spectacle

Publié le 14 Septembre 2006

L'agenda chargé d'un couple de pédés croisés par Mireille dans un hôtel-club de Marrakech

 

 

Bronzing au bord de la piscine – déjeuner – bronzing au bord de la piscine – musculation – se faire beau pour la soirée – dîner – marché de nuit (selon eux, on y trouve tout ce qu’on désire, y compris de très jeunes garçons).

 

La Forêt d’Alexandre Ostrovski (1823-1886) à la Comédie Française , mise en scène de Piotr Fomenko

8/5/3

 

 

Merci Paulo de me sortir au théâtre. Après Le dindon de Feydeau, qui nous a si bien diverti, nouveau rendez-vous dans cette magnifique annexe du Palais Royal. Un premier rang de la corbeille pour Géraldine et moi, un deuxième rang d’orchestre pour Sophie et Paul. Derrière eux, par le plus grand des hasards, un cousin de Géraldine en compagnie d’une vieille dame plutôt forte, au carré blond patiné. « C’est une de nos vieilles actrices, me dit Géraldine, comment diable s’appelle-t-elle ? » Je tente un «Danièle Darrieux ? – Non pas elle, l’autre ! Quand je pense que j’ai dîné plusieurs fois avec elle ». C’était Micheline Presles.

A l’entracte, nous nous rendons au bar du premier magnifiquement décoré, une porte-fenêtre est ouverte : elle donne accès au balcon qui fait le tour du bâtiment. Je m’y rue en abandonnant un peu brutalement Géraldine. Accoudé sur la rambarde, j’y fume lentement une cigarette. L’air est doux, le ciel dégagé, le jour laisse peu à peu place à la nuit. Soudain , tous les lampadaires de la place en contrebas s’allument et je me revois là, sur cette place, au petit matin, héler un taxi. Je m’y engouffre avec un garçon, celui avec lequel je vais enfin faire pour la première fois l’amour. Il m’a séduit « au Club 18 » rue du Beaujolais, ma première boite homo. Il y a bientôt 20 ans.

Je rejoins Géraldine à l’intérieur qui tient à la main un verre de vin blanc. Elle me dit à voix basse : « C’est incroyable le nombre de liftings qu’il y a ce soir ! ». En rejoignant nos places, elle me signale la présence d’un ponte de la télévision, dont elle a une fois de plus oublié le nom.

 

Et cette pièce, de quoi parle-t-elle ? Du théâtre, des acteurs, du mépris dont ils font l’objet dans la société aristocratique russe, mais ce n’est pas ce qui m’a enchanté -A dire vrai, le théâtre qui parle de lui-même, tout comme le film qui traite du cinéma, ça m’a toujours plus ou moins fait chier-. Une fresque sociale ? Une peinture de mœurs ? Sans aucun doute. Mais ce qui m’a touché, c’est surtout de voir cet homme mûr succomber à la tentation de séduire le jeune fils d’une amie qu’il destinait à sa nièce qu’il héberge. Lui qui jusqu’alors ne pensait qu’à conclure la vente d’une nouvelle parcelle de la forêt pour fournir une dot à cette dernière et pouvoir ainsi la marier à ce garçon, lui dont le prochain devoir était de rédiger son testament, le voici qui, oubliant soudain son âge, minaude sans vergogne. Le jeune homme, qui depuis son renvoi du collège ne pouvait compter que sur une union profitable pour s’assurer un avenir, répond sans états d’âme à ses avances.

 

Dans la pièce le Maître est une femme, Raïssa Gourmyskaia qui épouse donc le jeune Axioucha. Eros l’ayant rendu jaloux et égoïste, elle chasse sa nièce qui pourrait devenir une rivale, sans même lui donner la somme d’argent exigé par le moujik pour la laisser convoler avec son fils avec qui elle a une liaison. Elle en fait de même avec son neveu à qui il refuse sa part sur héritage au motif qu’il est devenu un acteur de province. Quant à Axioucha, il abuse déjà de son nouveau statut de maître.

