont certaines originales et de grande qualité.
Nul n’est donc besoin de répéter ici ce que d’autres expriment très bien, en particulier le réalisateur, qui ayant résidé en France, répond dans un français parfait à une longue entrevue filmée.
 
Pour faire bref, il s’agit d’un film d’hommes. Un vrai film de cinéma, peu bavard. Un film tout du long tendu qui parvient remarquablement à nous faire ressentir l’impossibilité d’être homosexuel, face à la haine d’un personnage central dans ce coin du détroit du Paranà.

Pour Alvaro, il n’y a pas d’autre réaction possible que la soumission muette et honteuse au harcèlement d’El Turu, pas d’autre échappatoire que de rares et furtives étreintes hors de sa communauté, que ce soit avec un riche plaisancier de Buenos Aires ou d’en envisager avec un migrant paraguayen venu braconner du bois. D’ailleurs, c’est le même El Turu homophobe qui tente de soulever la population locale contre les migrants.

Bonne idée que de nous rappeler qu’il y a de cette même difficulté d’accepter la différence dans l’homophobie et la xénophobie, de cette même mécanique de la haine.
 

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Néanmoins, les origines de l’homophobie sont un sujet controversé et ça m’a rappelé un échange eu sur ce blog avec un blogueur qui s’est depuis retiré du Net : http://notesgaydethomas.over-blog.com/article-3999260-6.html#anchorComment

 

 
 
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I don’t want to sleep alone  // still life
                               
 
« En un mot, on tient en l'insulaire Tsaï Ming-liang, maniériste grand cru, l'antithèse du réaliste Jia Zhang-ke, fleuron de la Chine continentale dont deux cent mille spectateurs français, les choses finissant de fait par se savoir, ont récemment découvert le nouveau film, Still Life. L'un fait de la poésie, l'autre de la prose, mais on en déduirait à tort qu'ils ne nous parlent pas de la même chose : de l'individu atomisé, de la déréliction des temps modernes, de ce monde censément plus performant qui continue de briser les hommes comme fétus de paille. »

Lumineuse idée de rapprocher ces deux cinéastes pour mieux les distinguer par leur langage : pour le cinéaste du réel de Still life et de The world, la prose, pour le deuxième, la poésie.
 
De Tsaï Ming-liang, j’avais aimé son Vive l'amour. Dans un large mesure
I don't want to sleep alone traite du même sujet, de cette universelle quête de l’amour d’un autre (homo compris) dans un univers urbain déshumanisant.
 
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La première fois où je me piquai de rédiger une « critique » de film, ce fut à propos de L'odeur de la papaye verte. J’avais alors dû écrire : « C’est beau. C’est lent... Plutôt chiant. Pourtant [...] » Cette formule vaut pour le dernier film de Tsaï Ming-liang. Peu ou pas d’actions et de dialogues, des plans qui s’étirent jusqu’à en devenir quasi photographiques, on s’impatiente souvent, pourtant la poésie est là, des images, des situations.
D’une catastrophe écologique sur la région, des feux de forêt dont les fumées contraignent la population de Kuala Lumpur à porter des masques, le cinéaste parvient même à nous faire sourire.
 

stilllifereview.jpgMais ce qui m’a ému, par-dessus tout, dans ce monde urbain de brutes, et qui m’a finalement fait tenir, ce sont ces gestes d’humanité - au sens de bienveillance, compassion, bonté - que prodigue un immigré bengali à un sans-abri laissé pour mort, et ceux, dispensés parallèlement par deux femmes à un jeune homme dans le coma.
Attentions très physiques, douces, patientes à un inconnu, à un blessé, à un malade.

Amour désintéressé et altruiste, cet Agapè des Ecritures des chrétiens ? Pas totalement, pas seulement. Il y a l’amour d’une mère pour son fils dans le coma (aimer son fils n’est-ce pas aussi aimer sa créature, un peu s’aimer soi-même ?).
Et, comme en témoigne, la scène où Rawang, le bengali, essaie de tuer son sans-abri qui l’a abandonné pour la serveuse, Eros aussi est bien là, Eros, cet amour qui est besoin, désir d’aimer, élan possessif, physique, existentiel (voir aussi sur ce blog  Les origines de l'amour).
Rawang, lui aussi, ne veut plus s’endormir seul. Rien de plus humain.
 
