Impossibles amours

Publié le 6 Avril 2009

"Country Teacher" réalisé par Bohdan Sláma, avec Pavel Liska, Zuzana Bydzovska, Ladislav Sedivy

 

Professeur de biologie dans un lycée de Prague, Petr quitte un jour la capitale pour devenir  instituteur dans un village de campagne. Les habitants s’interrogent sur les raisons qui ont pu le pousser à cet « exil »…

 

A la fin du film Country teacher, le fils adolescent de retour à la ferme, à propos de Petr, demande à sa mère :

 

-         Il se passe quoi entre vous ?

-         Rien.

-         Alors pourquoi il reste ?

-         On a tous besoin de quelqu'un. [..]

 

L’histoire que nous raconte le tchèque Bohdan Sláma dans un univers rural très vraisemblable sera celle « d’une chaîne d’amours non partagés », d’amours impossibles : une femme, Marie est amoureuse du prof, qui craque pour le fils, qui en pince pour une jolie nymphe de la ville.
 

 

 


 

L’idée de ce film est venu au cinéaste après que deux amis lui eurent parlé de leur souffrance d’avoir été rejetés, l’un parce qu’il était tombé amoureux d’un homme hétérosexuel, l’autre, parce qu’elle était tombée amoureuse d’un homme gay.
Un long séjour comme gardien de chevaux dans la campagne praguoise lui a donné envie d’y planter son récit.

 

Ce film est tellement réussi qu’on n'a plus qu’une hâte, voir dès que possible son précédent opus : Something like happiness.
 



 

La veille au soir, on réunissait dans les assiettes les deux protagonistes d’une histoire d’amour elle aussi devenue impossible, celle de Sylvie et de Paul.

Goran et Fernando, venus dîner à la maison, se sont ainsi régalés d’escalopes de volailles à la crème et à l’estragon accompagnées de lentilles persillées (recette de Sylvie), et  d’une salade de courgettes et carottes cuites à la vapeur assaisonnées à l’huile d’olive, à l’ail et au cumin (recette de Paulo).
 


 

La conversation est passée par un film que nous avions tous les quatre vu et qui n’est pas sans lien avec Country teacher : Elève libre.


Pas très longtemps, puisque nous  étions tous d’accord pour saluer la réussite de l’exploration des limites entre « transmission et transgression » proposée par réalisateur Joachim Lafosse.

Malgré le caractère souvent artificiel du dispositif, pas un d’entre nous ne s’est pas senti gêné par les relations se nouant entre Jonas l’adolescent esseulé dans une mauvaise passe avec le trio d’adultes.

Malaise qui s’accroît encore lorsque Jonas s’installe chez Pierre qui s’est proposé de l’aider à réussir son examen, ... jusqu’au climax du film ... 
 

Etait-on en présence d’un viol ou d’un acte consenti par un « élève libre » ?[1]

 



A la sortie de la séance, j’avais confié à Gabriel : «Dieu sait combien la figure du jeune, adulte en devenir, est bien placée dans ma boite à fantasmes, mais alors là avec cet effet de réel que peut produire le cinéma, je mesure l’abime entre le fantasme et la réalité. »
Nous avions alors convenu que Jonas avait de multiples raisons de ne pas oser dire non à Pierre.

 

Par la suite, comme nos invités, nous avons finalement conclu du contraire : avec ou malgré ses 16 ou 17 ans, Jonas nous paraissait libre de se refuser à Pierre.


 

[1] Question qui, faut-il le  rappeler, en l’état de la plupart des législations des pays occidentaux, n’a pas lieu d’être posée : http://fr.wikipedia.org/wiki/ majorité sexuelle

 

 


C’est d’ailleurs ce que fait violemment Lad, le fils de la fermière de Country teacher, qui a peu ou prou le même âge que Jonas, lorsqu’il se réveille avec la main de l’homme qui l’aide à préparer son examen, sur son sexe.

 

Elève libre et Country teacher posent tous deux des questions morales sans être moralistes. Bohdan Sláma va plus loin encore en mettant magistralement en scène la possibilité du pardon, l’apaisement et la douceur qui suit la réconciliation.

 

Les Inrocks.com/ Country teacher

Snes.edu/ Country teacher

Liberation.fr/cinema/ "Country teacher", printemps de drague

 

Analyse filmique d’Elève libre par son réalisateur (vidéo):

Liberation.fr/ Projection privée

Télérama.fr/ Elève libre

Les Inrocks.com/ Elève libre

 

L'affaire Gabrielle Russier et "Mourir d'aimer" d'André Cayatte

Notesgaydethomas.over-blog.com/ Mala Noche

Notesgaydethomas.over-blog.com/ Rendez-vous manqué Quai de Seine

 




Hermosa beach 1948

 

Bronski Beat - Smalltown Boy (1984)

Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #ciné-séries, #homophobie, #intergénérationnel, #sex, #avec un grand A

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O
Décidemment nos billets se suivent et se croisent. J'ai vu Elève libre et j'avais écrit un petit texte que je n'ai pas publié. Le rapprochement entre les deux films s'impose. Dans le film de Lafosse, l'adulte a une position perverse, il triche avec Jonas, et utilise la fausse naïveté de l'adolescent pour sa seule satisfaction. L'instit n'est pas dans une position perverse, il est débordé par ses affects qu'il ne parvient pas à maitriser. Cela ne l'excusant pas. Et du coup Lad (c'est lad, lada ou ladi?) a une réaction saine de retrait et de fuite. Jonas est pris dans les rets de son précepteur et donc plus difficile de s'en extraire. Tu as tout à fait raison de souligner l'écart entre le fantasme et la réalité, entre un désir et sa réalisation. Le pervers connait cet écart et il en joue, le psychotique l'ignore.
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T
<br /> <br /> ça me rappelle également la définition que donne de cet écart entre fantasme et la réalité, Fernando à Alexis dans "la Vierge des tueurs" de Schroeder, après que ce dernier a tué le "punk"<br /> bruyant qui empêchait son ami de dormir.<br /> <br /> Face au choc de Fernando, Alexis se défend : "Mais tu avais dit que tu allais le tuer s'il continuait". Fernando de lui dire un brin dépassé :  "Mais Alexis, la différence entre<br /> les désirs et les actes, c'est ce qu'on appelle la civilisation".<br /> <br /> Quoi qu'il en soit, merci pour l'éclairage du spécialiste... Pas le pervers , le psy.<br /> <br /> <br /> PS. Pour le prénom du garçon, j'ai opté pour le diminutif le plus court du prénom de l'acteur, Ladislav., mais moi non plus, je ne me rappelle plus la variante utilisée dans le film.<br /> <br /> <br /> <br />