Une histoire où les jeunes sont inféodés aux vieux qui possèdent l’argent et le pouvoir mais où les jeunes ont parfois une carte à jouer, celle de leur jeunesse, de leur énergie et de leur beauté.

 

Libération sexuelle

11/5/03

 

 

Dans 20 ans, dans un article donnant « Treize bonnes raisons de ne pas coucher » : «Le Sida a foutu un blues énorme et une appréhension bien justifiée. Mais il n’y a pas que le Sida ! L’hépatite B, l’herpès, les gonocoques, et même la syphilis, qui fait un come-back effroyable… Franchement, même avec un bon préservatif, un bon gel et une crème spermicide ultradouce, il faut être suicidaire pour tenter le diable. Bien maligne celle qui peut repérer le fou, l’inconscient et le naïf total, susceptible d’être porteur sans même le savoir… »

 

Cet article a fait hurler Patrick Thévenin de Têtu qui y voit « un discours alarmiste axé sur l’exclusion des séropos » ( ?) Même hystérie chez les Panthères Roses (mais elle, c’est leur registre habituel), qui en réaction ont fait la promotion du sexe en distribuant capotes et gel à la sortie de lycées parisiens, ce qui a provoqué le mini scandale auquel on pouvait s’attendre. 

Toujours le même déni du risque dans cette volonté de maintenir intacts les acquis de la révolution sexuelle ! Qui l’eut cru ? Je suis en phase avec un journaliste du journal 20 ans !

Alors comment se défaire du regret de ne pas avoir aimé avant le Sida ? Surtout pas en lisant Tricks de Renaud Camus (une sélection de 46 rencontres sexuelles joyeuses au cours de l’année 1978). Ou dans ce cas en n’oubliant pas qu’il a eu énormément de chance de ne pas y laisser sa peau…Peut être en se disant que ce pourrait être pire…

 

…Une photo dans Libération du 7/5/3 - Sur un plateau TV à Hong Kong, deux hommes et une femme discutent autour d’une tablette de salon. Tous trois portent un masque chirurgical. La femme prend des notes, la journaliste sans doute. Les deux hommes ont l’air décontractés, bien calés dans le dossier de leur fauteuil, les deux mains posées sur leurs jambes croisées. Dans leur ville, prés de 200 personnes sont déjà mortes du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère ou pneumonie atypique). Quand une simple quinte de toux peut vous contaminer, tout contact physique avec l’autre devient en principe exclu.

 

Pourtant, comment résister à ce joli petit cul rebondi et cette belle gueule ? La belle gueule tourne la tête, il a senti ce regard qui le dévore. D’un coup d’œil rapide, le garçon jauge à son tour son admirateur. « Encore un vieux ! De beaux restes tout de même… » Pense-t-il tout en déplaçant discrètement sa queue qui s’est réveillée et le gêne. Lui aussi a faim. Il gratifie le dragueur d’un sourire enjôleur puis fait mine de ne plus s’en occuper. Pour peu de temps : il tourne de nouveau la tête vers lui. Ils échangent un sourire. Le beau petit lot se lève pour lui demander une cigarette, puis du feu. Il se penche vers lui. Dans l’échancrure de sa chemise, l’homme peut ainsi apercevoir un téton brun auréolé de quelques poils. Alors qu’il s’apprête à rejoindre sa table, l’homme lui offre à boire. Le garçon accepte sans réticence. A cet instant, une voiture démarre au bord du trottoir. Le garçon s’étrangle dans une quinte de toux, vire au rouge, puis au bleu. L’homme lui tape dans le dos mais il est pris à son tour d’une quinte de toux. La tempête achevée, les deux crachent et se mouchent bruyamment.

Finalement, le garçon avait oublié un rendez-vous urgent et l’homme a réglé son addition. En face, sur le panneau d’informations municipales, tourne en boucle un message invitant la population à porter un masque afin d’éviter au maximum le risque de contamination au SRAS.

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Rédigé par Thomas Querqy

Publié dans #culture gay, #spectacle, #sex

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