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Tout au long du film de Tsaï Ming-liang, un matelas joue un rôle central. Ça me fait penser à une chouette idée de coopération qui commence à faire parler d’elle : le couchsurfing ou surf sur canapés.
 
 
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J’ ♥ ♥ ♥ aussi
The Bubble
   d’Eytan Fox
D’accord sur tout ce que dit avec brio Eric Loret à propos de ce film dans Libé.
 


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La mort de Mgr Lustiger me rappelle cette blague juive racontée par Goran  
 
Un vieux Juif meurt et rencontre Dieu en arrivant au paradis. Il fait le bilan de sa vie :
Le vieux juif :
- La pire chose qui me soit arrivée, c'est quand mon fils s'est converti au catholicisme...
Dieu :
- Moi aussi...
Le vieux juif :
- Et qu'est-ce que vous avez fait ?
Dieu :
- Un nouveau testament...
 
 

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Après s’être plutôt ennuyé Dans Paris, contre toute attente,

 
On ♥ ♥ ♥ aussi
Les chansons d’amours
de Christophe Honoré, ses adorables acteurs, les jolies chansons d'Alex Beaupain que j’écoute en boucle depuis aujourd’hui.
A ma connaissance aussi, mes premières chansons explicitement homos.
 
Ismaël
Les amours passagères
Font de futiles efforts
Leurs caresses éphémères
Nous fatiguent le corps
Erwann
Les amours qui durent
Font les amants moins beaux
Leurs caresses à l’usure
Ont raison de nos peaux.
(As-tu déjà aimé ?)
----------------
Erwann
Etre un corps, je suis d’accord
T’offrir mes bras pourquoi pas
Mon lit, Ok encore
Pour rire en salir les draps
Mais je crains que pour tout ça
 
Tu doives entendre je t’aime
Tu doives entendre je t’aime
(J’ai crû entendre)
 
 
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Autres « fils » concernant Christophe Honoré sur ce blog
A propos de l’écrivain pour adultes http://notesgaydethomas.over-blog.com/article-4612630.html
 
 
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Sœurs fières à la riche peau de chagrin d’un brun rose et purpurin...
 
Peut-être vous est-il déjà arrivé de relire plusieurs fois une notice technique sans pour autant parvenir à comprendre son contenu ? Peut-être n’avez-vous pas trop l’esprit « ingénieur », mais il se peut aussi que ce que vous lisiez, fût objectivement incompréhensible. La faute au traducteur.

Google se targue d’offrir gratuitement un traducteur automatique. Alors que je devais être un peu désoeuvré, je me suis livré à un jeu stupide. 
Je lui ai demandé de traduire un Erotique de Verlaine en anglais, puis de le restituer en français. Ci-après donc le meilleur résultat que l’outil linguistique de Google a pu fournir :
Le passage par l’allemand - je ne parle même pas du chinois traditionnel BETA ( ?) - était encore plus terrible.
 
Même lorsque vous ne bandez pas,
Votre queue, l'encor fait mes plaisirs
Qui accroche, blanc d'or entre vos cuisses,
Sur vos roustons, charmes foncés.
 
- Testicules de mon amoureux, de soeurs fières
Avec la peau riche de personne
De la douleur du brun un rose et un purpurin,
De farceuses et de Couilles guerrier,
 
Et dont la boule gauche,
Très petit peu plus que l'autre
D’un mendiant astucieux et d'un bon apôtre
A qui affinent ainsi, nom d'air de Dieu ?-
 
C'est dodue, votre willy
Et velouté, du pubis
Au foreskin, fermeture plus mauvaise,
Avec trois quarts d'une crête rose. [...]
 
Ce poème gaillard et tous ceux réunis dans le recueil Hombres (Hommes) sont lisibles sur ce site.
 

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