culture gay

Publié le 1 Décembre 2013

 

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W. A. Bouguereau La flagellation du Christ - détail (1880)

Musée d'art et d'histoire de la Rochelle

 

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Pécheur à l'épervier, 1868, Frédéric Bazille, Foundation Rau pour le Tiers-Monde, Zurich - See more at: http://www.blogartnu.com/frederic-bazille/#sthash.WZNitXlD.dpuf

Pêcheur à l'épervier Frédéric Bazille (1868)

Fondation Rau pour le tiers monde à Zurich

 

 

Pécheur à l'épervier, 1868, Frédéric Bazille, Foundation Rau pour le Tiers-Monde, Zurich - See more at: http://www.blogartnu.com/frederic-bazille/#sthash.WZNitXlD.dpuf
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Die Männer sind schon die Liebe wert  

Lutz Templin Tanz-Orchester (1942)

 

L’exposition Masculin / Masculin. L’homme nu dans l’art de 1800 à nos jours au musée d’Orsay semble connaître un bon succès public malgré une presse dans l’ensemble plutôt mauvaise. Quoi qu’on en dise, c’est un évènement historique à ne pas manquer : Alors que le nu féminin fait régulièrement l’objet d’expositions, jamais la nudité masculine n’avait été au centre de l’une d’elles, avant que  Näckte Männer au musée Leopold de Vienne n’ouvre la voie en octobre 2012.

 

Cette bizarrerie pose question ne serait-ce que si l’on considère que l’étude du nu masculin a toujours été capitale dans la formation des artistes[1] et que le nu masculin est un grand thème de l’art occidental.

Même si près de 85 % des nus montrés dans les musées sont féminins (Martina Klug Arte.TV), le nu masculin a été « l’incarnation par excellence du modèle social depuis l’antiquité gréco-romaine ». Après 1830, il est certes détrôné par le nu féminin, mais revient en force à la fin du XXe (Sophie Delpeux Paris I dans Connaissance des arts).


[1] Pour avoir pratiqué dessin, peinture et modelage d’après modèle vivant, il me semble que, sauf exception, représenter le corps d’un homme requiert un art plus grand que celui de la figuration d’une femme. Mais peut-être n’était-ce qu’une question de motivation ?

 

 

  

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Jules-Elie Delaunay David triomphant (1874)

Musée des Beaux-Arts de Nantes

 

Pour le directeur des musées d’Orsay et de l’Orangerie et co-commissaire de l’exposition Guy Cogeval, les musées auraient éludé la question par crainte de réactions négatives du public. L’explication paraît un peu courte. N’est-ce pas simplement parce que le nu masculin n’intéresse pas la moitié de la population, les hommes, à l’exception de la minorité d’homosexuels masculins[1], à la différence de la femme nue dont la beauté est presque unanimement appréciée grâce à la plus grande ouverture d’esprit des femmes en la matière ? Ou encore comme en fait l’hypothèse Daniela Hammer-Tugendhat, professeure à l’université des arts appliqués de Vienne, et pionnière en Autriche d’une approche féministe de l’histoire de l’art, parce que Depuis le début de l’époque moderne, la sexualité masculine est exclue du champ des représentations.

 

gay-symboleContrairement à ce qu’il est annoncé sur le site de l’exposition, Masculin / Masculin ne répond pas à la question de l’absence de précédent d’exposition dédiée au nu masculin avant celle du Leopold Museum l’an dernier, à moins que ce soit en filigrane : le corps nu de l’homme ne pose-t-il pas problème en tant qu’objet de désir des femmes, et par-dessus tout en tant que possible objet de désir d’autres hommes, thème abordé explicitement dans la dernière section de l’exposition et auquel le titre de l’exposition Masculin / Masculin pourrait faire référence ?


[1] En la matière, les hommes ne s’intéresseraient guère qu’à leur propre appendice. Pour José (hétéro) s’immisçant dans une conversation de cuisine portant sur les violons d’Ingres des mecs, leur centre d’intérêt principal, c’est  « leur bite ! Ça les obsède ». Géraldine d’opiner et moi de dire mon étonnement toujours renouvelé de ces innombrables selfies de gars à poil, avec toujours pour punctum leur queue plus ou moins « en gloire »

 

 

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Antonin Mercié  David (1872)

Musée d'Orsay à Paris

 

Pour ce qui est du contenu de l’exposition, bien que les commissaires se soient inspirés de celui de l'exposition Näckte Männer à Vienne portant elle aussi sur l’art du XIXe siècle à nos jours, il est différent, en particulier parce que seulement 14 œuvres présentées au musée Leopold sont de nouveau exposées.

