libertes

Publié le 6 Avril 2022

Guillaume Herbaut - La Ve
Guillaume Herbaut - La Ve

 

Le meilleur argument contre la démocratie est une conversation de cinq minutes avec l'électeur moyen. [...]
La démocratie est le pire des systèmes, à l'exclusion de tous les autres.[...]

Winston Churchill

 

La politique, c’est connu, n’est pas un bon sujet de conversation : entre ceux qui ne veulent pas en entendre parler et le risque de clash suite à de profonds désaccords (nos préférences engagent nos convictions, nos valeurs, nos croyances, et ainsi émotions et passions), prudence ! Au mieux, on communiera donc sur ce sujet avec ceux que l’on connaît bien et qui partagent nos convictions, et avec les autres, on pourra toujours casser du sucre sur les politiques, sans gros risque de dissensus.

En effet, depuis le début des années 1980, la société française se distingue de celles de la plupart des autres pays européens par son haut niveau de défiance à l’égard des institutions, en premier lieu, politiques, mais aussi par son faible niveau de confiance interpersonnelle. Depuis, cette défiance n’a cessé de s’accroître.

Avec l’interminable crise du Covid-19, il y a fort à parier que l’idée de corruption des élus et des élites, par le « grand capital » et la pègre, aient fait un bond en avant, et pour ceux qui confondent fiction et réalité, ce n’est pas « The Batman » réalisé par Matt Reeves, qu’ont encensé les journalistes du Masque, qui les fera changer d’idée.

 

Robert Pattinson dans "The Batman" réalisé par Matt Reeves
Robert Pattinson dans "The Batman" réalisé par Matt Reeves

 

Plus grave, et pas seulement en France, on observe « un affaissement généralisé, chez les citoyens, de l'attachement à la démocratie », surtout chez les jeunes. Ainsi, dans la grosse étude mondiale à laquelle je me réfère, 38 % des moins de 35 ans, appelaient de leurs vœux « un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement, ni des élections » (la question est aussi dans la boussole présidentielle conçue par le Cevipof-Sciences Po), 68 % étaient tentés par un gouvernement des experts, tandis que 31 % verraient bien l’Armée diriger le pays. Toutefois, la plupart des personnes interrogées restent tout de même attachées aux libertés garanties par les démocraties. Ouf !

L’étude a été réalisée en 2019, les résultats seraient-ils différents après la «crise du Covid » durant laquelle nous avons connu à la fois le gouvernement de « l’homme fort » et d’« experts » en lien plus ou moins net avec l’épidémiologie, qui a transformé le pays en « Absurdistan ».

Eh oui les cocos, il y a une grosse contradiction dans vos aspirations : les libertés, ça ne dure jamais avec un pouvoir « fort » sans contre-pouvoirs. Ça fait sens pour vous ? On pourrait évoquer Orban en Hongrie qui en mettant à sa botte médias et institution judiciaire, remporte son 4e mandat ou le PIS en Pologne, mais Poutine offre le meilleur exemple : un type qui n’a pas connu une seule fois une contradiction ou seulement une objection depuis plus de 20 ans (il a méthodiquement écarté, fait enfermer ou assassiné la moindre voix critique), succombe inévitablement à la paranoïa, au syndrome d’hubris et à la catastrophe qu’il a déclenché avec son « opération spéciale » en Ukraine (Humour noir soviétique du moment : « Afin de se mettre en conformité avec les exigences de Roskomnadzor [le gendarme russe des communications], le livre de Léon Tolstoï Guerre et Paix a été renommé Opération spéciale et haute trahison. »).

 

Poutine en Staline par Kemo
Poutine en Staline par Kemo

 

Je conçois que la realpolitik a ses raisons, mais ce fut pathétique que de voir ces candidats de l’extrême droite à l’élection présidentielle, Zemmour et Le Pen, mais aussi de l’extrême gauche, Mélenchon, ramer pour accommoder leur bienveillance voire leur admiration pour le tyran russe et leur rejet de l'OTAN, en se ralliant plus ou moins vite à la protestation générale, tout en relayant la propagande russe.

Pourquoi vous parlais-je de ça ? Parce que j’ai réalisé que dans une semaine, c’est déjà le premier tour de l’élection présidentielle et que je suis de nouveau en panique totale : je ne sais tellement pas pour qui voter que j’ai peur de mal voter.

 

A l'Hélix Academy, c'est vachement plus facile de voter. Quoique...
A l'Hélix Academy, c'est vachement plus facile de voter. Quoique...

