touriste

Publié le 25 Novembre 2006

 Exils

Le nombre des migrants irréguliers qui arrivent sur les côtes méridionales de l’Europe a atteint un niveau critique en 2006. L’Espagne a vu le nombre des arrivées dans les îles Canaries bondir de 4 700 en 2005 à environ 25 000 dans les neuf premiers mois de 2006 ; l’Italie a compté 16.838 arrivées cette année déjà, Malte en a enregistré 1 445 pendant les huit premiers mois de cette année et la Grèce a intercepté 900 arrivées par mer et arrêté 28 700 migrants irréguliers sur son territoire pendant la période allant de janvier à juin 2006 (Source : Conseil de l’Europe 3/10/6).

La majorité provient du continent africain majoritairement d’Afrique noire. Il s’agit d’hommes, le plus souvent jeunes (se pose désormais le problème du sort des mineurs), prêts à tout pour accéder à un sort meilleur (mise en jeu de leur vie, racket par les passeurs de toutes leurs économies) puisque l’immigration légale et même l’obtention d’un simple visa touristique leur sont en pratique interdits dans la plupart des pays occidentaux (Cf les propos de Bibi concernant les démêlés qu’il a eu avec sa femme angolaise).

S’il n’était pas mort en 2001, René Dumont, qui publia en 1962,  « l’Afrique noire est mal partie » aurait pu commenter «ça fait 45 ans que je vous le dis, on va dans le mur ».
Image stupéfiante d’un noir échoué sur une plage des Canaries, en train de reprendre conscience, à quelques mètres de la serviette de touristes blancs lézardant au soleil et faisant mine de ne pas l’avoir vu.

Autres exils, autre motif d’exil, épiphénomène certes, mais tout aussi dramatique au plan individuel. Celui d’homosexuels ostracisés par la société dans laquelle ils sont nés ou par leur propre famille, torturés ou menacés de mort et qui ont décidés de partir au Canada, où les étrangers persécutés en raison de leur orientation sexuelle peuvent prétendre au statut de réfugiés.
Pour autant, qu’il est long et aléatoire, le chemin qui conduit de la Jordanie, de la Jamaïque, du Brésil ou du Mexique, à cet « eldorado » du statut de réfugié dans le pays du grand froid.

Ce type d’atteinte aux droits de l’homme est rarement relayé dans l’opinion, merci PINK TV de diffuser le « Gloriously free » d’Ed Sinclair.

 

 

 

 

Mala noche de Gus Van Sant (1985)

7/10/2006
 
Un jeune homme, Walt, tient un drugstore dans un quartier pauvre de Portland : 
-          Je veux déguster Johnny Alonso, ce mexicain de LA. Il fait battre mon cœur à la chamade quand je le vois... Il dit qu’il a 18 ans mais il pourrait en avoir 16...Je veux le caresser, l’enlacer. Il a des suçons dans le cou (dit-il en tentant de les toucher)
-          c’est quoi ça ? Demande l’intéressé en reculant 
-          il aime les hommes, lui explique un client (...)
-          Je veux être ton ami, su amigo... Avec ses potes, il dort dans un hôtel borgne sur la 6. Il ne parle pratiquement pas anglais... Hé, je ne suis pas de l’immigration... Como se llama ?
-          Johnny Alonso.
-          Tu ne sais pas où dormir ?
 
 
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Toujours, Johnny refusera d’être « dégusté » par Walt, jamais Walt ne gagnera vraiment son amitié. L’histoire d’une rencontre qui n’aura pas lieu, l’histoire d’une lancinante frustration qui mine Walt.

Une histoire d’aujourd’hui : des clandestins qui n’ont pour seul capital que l’énergie, la débrouillardise et la beauté de leur jeunesse et qui mènent une vie dangereuse, un jeune homme qui assume sans honte son homosexualité. Leur rencontre socialement improbable, que le sexe peut rendre possible.

Le seul moyen pour Walt de se rapprocher un tant soit peu de Johnny est de se faire baiser par son compagnon d’infortune Pepper. Cette relation, vécue dans la honte par Pepper manifestement hétéro sera pour lui une nouvelle frustration et source d’un mal au cul récurrent.
 