Toutefois, à Paris comme à Vienne, il s’agit de montrer les différentes représentations du nu masculin et leurs enjeux sur cette période : le nu idéalisé néoclassique, le nu héroïque, les baigneurs naturistes des impressionnistes, le nu souffrant, ou encore le nu érotique et la vie gay...

 

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Alfred Courmes Ex voto à Saint Sébastien (1935)

 

L’exposition est donc thématique plutôt que chronologique, ce qui permet de montrer la coexistence de représentations différentes mais aussi de mettre en évidence des proximités et des permanences en juxtaposant des œuvres réalisées à des époques différentes :

 

L’idéal classique Le nu héroïque Les dieux du stade   Nuda Veritas 

Sans complaisance  In der Natur Dans la douleur Le corps glorieux

La tentation du mâle L’objet du désir

 

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Ludwig von Hofmann Garçons se baignant (1908)

Zurich

 

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Après la bataille d'Alexandre Alexandrovitch Deineka (1944)

Kursk (Russie)

 

La lecture du livre d’or déjà bien rempli de l’exposition témoigne combien il est difficile de satisfaire tout le monde. Quand l’un écrit « A bit too much dick for a straight guy like me »[1], pour un autre, c’est “Needs more dick”.[2] Toujours avec la même focale, peut-être entre deux branlettes devant un « porn tube », d’autres se plaignent, comme celui-ci : « Et pas un qui bande ! »

Fort heureusement, il y a au moins autant d’enthousiastes : « Tous à poil ! » écrit l’un d’eux. « D’accord, lui répond un autre, Chiche ! Venez au Fier à Annecy ! »

 

Si vous habitez la région parisienne ou passez faire un tour dans la capitale, venez plutôt voir l’exposition «Masculin/Masculin », qui, même pour ses détracteurs, vaut le coup d’être vue pour «certaines œuvres belles et/ou rarement présentées», d’autant que la quasi absence de regard féminin sur l’homme nu (5 œuvres dont deux féministes « l’origine de la guerre » d’Orlan et « the arch of hysteria » de Louise Bourgeois[3]) lui donne une tonalité générale plutôt gay.


Dress-code : tenue d’Adam exclue. Jusqu’au 2 janvier 2014.

Eviter les jours et heures de forte affluence.

Exposition temporaire gratuite sans faire la queue avec le Pass Education


[1] « Un peu trop de bites pour un mec hétéro comme moi »

[2] « Manque de queues »

[3] Pour le XIXe, on conçoit qu’il soit difficile d’en trouver vu que les artistes femmes sont alors rarissimes (il me vient Camille Claudel et Vigée Lebrun)

 

 

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Lutteurs d'Alexandre Falguière (1875)

Musée d'Orsay à Paris

 

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Raymond Voinquel Michel-Ange 1942

 

 

Post-scriptum Femmes nues : la vie d’Adèle

 

Ma mère a adoré le film d’Abdellatif Kechiche. « T’as pas trouvé des longueurs, il paraît que les scènes de cul sont interminables ? » lui ai-je demandé un peu surpris - Du moins est-ce ce que m’a dit Natacha (goudou) qui s’est endormie devant à plusieurs reprises. « Pas du tout, à aucun moment (...) » m’a répondu ma mère sans hésiter. Quant à mon père, lorsqu’elle lui a demandé son avis, il a seulement répondu : « Il y avait de très belles fesses ». 

Du coup, je me demande si ma mère n’est pas un peu lesbienne sur les bords :-)

 

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Les selfies,  nouvel art de l'autoportrait Les Inrocks de nov. 2013

 

 

Brigitte Fontaine L'homme Objet (1968)

 

 

Heimat 1. chronique d'un rêve et 2. L'exode d'Edgar Reitz

 

 

 

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #expos, #culture gay, #mâlitude,, #XX, #ciné-séries

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