 

Il y a cinq ans, pour une fois, j’avais trouvé le choix fastoche : Macron se présentait comme le meilleur candidat, intelligent, de l’énergie à revendre, politiquement bien au centre pour une France qui vote majoritairement à droite, à la hauteur avec un programme et des soutiens dans l’ensemble adaptés au système économique capitaliste mondialisé qui est le nôtre. Un quinquennat plus tard, j’hésite vraiment à lui redonner mon suffrage. Non pour ses promesses non tenues, les plus nécessaires ont été empêchées de l’être en raison de l’enchaînement funeste des mouvements sociaux « des gilets jaunes », puis « contre la réforme des retraites » interrompue par l’interminable pandémie de Covid 19...

Fin janvier, je menaçai de ne pas lui donner une deuxième fois mon suffrage s’il ne nous débarrassait pas très rapidement des masques et du passe sanitaire. Ce fut chose faite encore plus rapidement que je l’espérais « grâce » à l’invasion de Poutine en Ukraine. Pourtant, récemment, il m’est venu à l’esprit que Macron pouvait à son tour être pris d’hubris si on le reconduisait, et puis cette constitution qui personnalise le pouvoir suprême et fait du parlement une chambre d’enregistrement, ce n’était plus possible, c’est le degré zéro de la maturité en politique.

C’est ainsi que je me suis trouvé le jour de l’anniversaire surprise de Colette organisé par ses enfants, à suggérer aux invités ne sachant pas pour qui voter, de se laisser tenter par «le vote compassionnel »,… voter pour Hidalgo à la peine avec ses 2 % d’intentions de vote (j’avais lu ça quelques heures avant dans le Nouvel Obs, ça m’avait fait marrer), en ajoutant à l’adresse des copains de « gôche » que j’avais viré de nouveau ma cuti, j’allais voter pour la fin du régime présidentiel, pour la VIe République de Méluche et "sa France insolite".

Sébastien Tellier - Odyssée (Soulwax Remix)

 

Jusqu’à dimanche dernier, où j’ai regardé les chiffres des derniers sondages, fait une revue d’articles sur le web du bilan du président sortant, et consulté ma politologue favorite, ma mère, 82 ans, au taquet.

Du côté de ceux qui ont une parole visible sur le web, les bilans du quinquennat Macron sont en général très sévères, trop radicaux pour être honnêtes, la palme revenant à Médiapart. C’est le prix à payer du gouvernement d’un seul homme, vertical, jupitérien : la critique, comme le pouvoir est personnalisée, le besoin de haïr tient son bouc émissaire.

Les instituts de sondage donne toujours Macron en tête au premier tour devant Le Pen et Mélenchon, mais avec une tendance à la baisse pour le premier et à la hausse pour les deux autres, et des écarts pas si importants (voir aussi les résultats du sondage Ipsos&Sopra Steria du 6/4/22) .

Or, depuis quelques années, les instituts de sondages se plantent régulièrement du fait d’une opinion de plus en plus difficile à mesurer. L'abstention historique annoncée, la volatilité électorale et l’incertitude autour du vote utile à quelques jours du scrutin, rendent tout à fait possible des surprises.

Est-il vraiment raisonnable de voter Méluche dans l’espoir de le faire passer devant Le Pen, et d’obtenir ainsi la confrontation de second tour la plus intéressante ? Ça m’a instantanément rappelé 2002, où je m’étais fait plaisir en votant Chevènement, contribuant ainsi à l’éviction de Jospin et au face à face de second tour Chirac-Le Pen père. D’ici, qu’on se retrouve avec Le Pen fille et Mélenchon ! Horreur, malheur !

Comme pour me convaincre d’oublier le choix Mélenchon, j’ai fait une brève recherche pour savoir qui étaient les députés de La France Insoumise, leur occupation professionnelle antérieure, leurs soutiens, pour rapidement me dire : s’ils sont tous comme Ruffin, dont j’avais pourtant beaucoup aimé le docu « Merci Patron », cela va sérieusement m’énerver. LFI, pourquoi pas, mais dans l’opposition, voire à l’essai sur des mandats locaux.

 

Oubliez ! Non, je vous assure que ce n'est pas le sex pic d'un député de LFI !
Oubliez ! Non, je vous assure que ce n'est pas le sex pic d'un député de LFI !

 

Je ne suis pas parvenu à convaincre Gabriel de mon choix : pour lui, ce sera le candidat de "La France Insolite". Quand je mets bout à bout les résultats des trois quiz auxquels j’ai répondu, je me dis que j’aurais pu m’épargner toute cette gamberge.

 

L’application Elyze

Le Quiz du Monde : de quel candidat êtes-vous le plus proche ?

 

La boussole présidentielle conçue par le Cevipof-Sciences Po

 

Gaspard Proust à la soirée de "Valeurs Actuelles"

1945 : Les Françaises votent pour la première fois

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