Adaptation de l’unique roman écrit par Walt Curtis, né en 1941, auteur de plusieurs recueils de poèmes, traducteur de Neruda et de Garcia Lorca (son désir frustré pour les gitans sublimé en poésie), un récit autobiographique publié en 1977.
 
Premier film de GVS, contient en germe les suivants notamment l’amour impossible entre River Phoenix et Keanu Reeves dans My own private Idaho. Il est réalisé avec des bouts de ficelles (pour tourner de nuit, l’équipe recherchait les éclairages publics les plus forts), ce qui donne un film dans l’ensemble pénible à regarder car sous exposé, même si parfois le choix esthétique de ce noir et blanc est du plus bel effet.
 

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Casting : Si Walt, un certain Tim Streeter qui semble n’avoir rien joué depuis ce film, est irrésistible même s’il n’est pas spécialement canon quand il se déshabille, les deux garçons mexicains m’apparaissent presque dépourvus de grâce (ils font d’ailleurs plus vieux que l’âge qui leur est prêté) et la passion de Walt pour Johnny un peu incompréhensible, mais n’est-ce pas l’expérience banale de n’importe quel témoin de la passion d’autrui ?
 

Brèves de soirées

 

On a beau dire, on a beau faire. Quelles que soient les résolutions avant de commencer la soirée, comme dit la chanson : « boire un petit coup est agréable, boire un petit coup, c’est doux. », difficile donc d’y résister. 
Alors forcément, lorsqu’il commence à se faire tard, que les verres de vin se sont succédés, la mémoire se grippe et la qualité de la conversation en pâtit.

 

J’ai depuis quelques temps un alibi technologique qui fait toujours son petit effet :

 

-          Désolé, ma mémoire flanche de plus en plus depuis qu’Internet tend à la remplacer

 

Si je suis davantage parti en vrille :

 

-          Si je suis déconnecté, je n’ai plus aucune mémoire... Tu ne savais pas ? J’ai mis en ligne mon cerveau sur Internet.

 

En soirée, il est connu qu’alcool et tabac font bon ménage, l’un entraînant l’autre et vice-versa.

 

Depuis peu, chaque fois que je sors une tige, je me sens un peu moins coupable :

      -          t’as enlevé ton patch au moins ?

 

-          t’inquiète, j’ai rangé la boite pour quelques temps. T’en veux une ?

 

-          non merci, j’ai arrêté.

 

-          celles-ci ne font pas de mal, ce sont des clopes biologiques.

 

-          N’importe quoi !

 

-          si je t’assure, c’est la seule marque qui ne mêle pas au tabac et papier les agents de texture qui contiennent ou produisent les produits hyper toxiques comme le cyanure.

 

-          Tu sors ça d’où ?

 

-          Ben regarde la composition. Et va voir d’autres paquets... Des clopes bios, je te dis.

 

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De mauvais poils (caresse psychologique)

 

 

-          La calvitie n’est plus pour moi une disgrâce physique. Depuis bien longtemps. Il me suffit de me faire raser la tête par mon tamoul et je peux imaginer que je ne suis pas si différent de tous ces jeunes, qui le font pour marquer qu’ils sont de mauvais garçons ou pour faire semblant de l’être. Non, le problème, ce sont tous ces poils qui colonisent ma peau.

 

-          c’est affreux, ça va que c’est toi (Gab)

 

-          Le buste, passe encore, mais les épaules et le dos, ça c’est la disgrâce ! Bienheureux êtes vous d’être imberbes !

 

-          on porte d’autres croix (Goran)

 

-          en plus maintenant pour couronner le tout, ils blanchissent. Le pire étant de se trouver un poil blanc au pubis.

 

-          Je m’en arrache de temps en temps (Gab)

 

-          Moi aussi (Fernando)

 

-          qu’est-ce que tu crois que je fais ? Mais sur le torse, j’en ai trop désormais, pas moyen de les arracher. La seule chose qui m’empêche de plonger dans la déprime, c’est que tout cela pousse sur un corps dont je n’ai pas à avoir honte.

 

-          ça non, tu es vraiment bien foutu (Goran)

 

...

 

-          venant d’un sculpteur, ton compliment me va droit au cœur.

 

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La mort de Lady Diana : "The Queen", les sri lankais et les sans culottes

 

12/11/2006

 

« The Queen » de Stephen Frears : film magistral qui narre la crise qu’a connu la monarchie britannique lorsque la reine s’est obstiné durant un peu moins d’une semaine à vouloir traiter la mort accidentelle de son ex belle fille Lady Diana, comme une affaire strictement privée, et comment Tony Blair, qui venait d’accéder au pouvoir, tirera lui parti de cette affaire.

Une occasion de vouer aux gémonies des médias omnipotents, la sotte sensiblerie de la populace et l’inanité de la monarchie.

 

 

Et je me souviens....

 

Le 31 Août 1997, avant-veille de notre départ du Sri Lanka. Il nous faut remonter du sud de l’île vers le nord de Colombo, à Negombo où nous passons notre dernière nuit et journée.

 

Dans un bus bondé et bruyant, un garçon essaye d’engager la conversation avec Gabriel :

 

-          where’re you from? (D’où êtes vous ?)

 

-          from France. (De France)

 

-          Ohh! Something terrible happened in your country. Have you heard about it? (Quelque chose d’affreux est arrivé dans votre pays. En avez-vous entendu parler ?)

 

-          No, what? (Non quoi ?)

 

-          Lady Diana is dead yesterday in Paris (Lady Diana est morte hier à Paris )

 

-          What? (Quoi ?)

 

-          Lady Diana , the Princess of Wales, …is dead yesterday  in your country (Lady Diana, la Princesse de Galles,… est morte hier dans votre pays)

 

-          And so what? (Et alors ?)

 

-          It’s terrible! (C’est affreux !)

 

-          A thousand people die every day in the world, you know. (Gab) (Des milliers de personnes meurent chaque jour dans le monde, vous savez.)

 

-          But, Lady Diana… (Mais Lady Diana…)

 

-          We don’t mind! You know, in our country we killed the royals. (Moi) (On s’en fout ! Vous savez, dans notre pays on a tué la famille royale)
Mine sidérée de notre interlocuteur. On recommencera ce sketch à la réception de l’hôtel à Negombo.

 

 

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Pédagogie de la résolution de l'équation à une inconnue : Q ou X ?

 

Chaque promotion m’arrive traumatisée par les « maths » au point que, sauf de rares exceptions, les étudiants sont incapables de poser et résoudre une équation à une inconnue. J’ai beau leur avoir déjà montré la démarche, chaque fois qu’un problème de ce type leur est soumis, c’est de nouveau le blocage et, chaque fois, ils semblent la découvrir.

Une fois de plus la question s’est posée pour leur donner les moyens de trouver un seuil de rentabilité, quelle que soit la forme prise par les données.

Grand silence donc dans la salle après que je leur ai demandé d’exprimer la marge sur coût variable en fonction des quantités vendues que je propose d’appeler Q. Quelques minutes après, Nuwas au premier rang, lève le doigt et prend la parole :

 

-          je crois que j’ai trouvé, enfin, je ne suis pas sûr... 100 000

 

-          je ne peux vous dire si c’est juste, je n’ai pas fait le calcul, donnez nous plutôt votre démarche. Alors comment avez-vous exprimé la marge sur coût variable en fonction des quantités vendues Q que l’on recherche ?

 

-          en fait, je n’ai pas utilisé Q, mais X

 

-          très bien, va pour X, si vous préférez.  Nous vous écoutons

 

Un tantinet lassé par cette routine, je commence à écrire distraitement « Q » au tableau.

 

-          X multiplié par (prix de vente – coût variable unitaire)

 

-          trèèès bien Nuwas

 

-          pas Q, mais X, me corrige-t-il

 

-          c’est la même chose, vous appelez X, ce que je désigne par Q, dis-je dans un sourire

 

La salle s’illumine à son tour de quelques sourires

 

-          moi c’est le Q, vous le X,  tous deux parlons de la même chose, non ? Mon Q ou votre X sont une manière de nommer l’inconnu que nous recherchons, continué-je en riant de plus en plus franchement.

 

La salle est soudain très détendue.

 

-          bref, X multiplié par (prix de vente – coût variable unitaire) est égale à quoi Nuwas ? ...À mon âge, je ne devrais pas rire de telles sottises, dis-je en reprenant avec peine une mine de circonstance.

 

-          26 000

 

-          très bien, Et à votre avis que représente ce qui se trouve dans la parenthèse, comment cela s’appelle-t-il ?

 

 

 

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